« The Impossible » raconte l’histoire d’une famille prise au piège par les eaux lors du tsunami de 2004 en Thaïlande. C’est seulement le deuxième film du réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona et pourtant les prouesses techniques sont indéniables. Avec Naomi Watts et Ewan McGregor, le film est poignant et transporte le spectateur au cœur de l’une des pires catastrophes naturelles du 21ème siècle.

Le 26 décembre 2004, un tremblement de terre d’une magnitude exceptionnelle, 9 sur l’échelle de Richter, est enregistré au large de l’île indonésienne de Sumatra. Il est aussitôt suivi d’un tsunami gigantesque qui s’abat sur toutes les côtes des pays de l’océan Indien dont la Thaïlande. La catastrophe fait 230 000 morts dans treize pays de la région.

Les Alvarez-Belon, une famille de touristes espagnols, passent alors leurs vacances de Noël à l’hôtel Orchid Beach Resort à Khao Lak, Phuket, en Thaïlande. Lorsque la vague déferle, le couple et leurs trois garçons de 5 ans, 8 ans et 12 ans, se retrouvent au beau milieu d’un véritable cauchemar.

Lorsqu’ils sortent la tête de l’eau, ils ont été séparés par les flots, impuissants face à la colère de Dame Nature. La mère (Naomi Watts) gravement blessée retrouve son fils aîné, Lucas (Tom Holland), tandis que le père de famille (Ewan McGregor) réussit à rejoindre les deux plus jeunes garçons accrochés à un arbre. Dans l’enfer qui suit la catastrophe, la famille réalise l’impossible : survivre et se retrouver.

the_impossible_affiche.jpg

Un film bien structuré avec des effets spéciaux réalistes

C’est cette histoire vraie que le réalisateur espagnol a voulu raconter. Le pari était risqué. Comment faire comprendre aux spectateurs l’ampleur de la catastrophe ? Comment mettre en avant la volonté de cette famille de s’en sortir, de se battre pour se retrouver malgré l’horreur, le chaos et la peur ? Juan Antonio Bayona a réussi son pari. Le film est très réaliste et conduit les spectateurs au cœur du tsunami.

Quasiment deux ans après Clint Eastwood avec son film « Au-Delà », le tsunami de 2004 est de nouveau porté à l’écran. La reconstitution de la catastrophe fait appel à des prouesses techniques indéniables. Le réalisateur a choisi de ne pas utiliser d’eau numérique pour être au plus près de la vérité. Pas d’images de synthèse donc mais un véritable bassin de 75 mètres de long et de 15 mètres de large pour recréer la vague destructrice. Avec l’utilisation d’effets spéciaux plus classiques, dont des maquettes submergées par les flots, le réalisateur n’a pas lésiné sur les moyens. Il a fallu un an de préparation pour reconstituer le raz-de-marée.

the_impossible_pere_et_fils.jpg

Des acteurs connus pour pouvoir réaliser le projet

Pour obtenir le budget nécessaire pour faire le film, Juan Antonio Bayona a dû faire appel à des acteurs de renommée internationale. Il aurait été impossible de trouver les fonds nécessaires en Espagne. La grande majorité des dialogues était de toute façon en anglais puisque c’était la langue parlée par la famille lors de son séjour en Espagne.

Le duo Naomi Watts-Ewan McGregor fonctionne d’ailleurs très bien. Ils ont déjà joué ensemble et sont crédibles en tant que couple. Ils réussissent à émouvoir le spectateur sans tomber dans la caricature. Toutefois, l’influence des blockbusters hollywoodiens se fait ressentir sur quelques scènes larmoyantes où la musique est un peu trop présente. Lorsque les trois enfants retrouvent leur père, le réalisateur en fait un peu trop mais cela fonctionne. L’émotion est là et bien là.

the-impossible_maria_et_fils.jpg

Impossible de ne pas être ému

C’est un film qui fait pleurer. On pleure à cause de la souffrance, de la séparation, de la solidarité qui se crée entre des êtres humains qui ont tout perdu et qui malgré tout s’entraident. On pleure car on sait que ce sont des faits réels, que ce chaos a vraiment existé. Certes, les cinq membres de la famille espagnole ont survécu, mais qu’en est-il des autres ? Beaucoup de familles ont été déchirées par le tsunami qui a fait environ 5 200 orphelins.

Lorsque la famille rejoint l’aéroport pour être rapatriée, des cadavres sont alignés à même le sol. Ces personnes anonymes n’ont pas eu la chance de survivre. Dans l’avion, les membres de la famille espagnole ont une pensée pour les familles qui ne se retrouveront jamais, pour ceux qu’ils ont rencontré et pour qui le 26 décembre 2004 restera gravé comme un jour funeste.

L’émotion est omniprésente dans ce film sensoriel. Juan Antonio Bayona a voulu impliquer le spectateur en faisant appel à son imagination et à ses sentiments. Pour cela, il a choisi de mettre l’accent sur les sons et sur les écrans noirs. Le film commence d’ailleurs sans image mais avec le bruit de l’eau, de l’océan qui se déchaîne. Le réalisateur nous met d’emblée dans l’ambiance. Juste après le raz-de-marée, il propose un écran noir et un silence. Les personnages ont-ils survécu ? Où sont-ils ? L’horreur prend alors toute sa dimension.

Contrairement à ce que pensent certains critiques, le film n’est pas mélodramatique car le réalisateur ne montre pas tout au spectateur. Il ne tombe pas dans le sensationnalisme et laisse au contraire la place à la subjectivité. Le film est simplement réaliste, et tout comme les personnages, le spectateur ne ressort pas indemne d’une telle expérience.