Finie la vente des journaux dans les seuls kiosques, maisons de la presse et autres marchands. Désormais, “canards” et “mag’” se vendent aussi dans les grandes surfaces, chez le boulanger, l’épicier, dans des distributeurs automatiques… et même à la FNAC.
Première à prendre cette initiative en France, la FNAC de Lille a ouvert en mars dernier un espace de presse. Baptisé Fnac presse, cet espace de distribution de journaux propose 3200 titres, quotidiens et magazines, français et étrangers.

En deux ans, la vente au numéro de magazines a chuté de 10%, celle de quotidiens de 6%. De plus en plus de kiosques ferment. En 10 ans, le nombre des points de vente est passé de 33540 à 29274. Cela représente un point de vente pour 2.000 habitants, alors qu’on en trouve 1 pour 1.000 en Grande-Bretagne et 1 pour 800 en Allemagne selon les chiffres de l’Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP).
La concurrence des quotidiens gratuits (Métro, 20 minutes), le prix des journaux, l’expansion d’Internet, la prédominance de l’audiovisuel, sont autant de causes qui ont entraîné une baisse des ventes de journaux et la fermeture de nombreux diffuseurs. Il faut ajouter à cela la détérioration des conditions de travail et de rémunération des marchands de journaux (ils touchent 13% à 15% du prix de chaque numéro vendu).

Alors que l’on assiste à une diminution considérable du nombre de points de vente, de nouveaux “espaces de presse” apparaissent progressivement.
L’affectation de journaux et magazines dans des endroits inhabituels est un phénomène qui tend à s’amplifier. Les quotidiens, surtout régionaux, ont droit à leur présentoir dans des lieux dont l’activité ne consiste pas, à l’origine, en la vente de journaux. Le boulanger n’est plus seulement fournisseur en pain, pâtisseries et bonbons, il propose aussi le journal. Ainsi, le lecteur n’a plus à faire la démarche d’aller au magasin de presse. Et sera peut-être séduit par le “canard” disposé près de la caisse qui lui “fait de l’œil” quand celui-ci paie sa baguette.
Alors solution à la crise de la presse écrite française? Moyen pour relancer la vente?
C’est du moins une des alternatives sur laquelle planchent et réfléchissent les représentants du secteur de la distribution de la presse.

Un secteur de la distribution qui encourage insuffisamment la vente

Quand la presse se porte mal, c’est tout un réseau d’acteurs intégrés dans un circuit (éditeurs, dépositaires, messageries, diffuseurs, etc.) qui est touché.
C’est pourquoi, depuis la rentrée, le secteur de la distribution de la presse aborde une nouvelle phase de réformes de fond.

Jeudi 26 octobre, le conseil de gérance des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) a examiné un projet de « plan stratégique ». Plan qui devrait avancer des solutions à la problématique de la baisse générale de la diffusion de la presse en France.
«L’objectif pour 2010 est d’atteindre 33 000 points de vente de presse traditionnels, de proximité, soit environ 5 000 de plus qu’aujourd’hui» a annoncé le président du CSMP (Conseil supérieur des messageries de presse) et de la Coopérative des quotidiens de Paris lors d’une conférence de presse du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) le 23 octobre dernier*.

Ce syndicat a passé un accord avec les NMPP afin de multiplier les points de vente quotidiens (PVQ) dans des stations-service, des bureaux de tabac et autres lieux de proximité. L’objectif serait d’en ouvrir un millier d’ici un an.
Quant au Syndicat de la presse magazine et d’information (SPMI), il propose une concertation entre les distributeurs et les représentants du monde du tabac, des jeux et du PMU, qui exploitent nombre de points de vente de proximité en France. Il propose aussi de créer des points de vente spécialisés (bricolage, décoration, jardinage, cuisine…).
L’objectif est de désencombrer le réseau de kiosques généralistes, où l’abondance de journaux entraîne «l’absence de visibilité des titres et la démotivation des vendeurs», souligne le syndicat*.

Le ministre de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de Vabres, a par ailleurs annoncé, lors d’un dîner de presse organisé par le journal L’Humanité, que «l’effort exceptionnel», en faveur de la presse écrite, serait «poursuivi en 2007», soit un budget de 278 millions d’euros.

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* citation du site Le Monde.fr dans l’article « La presse veut multiplier les points de vente de proximité » paru le 31 octobre 2006.