Le « bonus réparation », entré en vigueur début novembre 2023 pour les chaussures et les textiles permet au consommateur d’obtenir une réduction sur les réparations faites auprès des cordonniers et des couturiers labellisés par le programme. Après deux mois de mise en application, des artisans toulousains en dévoilent les avantages et les inconvénients.

Le dispositif « bonus réparation » permet au client d’avoir une réduction de sa facture quand il fait réparer un vêtement chez un couturier ou bien des chaussures chez un cordonnier labellisé. Quand le client paie la prestation, un montant de sept à vingt-cinq euros déjà prédéfini est automatiquement déduit en fonction du type de réparation demandée. Début janvier 2024, ce sont 716 commerçants agréés qui participent à ce programme à travers toute la France, dont vingt-sept dans la région toulousaine.

Une fréquentation en hausse

Mis en place il y a deux mois dans toute la France, les premiers résultats sont visibles auprès de certains artisans toulousains labellisés, comme Nicolas Fouassier, gérant de Gentleman Couturier aux Carmes. Il explique qu’il a vu son chiffre d’affaires augmenter « de 54% en novembre dernier par rapport au mois de novembre de l’année précédente », mais que ces bons résultats s’expliquent aussi parce qu’il a « fait chaud jusqu’en octobre et que les gens sont venus faire réparer leurs vêtements d’hiver très tard et au même moment ».

Le magasin Sabine Couture, quartier des Arènes, a vu sa fréquentation augmenter grâce au « bonus réparation », ce qui lui a permis de fidéliser une nouvelle clientèle. À l’inverse, chez certains, ,il y a eu « un effet d’aubaine », explique Sabine : « des clients habituels ont eu le plaisir d’avoir une réduction sur leur facture. Ils n’avaient pas entendu parler de ça ».

Une charge de travail supplémentaire

Il y a bien eu « une hausse de la fréquentation », affirme Clément Fabries, propriétaire de la cordonnerie Risole, quartier Saint-Cyprien, elle aussi labellisée. « Mais ce bonus rajoute une charge de travail au sein d’une activité où il y en a déjà beaucoup, ça ne rajoute pas d’argent », explique-t-il. Cette nouvelle charge de travail est évaluée à « une heure par jour, mais pas forcément tous les jours », par Nicolas Fouassier de Gentleman Couturier. Elle consiste à envoyer via une application une photo ainsi qu’une facture pour chaque réparation effectuée.

Selon Clément Fabries, « la cordonnerie est un secteur très vieillissant, peu attirant pour la nouvelle génération alors qu’il y a pourtant beaucoup de clients et du travail pas suffisamment rémunéré. Une grande majorité des cordonniers ont plus de 50 ans voire 60 ans ». Pour un autre couturier-tailleur qui n’est pas labellisé, rue Jean Rieux, même son de cloche : « Je ne veux pas me rajouter du travail, j’en ai suffisamment comme ça », avant de couper court à la conversation. Il ne souhaite pas du tout entendre parler du sujet.

Cependant, pour Sabine Couture, « Il faut aussi jouer le jeu si l’on veut que les gens prennent de plus en plus l’habitude d’effectuer des réparations. S’il n’y a pas suffisamment de commerçants qui participent, ça ne va pas donner envie aux gens de faire réparer leurs vêtements ».

D’autres alternatives plus adaptées selon les commerçants

Qu’ils participent ou non au bonus réparation, les cordonniers et les couturiers préfèreraient des alternatives qui les aideraient davantage à développer leurs activités. La boutique De Fil en Aiguille ne participe pas au programme à cause de la nouvelle charge de travail. Elle estime qu’il « faudrait un système comme les tickets restaurants », qui permettrait à tout le monde de faire réparer des vêtements ou des chaussures ; ou bien que ce soit « à la charge du client de réclamer un remboursement de la prestation », après la vente, et pas au commerçant de réclamer la différence manquante.

Pour Clément Fabries, il serait surtout nécessaire de baisser la TVA pour amortir les charges sur les artisans. En ce sens, un rapport a été remis le 21 novembre dernier au ministre du travail Christophe Béchu, qui a déclaré que « la transition écologique ne se fera pas sans transition fiscale ». Ce rapport préconise une baisse de la TVA à 5,5% pour les réparations de vêtements et d’électroménager au lieu des 20% actuels, ce qui permettrait au secteur de la réparation de trouver une rentabilité et une stabilité.