Un engagement qui cherche à transformer les consciences depuis la réalité et incite les étudiants à prendre en main leurs sexualités de façon libre, c’est celui du Collectif pour des sexuaLItés auTOnomes de l’Université du Mirail. Rencontre avec Astrid et Julie, militantes de l’association.

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Brochures « Plaisirs de femmes », préservatifs, livres antisexistes pour enfants, lubrifiants, moyens de contraception en exposition, digues dentaires, livres de théorie féministe, autant de choses que l’on peut trouver sur un stand de CLITO.
_ En 2010, le Collectif pour des sexuaLItés auTOnomes « naît de l’envie de parler de sujets de sexualité sur la fac avec des copines » selon Julie, une des fondatrices du collectif. Elles décident de mettre en place un stand d’information et de discussion hebdomadaire à l’Université du Mirail entre 12h et 14h, dans les lieux de passage de l’université. Chaque année, ce sont environ 500 personnes qui viennent sur le stand.

Le but de ce groupe d’étudiantes en sociologie du genre est de parler d’égalité hommes-femmes, de féminisme et, évidemment, de genre. Pour cela, elles ont trouvé l’idée de ce lieu temporaire, un stand qui « donne des informations pour être autonome dans sa sexualité, pour s’épanouir dans son rapport au corps » note Julie. L’occasion d’aborder avec curieux et curieuses, réticents, interloqués ou hostiles, des sujets intimes, donc difficiles à aborder, qui touchent « aux infections sexuellement transmissibles, aux grossesses non désirées, à la construction sociale de l’identité ».
_ CLITO envisage à égalité toutes les sexualités, toutes les pratiques qu’elles soient hétérosexuelles, homosexuelles ou autres, à partir du moment où il y a respect mutuel et plaisir.

CLITO, c’est actuellement une douzaine de bénévoles, des jeunes femmes. La non-mixité n’est pour l’instant pas un choix, mais pour Julie et Astrid, c’est un « outil de déconstruction contre les oppressions et les assignations de genre ». Cela permet la prise de parole dans l’espace public, un « outil d’empowerment » comme le souligne Julie.
_ À la fois, CLITO cherche à s’adresser à tous les étudiants, dans « une perspective féministe de déconstruction du genre ».
Le collectif travaille en partenariat avec la médecine préventive de l’Université du Mirail. Les militantes donnent des conseils, discutent, mais en cas de demandes médicalisées, elles redirigent vers la médecine préventive, car « on est dans la même logique, leur service gynécologique est bon » note Astrid.

Éducation populaire pour un féminisme de terrain

Ce qui a motivé l’engagement de Julie et d’Astrid part d’expériences personnelles, d’une prise de conscience des inégalités entre hommes et femmes. Pour Astrid, le mode d’action du collectif correspondait à sa « manière de débuter dans le féminisme », comme un tremplin pour structurer sa pensée. CLITO leur permet de rendre concret leur engagement féministe.
_ Pour beaucoup d’entre elles, ce qu’elles apprennent dans l’association sont des outils pour leurs projets professionnels. Julie travaille au Planning familial, une militante veut être sexologue, et une autre souhaite travailler dans les politiques publiques d’égalité entre hommes et femmes. C’est la « volonté de faire changer la société et pourquoi pas le faire par un travail rémunéré » comme le dit Julie.

L’action pédagogique que mènent les militantes de CLITO nourrit aussi l’association en interne, « c’est un vivier de savoirs, de compétences à se rapproprier et à retransmettre à d’autres ». Une véritable dynamique de transmission et de partage de savoirs autour des sexualités, des corps et du féminisme au quotidien qui est propre à l’éducation populaire. Cette forme d’engagement est importante pour le collectif.
_ Pour Julie, « on est pas dans une posture de discours, mais on est là pour donner des armes ». Son engagement se place dans une perspective historique des luttes d’émancipation. « On utilise les outils d’éducation populaire réactualisés à la sauce féministe, explique Julie. La force de l’association c’est de travailler sur des questions politiques et intimes et ça, ça fédère. On est un groupe de copines avec un engagement personnel fort ».

Site du Collectif pour des sexuaLItés auTOnomes