En ces temps de confinement, la période est difficile pour tout le monde. Le monde du sport est particulièrement impacté. Annulations ou suspensions de compétitions en séries rythment l’actualité sportive des dernières semaines. Pour faire face à ce vide, quoi de mieux que de se replonger dans les archives et dépoussiérer les exploits sportifs du passé. Univers Cités, vous propose chaque jour de revenir sur un événement ayant marqué l’histoire du sport.

Alors que les autorités de son pays ne le souhaitaient guère, Sadaf Khadem est devenue le 13 avril 2019 la première boxeuse iranienne à disputer un combat professionnel à Royan. Un moment clé pour la jeune femme de 24 ans. Mais en se battant contre les interdits et les stéréotypes iraniens, ce combat lui a valu certes la victoire, mais aussi un aller sans retour pour la France.

C’est en Charente-Maritime, dans la ville de Royan, que Sadaf Khadem a franchi une grande étape dans sa vie sportive mais aussi personnelle. Ce jour-là, elle est entrée sur le ring pour disputer son premier combat professionnel. Elle s’est préparée à ce grand jour avec beaucoup de détermination  : « J’ai fait beaucoup d’efforts pour donner à cette occasion le meilleur de moi-même », a-t-elle confié à RFI la veille du combat. Et ce ne fut pas en vain, car l’iranienne est repartie vainqueure en battant la boxeuse française Anne Chauvin. Cette étape sportive lui a alors apporté toute la reconnaissance qu’elle méritait. Malheureusement, cela ne fut pas au goût de tout le monde, et encore moins de son pays d’origine, l’Iran. Ce dernier autorise les femmes à participer à des compétitions sportives internationales mais seulement sous certaines conditions. Des conditions que Sadam Khadem n’a pas respectées.

 

Après ce combat, Sadam Khadem n’a alors jamais quitté Royan. Malgré sa victoire lors de ce match international, elle et son entraîneur, le franco-iranien Mahyar Monshi champion du monde de boxe anglaise, n’ont pas pu prendre leur vol retour : un mandat d’arrêt avait été délivré contre eux. Tandis que l’entraîneur est accusé de complicité, la boxeuse a quant à elle atteint les limites des libertés qui lui sont accordées par l’Iran. Il est en effet interdit pour les femmes de pratiquer un sport et s’exposer en public avec les bras et les cheveux découverts, mais aussi de s’entraîner avec des hommes ou encore de disputer des combats nationaux ou internationaux mixtes. Sadam Khadem a alors trouvé refuge à Royan, où elle vit et s’entraîne désormais au côté de Francky Weus. Un changement de vie difficile et dangereux. Mais cela ne freine en aucun cas sa volonté de progresser et d’atteindre ses objectifs sportifs comme personnels.

En participant à son premier combat professionnel, elle souhaitait défendre la voix des femmes et ouvrir la voie aux boxeuses iraniennes qui combattent dans l’ombre, cachées. Elle confia aussi à RFI : « Nous avons beaucoup de boxeuses qui sont très actives dans ce domaine et j’espère que l’organisation de ce match contribuera à développer la boxe féminine en Iran« .