Ce jeudi 11 janvier 2024, au Palais de justice de Toulouse, un homme est condamné en comparution immédiate à une peine de deux ans de prison pour des violences conjugales répétées. Le juge a dépassé les réquisitions du procureur.

« Rien à foutre ! » Ce sont les mots du condamné quand le juge lui demande si les obligations liées à sa détention et son suivi socio-judiciaire lui sont claires. L’homme dans le box était poursuivi pour des faits de violence conjugale de janvier 2023 jusqu’à son arrestation le 3 décembre dernier. Il vient d’être condamné à deux ans de prison ferme, alors que le procureur ne réclamait que dix-huit mois de prison dont cinq mois avec sursis.

Lors du procès, le juge détaille tous les éléments qui attestent de violences répétées pendant des mois envers sa compagne : les témoignages des amis de la victime, les passages aux urgences, les plaintes des voisins, les insultes répétées, les scènes de jalousie sur son lieu de travail ou encore les photos retrouvées sur le téléphone de la victime, montrant hématomes, coquards et entailles.

« Je suis amoureuse de lui »

Pourtant, quand elle passe à la barre, elle n’accable pas son compagnon, elle continue de minimiser comme elle l’a fait durant un an. « Ce jour-là, il m’a donné un coup de poing, mais c’était pas vraiment un coup de poing ». D’ailleurs, si son compagnon a été arrêté le 3 décembre dernier, ce n’est pas elle qui a prévenu la police, mais c’est grâce à la plainte d’une de ses amies. La police la retrouve finalement groggy dans un restaurant McDonald’s, le visage marqué par les coups.

Plus d’un mois après, la jeune femme semble encore sous son emprise, et elle l’avoue : « Je suis amoureuse de lui ». Le juge et le procureur l’assaillent de questions dans le but de lui faire prendre conscience de son statut de victime. Pendant un instant, c’est elle qui semble être l’accusée. Mais la stratégie semble fonctionner. Elle est acculée et commence à acquiescer face à leur entêtement. Le juge dévoile qu’elle a fait une fausse couche l’été dernier, probablement dûe aux nombreux coups reçus. Ce qu’elle réfute. Ce n’est pas retenu contre l’accusé, faute de preuves. La nouvelle glace le sang des personnes présentes dans l’audience.

« Je suis inquiet pour l’intégrité physique de madame »

Pour le procureur, c’est un « dossier emblématique sur les violences faites aux femmes ». Il rajoute : « si par miracle, il était libéré avec une interdiction de rentrer en contact avec la victime, je ne donne pas dix jours avant qu’ils ne se revoient. Et je suis inquiet pour l’intégrité physique de madame ».

De son côté, l’homme de 29 ans, qui rejetait toutes les accusations lors de son interpellation, a totalement changé de disque. « Tout ce qu’elle dit, c’est vrai. J’avoue tout ». Quand on lui demande la raison de tant de violence, il tente d’expliquer : « J’ai un problème avec la jalousie et je suis trop impulsif, je pense. J’ai demandé à voir un psychologue en prison. Je lui demande pardon ». L’accusé semble sincère. Les juges se retirent pour délibérer.

Chassez le naturel …

Pour le juge, les faits sont trop graves. Il alourdit la peine requise. Deux ans de prison ferme non aménageables et un suivi socio-judiciaire pendant trois ans avec une obligation de soins à sa libération. Pour les proches dans la salle d’audience, c’est la stupeur. L’homme évite le regard du juge pendant l’énoncé du jugement et semble à deux doigts d’exploser. Il finit par taper de colère dans la vitre du box des accusés.

Ses proches présents dans la salle lui demandent de se calmer pour ne pas envenimer la situation. Il tarde à signer les papiers du jugement qu’il lit longuement, ce qui agace profondément le personnel pénitentiaire autour de lui, qui finit par le bousculer pour le sortir du box. Il voulait encore un peu profiter. Deux ans c’est long. Ça lui laisse le temps pour travailler sur sa jalousie et son impulsivité.