Les jeunes d’aujourd’hui sont nés à l’ère d’internet. Ces « natifs du digital » comme on les appelle, ont ainsi développé un ensemble de connaissances numériques. Mais de plus en plus, ces outils qui font le quotidien des Français dans la sphère privée, apparaissent comme des dispositifs utiles aux institutions. Aussi, les établissements de l’enseignement supérieur doivent entreprendre eux aussi cette révolution numérique. Pour ce faire, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) a lancé il y a quelques années son grand projet pour l’Université, mais beaucoup d’efforts restent à faire.

Indéniablement, le numérique a investi l’institution scolaire. De la maternelle à l’université, il est inévitable mais surtout de plus en plus utile. Ne serait-ce que dans le second degré, par exemple en 2010, on dénombrait 164 040 postes d’ordinateurs, soit un ratio de 3 jeunes par poste. Parmi les outils à la disposition de ces élèves: leur emploi du temps en ligne, des documents et ressources pédagogiques, leurs bulletins de notes ou encore leur agenda. Des données qui montrent que le numérique est devenu l’allié indispensable des professeurs, des élèves, et même de l’administration.
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Mais à l’heure du tout numérique et alors que différents usages se développent, il s’agit d’encadrer ces pratiques nouvelles. C’est aujourd’hui le rôle que se donnent les universités: à la fois éduquer aux NTIC, les utiliser comme des outils de plus en plus adaptés aux différents niveaux d’enseignement, s’en servir pour développer l’insertion professionnelle des étudiants comme le rayonnement de leurs établissements.

Un intérêt réel pour les élèves
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En France en 2012, 40,24 millions de Français de plus de 11 ans sont des internautes réguliers, soit 72% de la population globale. Un chiffre en perpétuelle augmentation certes, mais qui ne doit pas faire oublier que près de 28% des Français ne sont pas familiers des NTIC. Pour des raisons financières, techniques, géographiques ou tout simplement idéologiques, presque 1/3 d’entre eux évoluent hors des réseaux. Alors l’Université redouble d’efforts pour que les élèves qui n’ont pas choisi cette situation ne soient pas victimes de « la fracture numérique ».
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Les efforts au niveau des infrastructures, engagés depuis presque quinze ans, se poursuivent sans cesse pour que les instruments du numérique soient mis à la disposition de tous les étudiants: réseaux wifi, généralisation des ENT, achat d’ordinateurs neufs, investissements dans les tablettes tactiles, font par exemple, partie des dépenses incontournables de tous les établissements. Ainsi, parmi les principaux lieux de connexion cités par les Français en 2010, les établissements scolaires arrivent en 4ème position.
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L’utilisation des outils numériques est par ailleurs encadrée et encouragée. Le C2i, obligatoire en université, et plus récemment le C2i2e, ont pour objectif de renforcer les compétences numériques et favorisent les suivis individualisés. Le recours aux ENT par les professeurs comme les élèves, transforme les pratiques: les ressources pédagogiques sont désormais accessibles en temps réel sur internet.
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Mieux encore, les universités ont le souci d’investir dans de nouveaux outils. L’objectif: perfectionner ceux qu’elles possèdent déjà, les rationaliser, mais également innover pour rester dans la course. C’est ainsi qu’a germé l’idée de développer des e-portfolios et d’utiliser les réseaux sociaux pour améliorer l’insertion professionnelle des étudiants. De nouvelles pratiques plus personnalisées favorisent dans le même temps l’apprentissage sous toutes ses formes. L’e-learning ou le podcast de cours magistraux sur le site internet des écoles font entrer l’université chez ceux qui sont trop loin pour y accéder.

Une meilleure formation à la pédagogie universitaire numérique
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Face à un monde qui change constamment, le numérique doit permettre une évolution des dispositifs de formation. Mais parmi les enseignants, tous ne sont pas prêts. Si 45% des professeurs affirment avoir suivi des formations à l’usage pédagogique des outils numériques, celles-ci sont généralement de très courte durée (1/2 journée environ).

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_ Et si la majorité d’entre eux estiment être assez familiers de ces nouveaux outils, beaucoup regrettent que leur formation pédagogique ne soit pas plus importante, car la technique ne permet pas tout. Les formations, souvent trop généralistes, ne sont pas adaptées à leur champ disciplinaire.
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Ils sont nombreux aussi à s’inquiéter de l’entrée des NTIC à l’école, car les nouvelles technologies, selon eux, ne peuvent pas remplacer le contact direct avec les étudiants, parfois effacé par l’usage du numérique.
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Pour que les professeurs soient capables de s’adapter à la diversité de leurs publics et renforcer l’efficacité de leurs enseignements, une formation individualisée semble donc nécessaire. Si elle n’a pas encore été entreprise pour le moment, elle devrait faire partie des réformes que le gouvernement annoncera bientôt, car le travail de réflexion au sein des institutions est déjà bien avancé.

Investir dans le numérique, un pari payant
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Mais les établissements du supérieur défendent aussi leurs propres intérêts dans l’affaire. De plus en plus en effet, le numérique apparaît comme un levier sur lequel il faut parier pour ne pas manquer le coche. Et en donnant de la visibilité aux universités, les NTIC rendent ces structures plus attractives dans un contexte extrêmement concurrentiel.
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_ Ainsi, si en 1990, le pourcentage des étudiants étrangers en France était de 9,4%, en vingt ans, il a assez peu évolué, puisque leur part en 2011 n’était encore que de 12,3%. On note également que la réputation des universités françaises se cantonne à l’Union Européenne. L’Allemagne et l’Italie sont en effet les clients privilégiés du commerce de la connaissance française. Mais de nombreux pays d’Afrique du Nord – anciennes colonies -, favorisent également les partenariats avec les universités françaises, aidés en l’occurrence par leur francophilie.
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A l’opposé, les élèves du Japon, de la Chine, du Mexique ou encore des Etats-Unis sont peu à intégrer les cursus universitaires français. Dans le classement QS Word University Ranking 2011, l’ENS de Paris se classe ainsi difficilement 33ème, derrière de nombreux établissements nord-américains, britanniques, nippons et chinois.
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_ Bref, les politiques français voient aussi dans l’investissement dans le numérique, une occasion de rénover le fonctionnement du supérieur pour le rendre plus attractif sur le marché mondial. En y appliquant les standards d’une éducation mondialisée, ils espèrent rendre l’enseignement supérieur français accessible à l’ensemble des étudiants mais aussi des professeurs.
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Reste à savoir, si en période de crise, de tels changements peuvent être opérés en profondeur, car face aux impératifs financiers, l’innovation n’est pas toujours prioritaire.