Le prévenu a été reconnu coupable de l’ensemble des faits lors de son audience au Tribunal judiciaire de Toulouse. Crédits : Archives

Ce mardi 4 février, un homme de 21 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour des faits de violence avec des facteurs aggravants et outrage à une personne dépositaire de l’ordre public. Alors qu’une vidéo le montre avec un couteau à la main, le prévenu a clamé son innocence.

Placé en détention provisoire depuis le 26 décembre 2024, le prévenu, de nationalité algérienne et en situation irrégulière, est seul dans le box. De l’autre coté de la vitre, son interprète lève la main droite et prête serment. L’audience peut commencer.

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La présidente rappelle en premier lieu les faits reprochés au prévenu. Le 24 décembre 2024, alors qu’il est accompagné d’un ami, ils s’en prennent tous les deux physiquement à un homme. Ils le rouent de coups de pieds et de coups de poings sur la voie publique, devant chez lui, dans le quartier des Arènes à Toulouse. Le beau-frère de la victime arrive en renfort et s’interpose, faisant état d’une dizaine de coups portés. Le prévenu se dirige ensuite dans la maison de la première victime. Il récupère deux couteaux qu’il agite devant les deux hommes. La femme du premier homme et la mère de cette dernière sont également présentes. « Il a planté ma mère et était extrêmement menaçant », témoigne par la suite la deuxième victime. En effet, alors qu’elle essaye de fuir, sa mère reçoit un coup de couteau dans l’omoplate. Le prévenu et son complice font une quatrième victime, qui n’est autre que la femme du premier homme à s’être fait rouer de coups.

La présidente évoque certains éléments du dossier, à charge contre le prévenu. Elle dévoile ainsi l’existence d’une vidéo prise par la première victime sur lequel le prévenu est identifiable, avançant avec un objet pointu en main. Elle s’attarde ensuite sur les certificats médicaux des victimes, faisant état de blessures physiques (coup de couteau, traces de griffure et contusion), mais également de conséquences psychiques comme « un stress aigu relevé par le légiste ».

« Madame, il est en train de vous insulter »

Le 26 décembre 2024, le prévenu est interrogé par une policière. Il admet alors avoir bu de la vodka, avoir pris deux couteaux et les avoir jetés. Son complice, décrit comme « le gros » par l’ensemble des témoins, affirme lors de sa propre audition : « Je l’ai vu avec un couteau à la main. Il avançait en faisant des gestes vers elle. »

Au cours de l’audition, l’interprète se tourne vers la policière et affirme « Madame, il est en train de vous insulter. » Le jeune algérien traite la représentante des forces de l’ordre de « pute » à deux reprises, des faits qu’ils reconnaît et pour lesquels il s’excuse.

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Tout au long de l’audience, le prévenu affirme être innocent. Lorsque la juge lui montre une capture d’écran d’une vidéo prise par la première victime, sur laquelle on le voit s’avancer avec en main un objet tranchant, il n’en démord pas : « C’était pas un couteau, c’était la clé de mon scooter ». Par la suite, le prévenu choisit de ne plus s’exprimer et affirme n’avoir rien à ajouter.

« Une asymétrie dans le traitement des deux protagonistes »

Du côté de la défense, on interroge une « asymétrie dans le traitement des deux protagonistes ». L’avocate regrette que son client soit seul à comparaître dans le box des prévenus, alors que son complice n’a eu droit qu’à une composition pénale. Une mesure qui permet à l’auteur des faits d’éviter un procès pénal, à condition d’accepter une « sanction pénale ou une mesure de réparation », comme le précise le site Service-Public.fr.

Sans grande surprise, au vu de la concordance des témoignages, des certificats médicaux réalisés par le médecin légiste et de la vidéo sur laquelle le prévenu est identifiable, le jeune homme est finalement reconnu coupable de l’ensemble des faits. Il est condamné à seize mois de détention avec maintien en détention, trois ans d’interdiction du territoire français et cinq ans d’interdiction de port d’arme. Il doit également verser des dommages et intérêts aux parties civiles. Cette décision va dans le sens de la demande faite par la procureure.

Oriane Babik