À Toulouse, la journée internationale des droits des femmes a été marquée par une forte mobilisation. Ce 8 mars 2024, 8000 personnes se sont rassemblées selon le syndicat Solidaires.

C’est au son de la batucada que plusieurs milliers de personnes ont défilé vendredi 8 mars, à Toulouse, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Parti vers 14h du square De Gaulle, derrière le Capitole, le cortège s’est dirigé vers Esquirol avant d’arriver à la prairie des filtres, le long de la Garonne aux alentours de 18h.

Une manifestation d’abord marquée sous le signe de la fête. Les militantes chantent, dansent et célèbrent ensemble la victoire de l’inscription de l’IVG dans la Constitution. « Je suis tellement heureuse d’être là, ça me remplit de joie », explique émue, Denise, 77 ans, au départ du cortège. Elle poursuit : « on a toujours assigné les hommes à des rôles dominants, mais c’est en train de changer et je suis là pour ça. »

Un sentiment partagé par d’autres. Alba a 22 ans, elle est étudiante et pour elle, le 8 mars est une journée importante car « c’est l’occasion de se rassembler, de faire preuve de solidarité féminine, mais aussi de passer un bon moment, de chanter et de danser ». Elle ajoute : « être là aujourd’hui après l’inscription de l’IVG dans la Constitution, ça a quelque chose d’encore plus fort, on a vraiment envie de fêter ça. »

Une journée sous le signe de la lutte

Mais il y aussi celles qui rappellent les incohérences du gouvernement : « l’inscription de l’IVG dans la Constitution, c’est une bonne chose, mais c’est une goutte d’eau, une petite caresse pour nous dire que c’est bon, parce qu’à côté, notre président défend Gérard Depardieu », lâche Anna, 25 ans, étudiante en communication. En effet, l’acteur Gérard Depardieu, mis en examen pour viols, avait reçu le soutien du président de la République, Emmanuel Macron, dénonçant  « une chasse à l’homme ».

Pour Camille, le gouvernement n’agit pas suffisamment : « depuis qu’Emmanuel Macron est président, il y a eu 900 féminicides, 900 femmes tuées, 900 vies volées. Alors l’IVG c’est bien, mais il faut faire plus pour protéger les femmes. » Pour rappel, le gouvernement a consacré en 2023 184,4 millions d’euros, soit 0,4 % du budget de l’État, dont 12,7 millions d’euros contre les violences sexuelles hors couple. Un budget jugé insuffisant pour Aurélie, militante au sein du collectif  #NousToutes : « ce qu’on demande, c’est 2 milliards d’euros pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, il nous faut des moyens pour agir sur le terrain », lance-t-elle.

« Nous sommes fortes, nous sommes fières, féministes et radicales et en colères »

Dans le cortège, les violences faîtes aux femmes ou encore la libération de la parole faisaient également partie des sujets porteurs. « Range ton zizi », pouvait-on lire sur une pancarte à Toulouse. Élodie, 32 ans, était là « pour remercier et soutenir les femmes du monde du cinéma qui ose briser le silence », mais également « toutes celles qui parlent et qui font avancer le combat féministe ».

Morgane, 19 ans, étudiante en art, tenait une pancarte où il était écrit « Merci Judith, merci Adèle ». Ces deux actrices ont dénoncé les violences sexistes et sexuelles qui existent dans le cinéma et la complaisance du milieu envers les agresseurs. « Je voulais tout simplement leur dire merci, car leurs paroles vont en libérer beaucoup d’autres, c’est super important et très courageux », témoigne Morgane.

Solidarité avec « les femmes palestiniennes »

Dans le cortège toulousain figure aussi le Comité de soutien à la Palestine, qui rassemble plusieurs associations, tel que le Collectif Palestine Vaincra ou encore Révolte Décoloniale. Pour ces militantes, la journée du 8 mars ne pouvait pas se dérouler sans manifester leurs soutiens aux femmes palestiniennes. « C’est important pour moi d’être là, car le combat féministe n’est pas compatible avec un projet de colonisation », explique Julie, une manifestante. En effet, l’ONU a ouvert une enquête après des accusations d’exécution et de viols par les forces israéliennes contre les femmes palestinienne à Gaza et en Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, au moins deux mères sont tuées toutes les heures selon l’Alerte Genre de l’ONU Femmes

Les manifestantes ont scandé des slogans tels que « les sionistes ne sont pas féministes », ou encore « Toulouse antisioniste ». Une manière d’exprimer leur solidarité avec la lutte des femmes palestiniennes. Pour beaucoup de féministes, cette lutte est indissociable des combats émancipateurs.

Crédit photos : Vanessa Abadie