Le 10 novembre, cinq candidats têtes de liste aux élections régionales ont débattu à Toulouse, salle du Sénéchal. A moins d’un mois du premier tour, la campagne bat son plein.

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Carole Delga (Parti socialiste), Damien Lempereur (Debout la France), Gérard Onesta (Europe Ecologie-Les Verts), Dominique Reynié (Les Républicains) et Philippe Saurel (sans étiquette, divers gauche) se sont exprimés sur la gouvernance de la nouvelle région, l’économie, les transports et l’environnement. Compte-rendu.

**Gouvernance : au-delà des deux métropoles

Toulouse ou Montpellier ? Le choix est fait : Toulouse sera capitale de la nouvelle région. Les candidats ont exprimé leur point de vue sur la répartition de la gouvernance, et plus généralement sur la réforme des régions.

Selon Carole Delga « nous devons sortir de la logique jacobine de centralisation. Les deux hôtels de région peuvent rester« . Elle propose également de mettre en place des antennes de région dans chacune des 13 préfectures.

Damien Lempereur a rapidement souligné que Debout la France « a eu la constance de combattre cette réforme car on estime qu’elle est dangereuse« . Il préconise que « les directions régionales soient réparties sur l’ensemble du territoire« .

Allant dans le même sens, Gérard Onesta met garde contre « deux métropoles (Toulouse et Montpellier) qui ont tendance à tout absorber« , et salue l’initiative de Philippe Saurel, qui a déjà mis en place une assemblée territoriale à Montpellier.

Dominique Reynié, quant à lui, a mis l’accent sur la nécessité de « trouver des sources de financement nouvelles« . « Nous devons imaginer un avenir où l’argent public est moins présent« , affirme-t-il.

**Economie et chômage : un débat aux allures de mini-présidentielle

Damien Lempereur ouvre les hostilités sur la question, « frappé de constater le taux de pauvreté et le taux d’assistanat dans la région« . Pour résoudre la question, il met en avant un « protectionnisme intelligent » qui passe par « un patriotisme local« , des mesures permettant de « favoriser les entreprises locales« , par exemple l’idée d’approvisionner un lycée uniquement avec des producteurs locaux.

Carole Delga défend le bilan du sortant Martin Malvy, « de nombreuses mesures ont été mises en place par la majorité avec de l’efficacité« . Pour l’emploi des jeunes, elle s’engage à « aider les entreprises qui accueillent des apprentis et des stagiaires« , soulignant que « c’est les petites entreprises qu’il faut soutenir car c’est elles qui créent de l’emploi« .

« J’entend avec beaucoup de surprise les sortants nous parler comme si le bilan était bon« , s’étonne Dominique Reynié. « Il y a des parties du territoire où le chômage dépasse 20% de la population active, c’est un drame évident« .

« Il ne faut pas quand même oublier les villes où le chômage des jeunes est très important« , souligne Philippe Saurel qui veut défendre les missions locales d’insertion des jeunes, et mettre en adéquation les formations avec les offres d’emploi.

« Notre priorité, c’est l’emploi« , affirme Gérard Onesta, en précisant que pour lui, « l’emploi est non-précaire, non-délocalisable, socialement utile« .

**Transport : faut-il choisir entre train et voiture ?

Si Gérard Onesta se targue de représenter « la liste du rail » et de vouloir accorder la « priorité aux transports en commun« , Dominique Reynié s’y oppose, affirmant que « nous ferons une politique de la route, on ne maillera rien du tout avec du rail« .

Sur la question des transports, Philippe Saurel se place avec précaution entre les deux : « je veux un diagnostic sérieux, ainsi que des mesures réalistes et pragmatiques« . Il affirme partager l’idée de Gérard Onesta quant au développement du rail tout en notant que la SNCF est dans le rouge et qu’il est nécessaire de considérer le réseau routier pour désenclaver certains territoires. Damien Lempereur reconnaît également sur la complémentarité entre le rail et la route.

Carole Delga, quant à elle, parie sur le développement du rail et des transports en commun. Elle met aussi en avant l’ouverture sur l’international, qui passe par le développement des ports pour une meilleure attractivité de la région.

**Environnement : focus sur l’économie sociale et solidaire

« Il faut une transition énergétique. La première des énergies est celle qu’on économise« , a déclaré Gérard Onesta.

Philippe Saurel délimite quatre volets phares pour la politique énergétique et environnementale : la politique de l’eau, l’isolation thermique, la ville intelligente et les circuits courts. Dominique Reynié, quant à lui, parle d’une économie à zéro déchets.

« Comme j’ai la chance de représenter un mouvement qui se revendique du gaullisme, il est évident que cette notion d’économie sociale et solidaire est très importante« , affirme Damien Lempereur. Il déplore le « manque de protectionnisme intelligent aux frontières (du pays) » et souligne que malgré la réussite de nombreuses initiatives de la région, « il faudra quand même de la volonté politique, car la mondialisation est une guerre économique« .

Carole Delga centre son attention sur la mise en oeuvre de « cités de start-ups« , une « nouvelle façon de travailler en transversalité« , afin de « permettre aux entreprises de proposer des solutions innovantes et d’avoir une économie partagée sur l’ensemble du territoire« .

Reste à savoir, à l’heure où les compétences des nouvelles régions sont encore floues, quelle sera la marge de manoeuvre, notamment financière, accordée au futur président de région.

**Sondage : la liste PS favorite

Selon un sondage BVA du 23 octobre 2015, la liste conduite par Carole Delga arrive en tête avec 39% des intentions de vote au second tour. Cependant, selon le même sondage, le candidat du Front National Louis Aliot arriverait en tête du premier tour avec 29% des suffrages. Invité au débat du mardi 10 novembre, Louis Aliot ne s’y est pas présenté.