Depuis quelques années, une nouvelle pratique sportive a envahi les parcs français, le slackline. L’objectif: marcher ou encore faire des figures acrobatiques sur une sangle élastique, tirée entre deux arbres. Cependant, certains slackeurs ont décidé de mettre la barre encore plus haute en quittant le parc pour la montagne. La highline est née.
Perché entre deux falaises, uniquement relié à la vie par une corde solidement fixée à sa « slack », Gautier avance tranquillement au-dessus du vide. Près de 80 mètres le séparent du sol. On aperçoit le petit village de Saint-Antonin-Noble-Val en contre bas. Nous sommes sur les hauteurs des gorges de l’Aveyron. Un lieu propice aux promenades dominicales en famille, ou bien comme c’est le cas en cette journée ensoleillée, à la highline.
Cette pratique sportive plutôt extrême – car il s’agit ni plus ni moins de funambulisme – est un pur produit américain, née en Californie à la fin de la décennie 1980. Marcher sur une sangle molle, ou slackline, est devenu courant et il n’est pas rare de tomber sur des slackeurs dans certains parcs français. Tendue entre deux arbres, la sangle peut même servir de véritable trampoline sur lequel les pratiquants effectuent des figures variées. Certains comme Gautier parviennent même à exécuter un salto arrière sur une « jump line ».
Cependant c’est en montagne qu’il profite le plus de son sport. « J’ai commencé la slackline il y a trois ans, et cela fait à peu près un an et demi que je fais de la highline, c’est à dire entre deux falaises », raconte Gautier entre deux traversées de la ligne de 55 mètres. « C’est ici que j’ai commencé ». Le panorama est grandiose. Les rayons du soleil percent les quelques nuages et touchent la vallée aléatoirement. Les couleurs automnales ajoutent un charme particulier à l’endroit.
La passion de la montagne
« Tout est à faire », ajoute Gautier, « c’est un sport nouveau et il y a tellement de spots à ouvrir ». Des « spots », il en a ouvert une vingtaine en moins de deux ans. Afin de tendre une slack, Gautier et ses amis doivent percer la roche avec un outillage professionnel et surtout très lourd, afin d’y installer de quoi supporter une très forte pression. C’est un travail fatiguant, difficile et risqué, même si ces derniers sont constamment solidement harnachés. L’opération peut durer une journée entière, car tirer une sangle de plusieurs dizaines de mètres afin d’obtenir la parfaite tension est loin d’être évident, malgré du matériel très onéreux. Les jeunes funambules bivouaquent donc souvent avant de profiter de leurs installations. Il faut dire aussi que leur terrain de jeu n’est pas tout proche de la civilisation, même s’il arrive à Gautier et son ami Paulo de tendre une ligne sur des infrastructures, comme ce sera le cas en novembre prochain, sur la basilique de Pibrac !
Un sport dangereux ?
« Non ». La réponse du Toulousain est claire et nette. « C’est moins dangereux que la grimpe, car si tu tombes tu peux toujours te faire mal sur la roche. Dans le cadre de la highline, tu tombes dans le vide. Que ce soit avec 300 mètres ou 10 mètres de vide c’est la même chose. Là où c’est dangereux c’est sur les installations. C’est pour cela qu’on prend le temps et que l’on est très attentif à ce que fait chacun. Pour le moment n’y a eu jamais d’accident car les gens sont soigneux sur les installations. »
Parachutisme, escalade, canyoning, saut pendulaire, ce jeune conducteur de poids lourds est avant tout un amoureux de nature autant que de sensations fortes : « C’est une autre manière de faire de la montagne, et c’est surtout un véritable défi contre soi-même ». Même attaché, il faut du cran pour traverser le vide sur une sangle suffisamment élastique pour subir le moindre petit souffle de vent. Assis au bord de la falaise, l’un des amis de Gautier observe la traversée de ce dernier et esquisse un sourire quand le funambule tombe en poussant un hurlement de rage : « Ce n’est pas le fait de tomber dans le vide qui est le plus gênant, c’est le fait de ne pas réussir à faire le parcours jusqu’au bout. Si tu veux progresser dans ce sport, il faut être extrêmement têtu et ne jamais accepter l’échec ! ».
Au final, le Toulousain parvient à traverser les quelques 55 mètres avec une facilité presque déconcertante et qui force l’admiration. « Cette pratique est très addictive. Dès que tu arrives à passer une ligne, tu as tout de suite envie d’en passer une plus longue ! », souffle-t-il.