Leur T-shirt rouge sur les épaules, Fred, Paz et Shavo font les beaux jours du metal à Toulouse. Créateurs de l’association SPM Prod, ces trois passionnés de musique extrême organisent en moyenne une dizaine de concerts par an à Toulouse depuis 2011. « Univers-Cités » les a rencontrés, à quelques heures des prestations de Skálmöld, Týr et Finntroll, des groupes de folk metal originaires de Finlande et des Iles Féroé.

De gauche à droite : Shavo, secrétaire, Fred, trésorier, et Paz, président de SPM Prod, dans les coulisses du Bikini

« Univers-Cités » : Comment est née l’association ?
Fred : Shavo, Paz et moi-même organisions déjà des concerts de metal au sein d’une autre association toulousaine. Réunis par cette même passion, et suite à des différends avec le reste de l’équipe, nous avons choisi de créer notre propre structure, que nous avons lancée en février 2011.
Paz : Le format associatif nous offre une plus grande souplesse. Il permet à Fred et Shavo de concilier leur métier d’informaticien, et à moi-même ma profession d’ingénieur, avec la casquette d’organisateur de concert… Ce qui n’est pas de tout repos ! Car, en plus de la quinzaine d’heures de travail bénévole à laquelle nous nous astreignons chaque semaine, nous avons choisi de prendre seuls en charge les risques financiers. Les sept autres membres de SPM Prod se chargent donc uniquement de nous aider à organiser les concerts. Il nous semblait évident de ne pas les impliquer dans cette aventure relativement risquée.

Et peut-être d’autant plus risquée que le metal reste un genre très confidentiel…
Fred : C’est exact. Et c’était d’autant plus vrai à Toulouse après 2001. Suite à l’explosion d’AZF, qui a détruit l’ancien bâtiment du Bikini, les amateurs de metal se sont retrouvés en quelque sorte orphelins de salle : non pas parce qu’il n’existait pas d’autres lieux où organiser les concerts, mais parce que cet établissement a toujours joué un rôle clef dans la diffusion du rock à Toulouse. Malgré la présence d’associations comme Toulouse Hardcore Show, Noiser ou le collectif Antistatic, les concerts étaient donc assez rares, jusqu’à ce que le Bikini retrouve sa place dans le paysage du metal toulousain.
Paz : Mais, en fin de compte, cette situation a été favorable à SPM Prod. S’il est indéniable que la première année a été très difficile à rentabiliser, à l’exception du concert d’Amon Amarth [un groupe suédois considéré comme un des plus importants dans son genre, ndlr], les choses sont aujourd’hui beaucoup plus simples. Globalement, nos dates marchent plutôt bien : nous parvenons désormais à rentrer dans nos frais.

Septicflesh, premier groupe produit par SPM Prod en mai 2011 / © Fred Moocher

Le public toulousain serait-il donc devenu amateur de musique extrême ?
Fred : Peut-être ! La raison principale à cette évolution réside cependant dans le fait que Toulouse est redevenue une plaque tournante du metal : les groupes font leurs premières dates françaises à Paris, puis à Lyon, et ensuite à Toulouse, avant de partir pour l’Espagne. La renaissance du Bikini et ce positionnement géographique idéal expliquent, entre autres, que l’offre de concerts de metal soit maintenant presque plus importante que la demande ! Mais ce n’est pas pour nous déplaire.

Comment se fait-on un nom dans cet univers ?
Fred : Tout est une question de bouche à oreille, et de bons contacts. Le milieu du metal a ceci d’intéressant qu’il est très petit : par conséquent, tout le monde se connaît, et il suffit qu’un groupe ait été satisfait de travailler avec nous pour faire passer le message à d’autres artistes. Pour arriver à un tel résultat, il n’y a pas vraiment de secret. Au-delà des cachets et de l’organisation des concerts proprement dits, il faut être capable de gérer tous les à-côtés. Par exemple, il nous a fallu trouver d’urgence un dentiste pour le batteur de Finntroll. Quand on débute, ce sont des requêtes qui peuvent paraître déroutantes. Pourtant, y répondre conditionne la réputation des organisateurs de concerts, et cela a un impact encore plus grand sur des petites structures non-professionnelles comme nous !

Korpiklaani, une formation finlandaise, a été un des gros succès de SPM Prod en 2012 et 2013 / © Fred Moocher

Choisissez-vous les groupes que vous produisez en fonction de vos propres goûts ?
Paz : Pas véritablement. En général, ce sont les tourneurs qui nous demandent si nous sommes intéressés par tel ou tel groupe. Il nous arrive aussi, de plus en plus fréquemment, que des artistes nous sollicitent eux-mêmes, parce qu’ils gardent un bon souvenir de leur premier passage à Toulouse.

Quelles sont vos ambitions pour SPM Prod ?
Shavo : Un de nos rêves est d’afficher enfin complet au Bikini ! [soit environ 1400 entrées vendues, ndlr] En attendant, nous sommes déjà très heureux de pouvoir proposer des têtes d’affiches au public toulousain et du Sud-Ouest, parmi lesquelles Children of Bodom, Kataklysm et Sepultura, qui sont trois de nos prochaines dates. Et nous comptons bien persévérer dans cette direction.

http://www.spm-prod.fr/site/