Ce jeudi 11 janvier à 14h30, le maire de Toulouse s’est adonné au traditionnel exercice des voeux à la presse dans un bâtiment municipal du quartier de la Reynerie. L’occasion d’évoquer le bilan de son action en 2023, les grands projets à venir en 2024 mais aussi de lancer quelques salves verbales beaucoup plus politiques.

C’est à la Maison de la Citoyenneté de la Reynerie, qu’il faudra désormais appeler « Maison Toulouse services », que les équipes de la mairie ont convié cette après-midi les journalistes toulousains pour un temps de présentation et de questions/réponses à l’occasion de la nouvelle année. Un choix de lieu symbolique pour celui qui a martelé pendant plus de deux heures sa volonté de « rendre la vie toulousaine meilleure, en prenant prioritairement et systématiquement en compte les plus faibles ».

Devenir la 3ème ville de France ? « Pas à n’importe quel prix »

Après la diffusion d’une courte vidéo de présentation, c’est plein d’optimisme que Jean-Luc Moudenc a entamé son discours. Rappelant pêle-mêle la belle dynamique démographique de l’agglomération, son attractivité grâce aux records de commandes engrangés par Airbus en 2023, ou encore une croissance économique toujours en hausse.

Avant d’aborder la petite musique qui revient souvent depuis quelques mois : le classement de la Ville rose dans les plus grandes villes de France, qui ne compte plus que 18 000 habitants d’écart avec Lyon actuelle troisième. Mais pour l’ancien proche de Sarkozy à l’UMP, pas question d’être obnubilé par cet objectif qui ne doit pas advenir « à n’importe quel prix ».

Évoquant la belle croissance que connaît la Ville rose à tous les niveaux depuis quelques années, Jean-Luc Moudenc ne perd pas l’occasion de lancer un premier tacle virulent à l’opposition : « En dépit de ces tristes oiseaux de mauvais augure qui prône la décroissance et une spirale perpétuelle du déclin. »

Transports et végétalisation comme fer de lance

Largement dédiée à la mise en valeur de son action en faveur des mobilités douces, sa présentation a abordé successivement la construction de la ligne C du métro et l’arrivée attendue des tunneliers sur les chantiers en 2024. La poursuite du développement des bus Linéo avec une 11e ligne ouverte dès 2024 entre Marengo et Basso Combo, qui permettra de transporter toujours plus d’usagers au fil du temps. Mais aussi le développement du réseau de pistes cyclables avec de gros aménagements annoncés pont Saint-Pierre et via les nouvelles passerelles en construction pour relier le centre-ville à l’Île du Ramier. 

Un accent mis sur les mobilités douces qui s’accompagnent par une enveloppe « toujours plus importante » dédiée aux primes municipales à l’achat de véhicules électriques. « L’an dernier sur les 14 000 bénéficiaires, 91% des concernés rapportaient avoir franchi le pas grâce à l’appui financier de la ville de Toulouse. »

Côté végétalisation des espaces urbains, les annonces elles aussi sont légion. Sur sa promesse de 100 000 arbres plantés entre 2020 et 2030, Jean-Luc Moudenc l’assure, « le seuil des 50 000 sera atteint l’an prochain avec 10 000 arbres plantés rien que sur l’Île du Ramier ». 

Un « grand et beau » jardin devrait également voir le jour au pied du Dôme de la Grave, puis sur les berges du Canal du Midi avec un grand plan de revalorisation végétale du parvis de Brienne près de l’école TSE.

Ordre, sécurité et « anti-wokisme »

Si les premiers points de sa présentation ont pu nous en faire douter, Jean-Luc Moudenc est toujours bien solidement ancré à droite.

La troisième partie de son propos était consacrée au « rétablissement de la notion d’ordre en l’assumant clairement ». 

Au menu : augmentation de la vidéosurveillance, des effectifs de police municipale et lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes. Revigoré par l’évocation de thèmes qu’il affectionne tout particulièrement, le maire de la Ville rose en a profité pour fustiger « la montée d’un discours anti-police et anti-France », « un retour à l’œuvre de l’antisémitisme », « des noyaux radicalisées d’écologistes s’opposant à des projets démocratiques ». Et d’évoquer successivement « un wokisme qui détruit notre identité » et « la persistance d’un islamisme homophobe, sexiste et anti-laïque ».

Le gentil discours classique de rentrée du maire s’est peu à peu transformé en un meeting feutré aux salves politiques virulentes.

La perspective d’une nomination au gouvernement balayée

Avant d’achever la rencontre, un temps d’échanges a permis d’éluder quelques questions qui restaient jusque-là sans réponse. 

Sur le manque d’hébergements d’urgence ayant conduit au squat de plusieurs écoles par des familles à la rue l’an passé, le discours est expéditif : « Ce ne sont pas nos compétences, ce sont des prérogatives de l’État et je serais très ferme comme je l’ai toujours été vis-à-vis de l’occupation illicite de bâtiments municipaux. »

La Tour Occitanie elle, obtiendra toujours le concours de la mairie en 2024 bien qu’elle ne soit « ni à l’initiative du projet, ni propriétaire du terrain ». Avant d’évoquer une opposition au projet « qui n’est pas suivie par les riverains et qui est très marquée politiquement ».

Le traditionnel rendez-vous des vœux à la presse s’est finalement achevé sur une note plus humoristique. « Avec mes récentes prises de positions politiques lors des derniers scrutins électoraux, je me suis prémuni de ce type d’appel ! », a tenu à clarifier le maire de Toulouse (comme il l’avait déjà fait en 2022) au moment de répondre à une question sur sa potentielle nomination au sein du gouvernement Attal 1 qui devrait être annoncé dans les prochaines heures.

  • Crédit photo : Léo THIERY