Dans un monde en perpétuelle évolution, l’apprentissage tout au long de la vie apparaît comme un atout professionnel. Confrontés donc à un marché du travail encombré mais surtout très sélectif, beaucoup de jeunes et de moins jeunes, font le choix de reprendre des études. Se donner une seconde chance pour mieux satisfaire les attentes des employeurs, tel est le credo de ces étudiants-adultes, qui plusieurs années après l’obtention de leur diplôme, reprennent le chemin de l’école.

201102174d5c9dbd99989-0_1_.jpg

Ils sont de plus en plus nombreux aujourd’hui à s’accorder une année ou plus pour renouer avec les études. Tant est si bien qu’actuellement, ces élèves des générations antérieures représentent presque 10% de la population estudiantine. Parmi eux, une grande majorité fait paradoxalement déjà partie des actifs, mais par envie de se spécialiser ou tout simplement parce qu’ils aspirent à d’autres horizons, ils quittent pour un temps le monde du travail. Parallèlement, une autre réalité subsiste. 40% de ces nouveaux étudiants sont des demandeurs d’emploi. Leur objectif: changer de secteur ou accroître leur niveau d’études pour gagner des points dans la course aux diplômes.

Des reprises d’études encadrées et encouragées
_
_
Majoritairement âgés d’une trentaine d’années, jeunes parents pour la plupart, ces étudiants d’un genre nouveau ont des impératifs familiaux. Pour ceux qui poursuivent leur activité pendant leur reprise d’études, le rythme de travail est donc difficile à combiner avec leur vie de famille. Mais surtout, l’argument économique fait la différence. Aussi, pour enrichir les compétences des actifs, les employeurs favorisent les compromis plutôt avantageux.

Marie, professeur de lettres depuis quatre ans, voudrait préparer le concours de l’Agrégation. Pour se donner un maximum de chances, elle a sollicité un « congé de formation professionnelle ». Elle pourra ainsi mettre son activité d’enseignante entre parenthèses pendant un an sans perdre son travail. Pendant cette période, elle sera rémunérée à 80% de son précédent salaire. Une légère baisse, qui n’impactera pas vraiment son quotidien, comme elle l’explique: « J’ai mûri ce projet depuis l’obtention de mon CAPES et depuis 4 ans, j’économise pour pouvoir préparer sereinement mon concours ». Pourtant la jeune femme sera tout de même soumise à des impératifs de réussite, car une année chômée dans l’Education nationale n’est pas un cadeau qu’on peut s’offrir tous les ans: « Je dois m’engager à poursuivre dans cette profession, car l’Etat investit financièrement dans ma réussite. Si je ne réussis pas mon concours cette année, je ne pourrai pas stopper à nouveau mon activité. »

Quant au secteur privé, lui aussi s’est adapté à l’intérêt croissant des employés pour toute sorte de formations. Mieux encore: non seulement, les entreprises les acceptent, mais de plus en plus elles les encouragent. Adrien, jeune cadre d’une entreprise spécialisée dans les réseaux d’information, a donc bénéficié de plusieurs formations qui lui permettent d’être plus performant dans son travail: « Très rapidement la société m’a offert de participer à des stages qu’elle finançait elle-même. C’est comme ça, que j’ai appris à utiliser certains logiciels récents, que je me suis familiarisé avec le management d’entreprise, que j’ai obtenu mon habilitation électrique. Même l’anglais y est passé », explique-t-il. Les jeunes, mais aussi les salariés de longue date peuvent donc bénéficier de ces « périodes de professionnalisation » pour actualiser leurs connaissances. Une posture d’ailleurs fortement encouragée à l’heure où la concurrence se fait plus âpre.

Et hors des circuits de l’emploi ?
_
_
De manière générale, il est beaucoup plus aisé de reprendre ses études en étant déjà salarié, car l’encadrement financier est un réel avantage. Pourtant si les conditions sont moins favorables pour les demandeurs d’emploi, la reprise d’études apparaît souvent comme une solution efficace et, pour la faciliter, l’Etat et Pôle Emploi soutiennent certains projets.

