En ces temps de confinement, la période est difficile pour tout le monde. Le monde du sport est particulièrement impacté. Annulations ou suspensions de compétitions en séries rythment l’actualité sportive des dernières semaines. Pour faire face à ce vide, quoi de mieux que de se replonger dans les archives et dépoussiérer les exploits sportifs du passé. Univers Cités, vous propose chaque jour de revenir sur un événement ayant marqué l’histoire du sport.

Il y a désormais quatre ans, le journal L’Equipe titrait très justement « Il était le jeu ». En effet, ce jour-là, le football mondial, et pas seulement l’Ajax Amsterdam ou le FC Barcelone, venait de perdre l’un de ses plus grands noms : Johan Cruyff. 

Né 68 ans plus tôt, le petit Johan gravi les échelons dans les équipes de jeunes de l’Ajax Amsterdam, sa ville natale, avant de jouer avec les professionnels dès ses 17 ans. Dans son club de coeur, il remporte trois fois d’affilée la Coupe d’Europe (1971, 1972, 1973) en étant le joueur phare du « football total », jeu offensif et spectaculaire mis en place par l’entraineur Rinus Michels. Le Néerlandais inscrit 253 buts en 319 matchs avec l’Ajax avant de s’engager avec le FC Barcelone pour la somme record de 2 millions de dollars en 1973. 

Dans un club catalan en perdition, il arrive comme « El Salvador » (« Le Sauveur ») pour redonner des couleurs aux Blaugranas. Engagé politiquement, il se met les socios dans la poche en déclarant avoir choisi le Barça plutôt que le Real Madrid, qui était soutenu par Franco à l’époque. Néanmoins, le passage du Hollandais volant au Barça en tant que joueur ne restera pas dans les annales. Pendant ce temps-là, le célèbre numéro 14 emmène les Pays-Bas en finale de la Coupe du monde 1974, qu’il perdent à la surprise générale contre leurs voisins allemands (2-1).

Malgré 3 Ballons d’Or et des succès continentaux légendaires, l’héritage de Johan Cruyff ne s’arrête pas à sa retraite en tant que joueur. En effet, le génie néerlandais a encore plus marqué l’histoire de son sport, par sa carrière d’entraineur.

Un joueur fantastique, puis un entraineur de génie qui marqua le monde de son empreinte

C’est sur le banc du Barça qu’il atterrit en 1988 avec nombre d’idées qui s’apprêtent à révolutionner le football. Et ce pour plusieurs décennies, jusqu’à aujourd’hui encore. Il applique en Catalogne un jeu séduisant, léché – que certains appellent le cruyffisme – et qui vaudra à son équipe le surnom de « Dream Team ». Surtout , cette vision singulière du ballon rond est efficace puisqu’elle permet au club catalan de remporter sa première Coupe d’Europe en 1992. 

Quatre ans plus tard, alors que Johan Cruyff s’en va, son idéologie, elle, reste pour de bon à Barcelone mais aussi du côté d’Amsterdam. Le cruyffisme devient la marque de fabrique de ces deux clubs mythiques et pose les bases d’exploits futurs. Jamais le grand Barça des années 2010, emmené par son ancien disciple Pep Guardiola, n’aurait vu le jour sans l’apport inestimable de Cruyff.

Le Prince d’Amsterdam perd le dernier match de sa vie contre le cancer du poumon, dû à sa consommation de tabac y compris lorsqu’il était joueur. Mais la mémoire de Johan Cruyff a survécu et continue d’être honorée aux quatre coins du globe.

Alors, en ce 24 mars 2016, le football pouvait pleurer : il venait de perdre bien plus qu’un simple joueur.