Dimanche 26 mai 2019, Jérôme Amandi, plus connu sous son nom d’artiste Talisco, était de passage dans la Ville rose à l’occasion d’«Arnaud B. Le grand live ! », concert en plein air organisé par le Toulouse eclectic urban festival. Il a troqué la couronne arborée sur la pochette de son dernier album Kings and Fools pour une casquette et a répondu à nos questions avant de monter sur scène. De sa créativité débordante à son projet Old Caltone, retrouvez son entrevue en lecture et en écoute.

Dans une entrevue accordée aux Inrockuptibles en 2017, vous affirmiez ne pas vouloir intellectualiser votre musique, ne pas en faire quelque chose d’élitiste. Est-ce que participer au Teuf de Toulouse, lors d’un concert gratuit, est un clin d’œil à ce principe ?

Non, pas vraiment, c’est beaucoup plus simple que ça. Je réponds juste à une demande de festival qui a l’air cool. Après, le fait que ce soit gratuit, je l’ai appris après et je trouve ça plutôt sympa mais il n’y a pas un engagement de ma part. Je me renseigne simplement de mon côté : les artistes qui sont passés, où est-ce que ça se passe dans Toulouse.

Dans votre musique on sent un vent de liberté, une espèce de chevauchée fantastique. Est-ce qu’enchaîner composition et tournées depuis la sortie de votre premier album Run en 2014, ne vous éloigne pas de ce sentiment de liberté ?

Forcément, on est rattrapé par le système de la musique qui fait qu’on est en permanence pris dans une espèce de tourbillon. Tourbillon qui n’est pas désagréable non plus. C’est de la composition, des tournées, des parties promotionnelles etc. Quoiqu’il arrive, j’ai la chance d’apprécier vraiment ce que je fais au quotidien. Donc j’ai toujours du recul et j’ai toujours la sensation d’avoir ce sentiment de liberté dans l’écriture de ma musique, que je n’ai pas vraiment perdu en fait. Donc tout va bien par rapport à ça.

Vous avez sorti, en mars dernier, votre troisième album : Kings and Fools. Dans le titre, on sent déjà un paradoxe qui s’annonce. Parmi eux, on reconnait souvent votre musique à l’effet chorale. Et, en même temps, vous revendiquez le fait d’aimer composer moins entouré d’instruments et même de personnes.

Composer, déjà, c’est plus fort que moi, j’ai besoin de faire ça. C’est mon jeu quoi, c’est un loisir à la base, une nécessité mais un loisir aussi. Donc je le fais quoiqu’il arrive. Quand je compose, je m’affranchis de tous mes problèmes et je m’inspire de ce que j’ai vécu.

« Donc la scène fait partie de mes influences aujourd’hui. »

C’est quelque chose qui vient marquer mes compositions. De toute façon, j’ai besoin des deux. C’est important pour moi de me recroqueviller, de pouvoir exprimer tout ce que j’ai à exprimer, de pouvoir le retranscrire en musique. Et après, la scène c’est le moment où tu fais autre chose, où tu l’exprimes d’une autre façon. Les deux sont complémentaires.

Votre musique est souvent liée à des aspects visuels : une scénographie assez particulière, l’illustration de publicités et, récemment, d’un téléfilm sur France 2. Est-ce que ça traduit plutôt un passé dans la communication ou un avenir, peut être, dans les arts graphiques et le cinéma ?

En fait, aucun des deux. Mon passé dans la com’ n’a aucune influence dans la musique. Parce que je n’était pas dans la musique quand je bossais dans la com’. Vraiment rien à voir, je faisais des trucs dans le web. Il n’y aura pas de futur dans la com’ parce qu’aujourd’hui je fais vraiment ce que j’aime. J’aimais bien ce que je faisais, j’aimais mon boulot, c’était très cool, mais je ne me servirai pas de la musique pour l’intégrer dans le marketing, ça ne m’intéresse pas.

« Dans la musique j’y vois une bulle artistique, tout simplement. »

Après, il y a des marques qui se servent de ça mais je n’y suis pour rien. Il y a une sorte d’appel inconscient auprès des marques mais je n’ai pas cherché à déclenché quoique ce soit. Tout l’aspect commercial, marketing, je ne m’en soucies pas. C’est vraiment un souci de label. J’ai cette chance et j’ai vraiment envie de la préserver.

Et continuer à travailler sur des projets comme le court-métrage réalisé à la sortie de Run, est quelque chose qui vous intéresserait ?

Oui, bien sûr. C’est quelque chose que j’aime oui. Créer des courts-métrages avec des musiques. Mais ça, c’est encore autre chose, on reste dans un aspect très créatif et artistique. Ça, ça m’intéresse oui.

Côté création, vous faites la promotion, depuis quelques temps sur Twitter, du projet Old Caltone. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

Avec Old Caltone, je me suis offert une petite fenêtre il y a un an et demi. J’avais trois, quatre mois devant moi et ça faisait un moment que j’avais envie de le faire. J’ai voulu écrire un album autour de Dracula, qui m’a toujours fasciné.


C’est un album que j’ai fait en quatre mois, très vite, parce que je n’avais pas beaucoup de temps. Et en même temps, ça faisait partie d’un challenge parce que, si je ne le faisais pas à ce moment-là, je n’aurais pas pu le faire de toute façon.

« C’est un album que j’ai réalisé, mixé, tout seul. C’est vraiment un projet complètement à part, qui n’a rien à voir. »

Je l’ai sorti sans qu’il n’y ait trop de communication autour de ça, parce que ce n’était pas forcément le propos. Mais moi, ça m’a éclaté, c’était comme un exutoire artistique. Aujourd’hui, ça me fait marrer parce que c’est utilisé dans des séries Netflix et ça m’a complètement échappé. Et je trouve ça génial alors j’en parle parce que je suis plutôt fier, c’est cool.

Dans le clip de « Closer », un des titres de votre dernier album, vous dansez de manière assez frénétique. Est-ce que ça fait partie de votre rituel avant de monter sur scène, comme dans quelques minutes ?

Oui, ça peut en faire partie. On va dire que, quand on monte sur scène, on a une façon de s’échauffer qui est plus de l’échauffement sportif, comme si on allait monter sur un ring. On ne va pas se battre, ce n’est pas l’idée. Mais on sait qu’on va se dépasser, on sait qu’on va faire quelque chose de différent. On va rencontrer des gens que l’on ne connait pas, on va s’exprimer devant eux.

Du coup, il y a une forme de challenge.  Mais, non , on ne se met pas à danser comme des fous, n’importe comment, on s’échauffe un peu comme des sportifs.

Et sur scène ?

Sur scène, ça dépend. Mais souvent sur scène, oui.

Vous pouvez aussi écouter cette entrevue :

Talisco sera en concert au Bikini le 6 octobre 2019.