Si l’Etat octroie des bourses d’enseignement supérieur jusqu’à l’âge de 28 ans, passé ce stade, il considère que les étudiants ont intégré le marché du travail et sont en mesure de subvenir à leurs besoins. Pourtant devant le nombre croissant d’étudiants plus âgés, il a fallu adapter la loi. Pour les boursiers retardataires comme Anna, diplômée depuis deux ans en psychologie et pourtant au chômage, il existe donc une autre aide. « Je veux faire des études de commerce, mais je n’ai pas de connaissances en économie, je dois donc reprendre mes études en Licence 1 à 24 ans », explique la jeune fille. « J’ai beaucoup hésité, notamment parce que je ne pouvais pas financer ma dernière année, mais je corresponds aux critères d’éligibilité au FNAU », rajoute-t-elle. Le Fonds national d’aides d’urgence, s’adresse en effet aux étudiants de plus de 28 ans et de moins de 35 ans en difficulté financière. Une aubaine, pour la jeune femme, qui pourra ainsi valider son nouveau diplôme.

En dehors du circuit universitaire, une « aide individuelle à la formation » (AIF) pour les demandeurs d’emploi est proposée par Pôle Emploi. Les modalités sont néanmoins très claires: « la démarche de formation doit être cohérente avec un objectif réaliste de reprise d’emploi ou d’activité. » L’essentiel donc : investir dans des projets convaincants, qui favorisent un retour à l’emploi assez rapide. Si les conditions sont exigeantes, en 2010, sur les 650 000 euros investis dans la formation pédagogique des demandeurs d’emploi, Pôle Emploi a participé à hauteur de 107 000 euros. Un chiffre en perpétuelle augmentation d’ailleurs, qui montre que l’organisme, malgré les critiques, parie sur certains projets.

Par ailleurs dans les cas de licenciement, les sociétés en difficulté sont dans l’obligation d’encadrer leurs employés. Pascale, chargée de clientèle au sein d’une banque, vient d’apprendre qu’elle sera licenciée dans six mois. Elle est donc soutenue depuis peu par un cabinet de réinsertion professionnelle. Le bilan de compétences très détaillé qu’elle a réalisé dans ce cadre, lui a permis de se réorienter et de quitter le secteur de la finance dans lequel elle ne se sentait pas à l’aise. « Mon licenciement m’apparaît comme une opportunité. J’ai réalisé que je n’étais pas faite pour ce travail et je prépare actuellement les concours de l’enseignement. Comme j’ai un diplôme de Master, je peux présenter les concours à la rentrée prochaine et en attendant mes indemnités me permettront de m’en sortir. », explique-t-elle.

Où raccrocher ?
_
Formation-continue_banniere.jpg
_
Pour bien se former, il faut s’accorder un temps assez conséquent. Mais parce que les horaires des 26 ans et plus sont contraignants, les formations les plus appréciées sont celles qui savent s’adapter à leur rythme de vie. On trouve ainsi pléthore de combinaisons: les cours du soir, les séminaires intensifs, les cours à distance, l’alternance ou encore la formation continue. D’ailleurs devant le succès grandissant de ces nouveaux cours, de plus en plus de structures privées très onéreuses, se développent. Pourtant, elles sont loin d’être les plus compétentes.

Avant de se décider, mieux vaut vérifier que la formation est bien reconnue par l’Etat ou à défaut, connue des employeurs auprès desquels on prévoit de postuler. Le but: pouvoir faire valoir ensuite ses connaissances. Concernant les spécialisations en entreprise, les sociétés évoluent en réseau. Elles font souvent appel aux mêmes formateurs et les informations sont donc disponibles en interne.

Dans le cas d’une reprise d’études plus longue, quels que soient les aspirations du candidat, les établissements publics prennent en charge la plupart des cursus. Pour ceux qui n’ont pas obtenu leur baccalauréat avant de s’engager dans la vie professionnelle, le Diplôme d’accès aux Etudes Universitaires (DAEU) permet d’obtenir une équivalence. Cette étape passée, tous les diplômes sont accessibles, soit au sein du cursus universitaire, soit via les CAP, BTS, soit par le biais des classes préparatoires aux concours d’entrée des grandes écoles ou de la fonction publique.

Dans tous les cas, avant de s’inscrire, mieux vaut réaliser une Validation des acquis de l’expérience (VAE). Comme beaucoup de candidats à la reprise d’études se sont formés sur le tas, faire le point sur les compétences acquises grâce à l’expérience, peut accélérer l’obtention d’un diplôme ou tout simplement éviter de reprendre des études inutiles.

Bref, la reprise d’études est aujourd’hui de plus en plus facile à entreprendre, notamment parce que les aides proposées sont mieux adaptées. Mais pour que cette dernière soit bénéfique, les nouveaux étudiants doivent favoriser les choix réalistes et donc bien s’informer sur les réalités du marché du travail.