Les compétitions s’enchaînent et les médailles s’accumulent. À 26 ans, l’athlète Djilali Bedrani, spécialiste du 3000 mètres steeple, est déjà quadruple champion de France. Dimanche 10 mars, il termine premier des championnats de France de cross court. Portrait.

Ce sont les jambes pleines de boue et les chaussures lourdes que Djilali Bedrani franchit la ligne d’arrivée. Après 4500m de course, il gagne le cross court hommes ce dimanche 10 mars, à Vittel, pour la deuxième année consécutive. Le parcours est difficile mais pourtant, il ne se laisse pas faire pendant les quinze minutes de cette course à 18,3 km/h. « J’ai senti un peu de fatigue pendant la course », se confie l’athlète sur la ligne d’arrivée. 

Détenteur d’un bac pro aérostructures, l’athlète est aujourd’hui militaire sous les drapeaux du 3ème RMAT (régiment du matériel) de Muret, sponsor officiel de l’athlète. Les entraînements et les compétitions rythment la vie du Toulousain, qui ne cache pas qu’il se consacre entièrement à son sport. Il se confie à La Dépêche :

« Je suis très pris par l’athlétisme, je néglige un peu mes potes, je veux réussir. L’athlé, c’est des moments mythiques, c’est prenant, c’est beau ! »

Retour sur le parcours d’un athlète révélé tardivement

À 15 ans, poussé par son professeur de sport du collège, Djilali Bedrani participe à ses premiers cross. Armé de Converses et d’un jogging, il ne lui en faut pas plus pour démarrer fort et se distinguer. Il finit cinquième de sa première course, sans entraînement. Et tout commence. D’abord en foulant les terrains de cross qu’il parcourt sans encombre. À quatre reprises, il monte sur le podium par équipe (en 2011, 2012, 2013 et 2015) lors des Championnats d’Europe de cross. Les entraînements s’intensifient alors. Plus nombreux et plus soutenus, et ça paye ; sur la piste aussi, il s’illustre, notamment sur sa distance de prédilection, le 3000 mètres steeple. À 19 ans, il bat le record de France de la distance en catégorie junior, en 8’42 »67. Un record dont il est toujours le détenteur.

 

 

Au rythme de ses entraînements quotidiens, dix à douze fois par semaine, des voyages d’entraînement réguliers se greffent à son emploi du temps. Au Nouveau-Mexique, au Kenya, au Portugal ou dans les Pyrénées, le Toulousain s’entraîne aussi à l’étranger. Il explique : « Je suis souvent parti à l’étranger pour faire des stages de préparation ». Des séances en altitude permettent en effet de travailler le cardio et d’augmenter le niveau de performance lors du retour à l’entraînement en plaine. En altitude, l’organisme sécrète une hormone stimulant la production de globules rouges, qui restent présents pendant plusieurs semaines dans l’organisme.

Alors, les compétitions s’enchaînent et les médailles s’accumulent. S’il a remporté le titre de champion de France de cross court le 10 mars dernier, il décrochait une semaine plus tôt la médaille d’or des championnats de France sur 3000 mètres en salle, en 7’51 »42.

À quand une médaille internationale sur piste ?

Djilali voit grand. L’athlète arbore le maillot violet, de son club du Satuc lors des compétitions nationales, mais il porte le maillot bleu de l’équipe de France lors des compétitions internationales. Les voyages, c’est bien, mais fouler les terres étrangères, encore mieux. Sélectionné seize fois en équipe de France (dix sélections Jeune et six sélections senior), il est sacré champion du monde de cross court militaire en 2018 en Hongrie.

Quant à la piste, le steepleur n’a toujours pas remporté de médaille internationale. Après sept compétitions sur piste à l’international, il échoue cet hiver à une seconde et 21 centièmes du podium à Glasgow sur le 3000 mètres en salle. Ce n’est que partie remise pour le militaire, qui tentera de défendre les couleurs de la France lors des championnats du Monde d’athlétisme à l’automne 2019 à Doha.