L’association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France propose des formations aux métiers manuels pour les jeunes. L’objectif est de leur transmettre des savoirs et d’acquérir une qualification professionnelle. En France, 30 000 jeunes suivent ces formations au sein des Maisons de Compagnons.

Laurent Lepage, 29 ans, a suivi deux ans de CAP en alternance pour le métier de couvreur. Après avoir effectué une mission de prévôt (responsable d’une maison de Compagnons) à Albi pendant trois ans, il est aujourd’hui responsable de la promotion du recrutement et du placement en Midi-Pyrénées. « Univers-Cités » est allé à sa rencontre à la Maison des Compagnons de Toulouse.

Laurent Lepage, responsable de la promotion du recrutement et du placement en Midi-Pyrénées

« Univers-Cités » : Quelles sont les formations proposées par les Compagnons du Devoir ?

Laurent Lepage : Pour devenir Compagnon, nous proposons trois parcours différents. L’apprentissage tout d’abord concerne les jeunes de 16 à 21 ans souhaitant arrêter l’école au collège ou au lycée. La formation dure deux ou trois ans et permet d’obtenir un CAP ou un bac pro en alternance. Les jeunes passent un contrat avec une entreprise dans laquelle ils sont formés pendant la semaine. Le soir et le samedi, ils suivent des cours théoriques et pratiques dans le centre de formation des Compagnons. En France, ils sont 65 000 apprentis.

La deuxième formation, la Prépa Métier, concerne davantage les étudiants en situation de décrochage. Ils ont quitté le cursus universitaire et souhaitent apprendre un métier. La formation dure un an et se fait également en alternance.

Enfin, la Prépa Tour de France concerne les jeunes déjà titulaires d’un premier diplôme du métier. Ils ont la possibilité de vivre des expériences professionnelles en entreprise en France ou à l’étranger. Les formations que nous proposons vont du niveau CAP au niveau licence. En France, 38 000 entreprises sont partenaires des Compagnons.

Qu’apporte de plus une formation chez les Compagnons du Devoir par rapport à une formation classique ?

Les Compagnons du Devoir sont aujourd’hui reconnus comme la grande école des Hommes de métier en compagnonnage. Les jeunes viennent chez nous car ils ont la possibilité d’être acteur de leur formation. De plus, l’insertion professionnelle est une réussite. 94% des apprentis ont un emploi après leur formation. Nous avons un réseau de Compagnons qui fonctionne très bien au sein des entreprises. Les jeunes en alternance reçoivent également un salaire attractif avec au minimum le SMIC. Je crois que pour rejoindre les Compagnons, il faut le sentir. C’est un feeling à avoir. Il faut accepter de vivre en communauté et adhérer à certaines valeurs comme l’entraide et la solidarité. Chez nous, l’émulation et l’esprit de groupe sont très présents.

Comment se passe le recrutement ?

En Midi-Pyrénées, nous proposons des formations pour 21 métiers différents. En général, on a plus de demandes d’inscription pour les métiers de bouche (boulanger, pâtissier) que pour les métiers comme couvreur ou chaudronnier. Ce sont les entreprises qui déterminent les potentiels d’embauche. Elles proposent un nombre de places en fonction du tissu de l’économie française. Lorsque l’on a trop de demandes, ce sont les premiers arrivés qui sont les premiers servis. Les apprentis cherchent eux-mêmes leur entreprise. Pour les jeunes Prépa Métier et de Prépa Tour de France, nous prenons en charge la recherche d’une entreprise partenaire.

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Comment définissez-vous le projet professionnel avec les jeunes ?

L’objectif professionnel se détermine au fur et à mesure. Il se définit avec des professionnels du métier. Il y a beaucoup d’échanges entre les jeunes apprentis et les formateurs. Les jeunes qui suivent nos formations sont accompagnés. Contrairement au monde universitaire, ils sont encadrés et guidés. Les jeunes devenus Compagnons reviennent dans nos centres de formation pour transmettre leurs savoirs et leur savoir-faire aux jeunes générations. Et cela fonctionne. 44% des jeunes issus de nos formations sont aujourd’hui artisans ou chefs d’entreprise. Ils ont évolué dans leur métier.

Quels retours avez-vous eu de la part des jeunes ayant suivi vos formations ?

Les jeunes qui ont suivi nos formations ont acquis une expérience professionnelle solide. Ils ont appris leur métier grâce à un Compagnon expérimenté. Ils ont élargi leurs compétences et leur savoir-faire technique. Leur polyvalence est un réel atout pour les entreprises. Les Compagnons du Devoir commencent à être reconnus. Depuis novembre 2010, le Compagnonnage est inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Les jeunes sont heureux d’apprendre un métier mais aussi de partager des façons de vivre et des valeurs. Le Compagnonnage ne se raconte pas, ça se vit. C’est un mode de formation ouvert à tous et qui revalorise les métiers manuels.

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Contact : AOCDTF 28 rue des Pyrénées, 31 400 Toulouse. 05 61 14 63 10.
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