Les Sanofi de Toulouse se sont rendus pour la deuxième fois à Paris, le mardi 29 janvier, pour protester contre les licenciements boursiers. Ils étaient accompagnés d’autres entreprises françaises qui connaissent le même sort. Retour sur cette mobilisation et sur l’état actuel du site de recherche toulousain.

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Le 5 juillet 2012, la direction générale de Sanofi avait annoncé son désengagement d’une partie de sa recherche et un plan de restructuration. « L’écosystème scientifique toulousain » était jugé « non fertile » par la direction, justifiant le désengagement du site. « C’est une énormité » s’exclame Laurent Besson-Imbert, délégué syndical Sud Chimie à Sanofi Toulouse. Pour lui, il y a un « paradoxe de vilipender Toulouse alors que la direction de Sanofi veut faire un appel aux start-ups pour remplacer le site de recherche ».

L’avenir de Sanofi suspendu

La stratégie de la direction de départs volontaires s’est figée suite à la mobilisation des salariés qui ne veulent pas abandonner leurs missions de recherches sur le cancer et la tuberculose.
Le 11 mars, le tribunal de Grande Instance saisi par les syndicats des sites de Sanofi rendra sa réponse quant au plan de restructuration de l’entreprise pour lequel il manque des éléments juridiques. « Ça nous permet de gagner du temps, trois à six mois » juge le représentant syndical Sud.

Actuellement, la direction de Sanofi envisage pour Toulouse un plan de départs volontaires et des mutations sur les sites de Lyon et Paris qui concerneraient 200 personnes. L’intersyndicale de Sanofi estime que la deuxième phase de restructuration qui cible particulièrement Toulouse pourrait affecter 400 salariés.
Néanmoins, la direction se garde de donner plus d’éléments et des réponses concrètes aux demandes des salariés.

Pour Laurent Besson-Imbert : « ça crée des situations personnelles compliquées et dangereuses. Il y a beaucoup de problèmes de santé mentale, 360 salariés ont consulté des psychologues récemment ».
Le syndicaliste dénonce le pouvoir de la finance contre une entreprise qui a des missions de santé publique en cours et fait 9 milliards d’euros de bénéfices.

Les Sanofi restent mobilisés

Les Sanofi de Toulouse ont participé à la manifestation nationale contre les licenciements boursiers, le mardi 29 janvier à Paris.
Ils étaient 800 salariés, réunissant la plupart des entreprises françaises confrontées à des licenciements et des restructurations : Pilpa, Goodyear, PSA, Fralib, Candia, la liste est longue.

Dans le cadre des Licenci’elles, un collectif créé par des jeunes femmes, anciennes salariées des 3 Suisses, les travailleurs mécontents se sont rendus au ministère du Travail dans le « but d’interpeler le gouvernement à voter une loi contre les licenciements boursiers » note Fatiha, adhérente à la CFDT. « C’est un mouvement qui débute, c’est prometteur. Les Licenci’elles ont un rôle de coordination » note la salariée de Sanofi.

Pour Laurent, de Sud, « l’initiative est positive, il y a eu une bonne couverture médiatique ». Toutes ces entreprises en difficulté veulent, selon le délégué syndical, « rappeler à Hollande ses promesses pour attaquer la finance qui détruit l’emploi et provoque le chômage ».

Au niveau local, « les gens restent impliqués grâce à une intersyndicale forte et porteuse » estime Fatiha. Et les Sanofi ont des projets. Ils organisent un concert le 10 mars au Bikini avec HK & Les Saltimbanks et le Bal Républicain. Les salariés y invitent d’autres entreprises qui connaissent la même situation et la population pour « une prise de conscience des dégâts de la finance dans les entreprises ».

Ailleurs dans la région

  • Le 8 janvier, la société Virgin a annoncé le dépôt de bilan suite au retrait de son actionnaire majoritaire, Walter Butler. Les salariés de Virgin Roques-sur-Garonne ont appris la nouvelle par les médias et ne semblent pas tenus informés du devenir de leur entreprise.
  • Le 4 février, la CGT de Freescale Toulouse annonçait le rachat par une entreprise chinoise des équipements de l’usine, dénonçant le licenciement des 821 salariés de l’usine, dont 431 du secteur recherche et développement encore en sursis, dans une « entreprise qui fait des bénéfices ».
  • Le 7 février, la cour d’appel de Toulouse a rendu la société américaine Molex Inc. co-responsable du licenciement de 283 salariés du site de Villemur-sur-Tarn, invalidant le motif économique. Les 193 ex-salariés qui ont saisi le tribunal des prud’hommes pourront faire valoir le caractère boursier de leurs licenciements.