Depuis le 1er janvier 2015, les communes de plus de 5000 habitants sont censées avoir engagé et achevé des travaux de mise en accessibilité pour les handicapés. Tous les lieux accueillant du public sont concernés. Si une loi votée en août a allongé les délais, ces villes ont eu près de trente ans pour s’adapter. Etat des lieux à Toulouse.
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Trente ans, trois lois… et toujours des problèmes

Depuis plus de trente ans, les lois en faveur des handicapés se succèdent. Objectif : permettre à ces personnes de s’intégrer dans la société comme n’importe quel autre citoyen.

Dès 1975, la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées demande aux pouvoirs publics de permettre l’accès aux personnes handicapées aux institutions ouvertes à l’ensemble de la population. En 2000, le Premier Ministre Lionel Jospin annonce « un plan d’accès des personnes handicapées au milieu de vie ordinaire » pour 2001-2003.

Mais c’est sans doute la « loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » qui est la plus symbolique. Tout d’abord parce qu’elle inclut dans le texte toute les formes de handicap, qu’il soit moteur, mental ou sensoriel.

> Lire : « Handicap mental : où en est la loi ? »

Elle demande par ailleurs à toutes les villes de plus de 5000 habitants de se doter d’une commission communale pour l’accessibilité aux personnes handicapées. Avec l’aide de cette commission, les communes doivent organiser la mise en accessibilité de tous les lieux accueillant du public : voirie, transports, bâtiments scolaires ou municipaux, mais aussi commerces doivent s’adapter pour faciliter l’accès aux personnes handicapées.

Date butoir pour ces travaux : 1er janvier 2015. De toute évidence, peu de communes ont pris les mesures nécessaires à l’application de la loi de février 2015. Face à ce constat, l’Assemblée Nationale a voté en août dernier une nouvelle loi allongeant les délais.

A Toulouse, même si des politiques ont bien été mises en œuvre, la circulation dans les rues demeure bien souvent compliquée, et pas seulement pour les fauteuils roulants.

> Lire : «[Infographie] Les chiffres clés de l’accessibilité à Toulouse»

Une question de définition

Marcher (ou rouler) sur les trottoirs de la ville rose peut s’avérer être un challenge pour qui ne porterait pas de baskets, et pour toute personne ayant des problèmes pour marcher. Personnes âgées, handicapés moteurs, aveugles, et même parents baladant leur progéniture dans une poussette, les obstacles ne manquent pas.

Pourtant, selon la loi de 2005, c’est bien d’abord l’environnement qui crée le handicap : « Constitue un handicap (…) toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »

Le handicap n’est donc pas considéré comme une déficience, qu’elle soit physique, mentale ou sensorielle. En adaptant l’environnement pour qu’il soit accessible à tous, le handicap s’amoindrit.

> Lire : «Toulouse : quand le handicap trouve sa place à l’université»

Accessibilité ou adaptabilité ?

Et cette question de l’adaptation est au cœur des questions concernant l’accessibilité. L’accessibilité, c’est peut-être avant tout l’adaptabilité.

En d’autres termes, un lieu accessible n’est pas seulement adapté au handicap. Pour garantir à toutes les situations les meilleures conditions d’accès possible, l’environnement doit avant tout être adaptable. Chaque handicap présentant ses particularités et ses contraintes, « il faut par exemple qu’on puisse adapter le logement à moindre frais », constate Odile Maurin, représentante départementale de l’Association des Paralysés de France.


> Lire : « Culture et handicap à Toulouse : quels sont les lieux accessibles ? »