Pour la première fois en France, la quasi-intégralité de l’œuvre de l’artiste allemand Sigmar Polke est offerte au public. Rendez-vous aux musée des Abattoirs pour découvrir cette surprenante exposition.

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Il est rare de pouvoir découvrir en France une exposition aussi exhaustive d’un artiste tel que Sigmar Polke. Cela a été rendu possible grâce au prêt du docteur Axel Cieselski. Plus de 200 œuvres dont certaines n’ont jamais été présentées au public français : posters, sculptures, sérigraphies, lithographies… Réparties sur deux étages des Abattoirs, l’exposition donne à voir l’évolution chronologique d’une vie artistique éclectique. L’œuvre est indissociable d’un parcours historique et politique.

Sigmar Polke est le fruit de l’Europe ensanglantée au XXe siècle. Né en 1941 en Silésie (actuelle Pologne), il fuit à l’Ouest en 1953 avec ses parents. Selon l’anecdote, ils auraient fait semblant de s’endormir dans le métro de Berlin. Une fois passée, la petite famille s’installe à Wittich (en Allemagne de l’Ouest). C’est là où Sigmar grandira et fera ses premières armes dans le domaine de l’art.

Dans sa jeunesse, il invente avec ses amis le réalisme capitaliste, un miroir sarcastique du réalisme socialiste. Son art dénonce avec la même énergie les péchés de l’Est et de l’Ouest. Il s’attaque sans distinction au patriotisme américain, à la prospérité économique allemande, à la religion, aux totalitarismes… Il est impossible de ranger Sigmar Polke dans la case d’un style artistique. Et pourtant, un fil rouge traverse son œuvre : une critique rieuse. Un certain décalage qui dépasse l’éclectisme des formes et des techniques.

L’expérimentation des formes

Sigmar Polke, c’est l’expérimentation des matériaux et des supports. Un exemple? Il est l’un des premiers à avoir exploité la photographie, via des collages et des assemblages. Son but : s’éloigner du sujet de départ, l’effacer et dans la sphère de liberté ainsi crée, redonner au créateur la maitrise de son œuvre. Sigmar n’hésite pas à utiliser des pigments toxiques comme le fameux « vert de schweinfurt », la peinture thermosensible (qui change de couleurs en fonction du nombre de personnes présentes autour de l’oeuvre), et une multitude de combinaisons chimiques : aluminium, fer, potassium, manganèse, argent, térébenthine, méthanol…

Difficile à définir, Sigmar Polke a fait preuve d’une innovation déroutante. Son œuvre est marquée par l’utilisation de techniques nouvelles. Elle explore des thèmes variés, parfois controversés. Toujours pourtant avec ce ton décalé et cette ironie. Un humour d’autant plus approprié que son propos est grave.

Du 31 janvier au 4 mai 2014
Musée des Abattoirs,
76 Allées Charles-de-Fitte, 31300 Toulouse – 05 62 48 58 00