RUSF.jpg Les études ne se font pas sereinement pour tous. Venus des quatre coins du monde pour accéder à une meilleure formation, nombre d’étudiants se voient vivre dans la clandestinité. À Toulouse, le Réseau Université Sans Frontières s’est emparé du problème.

Difficile d’estimer le nombre d’étudiants sans-papiers. En effet, pour ces jeunes venus de partout, la meilleure stratégie est encore de se cacher, afin d’éviter l’expulsion, véritable épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Après des années de droite et de politiques restrictives en matière d’immigration, la venue de François Hollande pourrait être synonyme d’espoir. Pourtant, on se souvient de la froide déclaration de Manuel Valls, en juin dernier : «Être de gauche, ce n’est pas régulariser tout le monde et se retrouver dans une impasse». Qu’en est-il réellement aujourd’hui ?

Quand la Préf’ se heurte à la fac

«Normalement, les facs ne peuvent pas exiger de leurs étudiants qu’ils soient en règle au niveau de leurs papiers» , explique Clotilde, membre du Réseau Universités Sans Frontières Toulouse. Ce collectif, remonté l’année dernière, compte une dizaine de militants actifs. «Nous faisons de l’accompagnement pour les étudiants qui sont en galère administrative, nous les mettons en relation avec des avocats», poursuit-elle. Les ennuis s’alourdissent lorsque les étudiants sans-papiers reçoivent leur Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Et c’est toujours le même motif qui revient : manque de sérieux et d’assiduité dans les études.« En réalité, on met trop de bâtons dans les roues de ces étudiants, ce qui les pousse à changer souvent de fac, de filière, de ville. Cela génère beaucoup de difficultés, parfois des redoublements», précise la militante.

Immigration étudiante

L’une des promesse-phares de François Hollande était d’abroger la circulaire Guéant (2011), la bête noire des étudiants étrangers. En effet, ce texte permettait aux préfectures d’effectuer un contrôle plus strict sur les étrangers diplômés, et de diminuer sensiblement le nombre d’autorisations de travail, provoquant inéluctablement la reconduite à la frontière. Promesse tenue, puisque Manuel Valls l’abroge en mai dernier. Mais, pour le Réseau Universités Sans Frontières, le combat est loin d’être terminé : beaucoup d’étudiants étrangers méconnaissent leurs droits et s’enfoncent dans une précarité qui ne leur permet pas de réussir leurs études, comme leurs camarades français. «Ce système est pervers et stigmatisant ; il est synonyme d’exclusion et donne des privilèges aux Français», s’indigne Clotilde. Ainsi, le RUSF Toulouse continue son action, notamment sur le plan de la sensibilisation du grand public aux politiques migratoires. En rêvant d’un monde où le savoir n’aurait pas de frontières.