L’ours, animal fascinant et effrayant, a accompagné l’Homme depuis ses débuts, des grottes de la préhistoire jusqu’aux débats actuels sur sa réintroduction, en passant par sa diabolisation par l’Église. Cette espèce est tout entière exposée jusqu’en juin 2014 au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse. Ours brun, ours polaire, panda, ours à collier raviront petits et grands, qui peuvent explorer le monde de l’ours à travers des documentaires, des jeux, des maquettes et même un stroboscope. Gaëlle Cap, chef de projet sur cette exposition, a répondu aux questions d’ »Univers-Cités ».

« Univers-Cités » : Pourquoi faire une exposition sur l’ours ?
Gaëlle Cap : C’est d’abord une question d’opportunité. On a accueilli les dépouilles de l’ourse Cannelle, de celle de Franska, de Paloma et les restes osseux de Papillon. Quand on acquiert des spécimens comme ceux-ci, qui ont une grande notoriété et qui posent certains enjeux environnementaux, c’est une occasion dont il faut profiter pour présenter au public une vision révisée, singulière, notre façon à nous, de poser les enjeux de la cohabitation Homme – Nature.

D’un point de vue sémantique, comment cette exposition a-t-elle été mise en place ?
Mon travail consiste à rendre une copie sur un thème que l’on m’a confié : l’ours. Donc j’ai commencé à consulter des experts et des gens qui travaillent sur le terrain pour me saisir de la question, car ce n’est pas du tout mon univers. Ce qui m’a d’abord saisie, c’est la permanence de la question de l’homme sur ces histoires d’ours. On n’est jamais affranchi du rapport à l’homme, de sa vision, de sa culture. J’ai alors proposé de faire une exposition très anthropocentriste.

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Quel est l’apport de cette exposition dans le cadre du muséum ?
Je pense qu’elle peut d’abord apporter du plaisir. Une exposition, ce n’est pas un outil intellectuel, pédagogique, c’est d’abord un outil de plaisir. On est là pour ressentir des choses, pour découvrir, pour être ému et pour passer un moment, qu’on appelle dans le langage des musées, de délectation. Donc la forme est vraiment soignée dans cette exposition, nous avons travaillé les ambiances, les couleurs, une certaine douceur des formes et l’accessibilité des supports à tous les niveaux. On a testé l’exposition avec des familles, des grands pères jusqu’aux enfants de un an et elle fonctionne. C’est déjà une première visée de l’exposition. Ensuite, elle nous permet nous d’aborder des questions qui sont fondamentales pour nous au Muséum de Toulouse : des enjeux, des rapports entre Homme, environnement et Nature, c’est-à-dire le rapport entre la nature maîtrisée, qui n’est plus tout à fait la nature, et la nature dans son état sauvage ainsi la position de l’homme par rapport à ça. Quand un citadin observe que un rond point est ensauvagé avec des fleurs jetées à la volée, il y a beaucoup de réactions d’incompréhension, où on souligne le côté négligé alors que le but est d’essayer d’attirer des butineurs, de ramener de la biodiversité en ville. Ce n’est pas un discours acquis aujourd’hui. C’est se poser les questions du rapport à notre environnement : qu’est-ce que c’est qu’être urbain et citoyen.

Cette exposition « Ours, mythes et réalités » s’inscrit dans le cadre de la Novela. Et après ?
Cette exposition s’amorce avec la Novela mais elle est une opération globale du Muséum sur Homme et Animal. Elle va permettre de déployer toute l’année des ateliers pour les enfants, les touts petits jusqu’aux adolescents, des petits laboratoires de recherche pour travailler sur les chercheurs d’ours, les manières de trouver les traces de passage d’un ours, d’identifier son régime alimentaire, à travers notamment un atelier lié aux coprolithes, je vous laisse la définition. Nous avons également mis en place de nombreux ateliers sur les contes, l’imaginaire et même de peluchologie à l’attention des touts petits. On a une zone dans le musée dédiée au débat, puisqu’il ne s’agit pas d’éviter la réalité de cette question de l’ours. Ces débats porteront sur la question de la présence de ces ours dans les Pyrénées et de sa pertinence, des enjeux aujourd’hui, du sens de cette réintroduction et des arguments à mettre en œuvre de chaque côté. Enfin on a un cycle de conférences qui est destiné à traiter ce retour des grands prédateurs, dont ne fait pas complètement partie l’ours puisque le régime carnivore est à la marge dans son alimentation, et les problème posés aux gens dans un contexte d’élevage. Tout le musée va être concerné, à tous les étages, et tous les publics, du chercheur à l’enfant en passant par l’amateur, vont être questionnés.
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