Onzième samedi de mobilisation pour les Gilets jaunes ce 26 janvier 2019. Les street medics, indispensables au bon déroulement de la manifestation, ont encore répondu présents dans le cortège toulousain pour soigner les blessés. Rencontre avec un groupe venu de Carcassonne.

Un tee-shirt blanc avec une croix rouge ou bleue, un casque, un masque à gaz, des lunettes de sous-marin, voilà les street medics équipés. Après avoir pris leur courage à deux mains, ils vont au front pris entre les jets des cailloux, cocktails Molotov et les gaz lacrymogènes.

Apparus lors de manifestations de Notre-Dame-des-Landes, mobilisés pendant les mouvements contre la loi travail, souvent des militants improvisés secouristes, les street medics apportent les premiers soins aux victimes des grenades de désencerclement, des gaz lacrymogènes et des impacts de lanceurs de balles de défense (LBD).

Toulouse, les street médics au milieu de la manifestation. (Léane Burtier)

De Gilets jaunes à street médics

Gilets jaunes de la première heure, Audrey, Lionel, Mathias et Smai décident de changer la forme de leur engagement militant. Au fil des actes, ils ont voulu se rendre utiles face à la montée des violences policières. Les quatre combattants, partis ce matin de Carcassonne, ont suivi les Gilets jaunes toute la journée. Lionel, sapeur-pompier, sa compagne Audrey, éducatrice pour enfants et leurs deux comparses forment une équipe de choc. Du matériel de soin fourni par les pharmacies et quelques dons de Gilets jaunes leur permettent de répondre aux premières urgences.

Lionel explique son engagement avec les street medics :

« J’ai commencé les manifestations en tant que simple Gilet jaune. Face à la violence, j’ai rejoint les street medics »

La neutralité est le principe fondateur dans les interventions des street medics. Manifestants, passants, policiers, CRS… quelque soit la personne blessée, ils répondent à l’urgence sans aucune distinction.

« On est juste là pour aider les gens, peu importe la personne, on est là pour l’éthique. » indique Smai.

Vérification du matériel de soin.

Entre soins et médiation

Quinze heures. La manifestation se déroule dans une belle ambiance, presque bon enfant entre chants et slogans. Une poignée de Gilets jaunes sur la rue de Metz va provoquer les CRS. Les street medics sortent de leur rôle de secouristes et vont calmer le petit groupe d’agitateurs en formant un cordon devant les forces de l’ordre.

Seize heures trente. Face à face entre manifestants et policiers au rond-point Arnaud Bernard. Les projectiles et les gaz lacrymogènes fusent de tous les côtés. Les street medics se replient sur le côté, à l’angle d’un bar et se mettent en binôme pour secourir les blessés. En quelques minutes la situation dégénère, la course poursuite commence entre casseurs et policiers.

Les street medics continuent à secourir jusqu’à 18 heures sur la place du Capitole. Lionel et Audrey doivent rentrer à Carcassonne pour rejoindre leurs trois enfants. Difficile d’évaluer le nombre de blessés pendant la journée de manifestation. Il faudra attendre quelques jours. Les street medics ont dénombré une centaine de blessés dont dix graves à Toulouse lors de l’acte X, samedi dernier.

Les street médics, entre manifestants et policiers.

Avec Gassim Shérif et Léane Burtier