Depuis la mort de Richard Descoings, 53 ans, les hommages n’ont cessé de se manifester. En seize ans et quatre mandats, le directeur de Sciences Po Paris laisse derrière lui un parcours remarquable.

Unknown.jpgS’il y a bien un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est sur son investissement au sein de la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume à Paris. Il a mis en place de nombreuses réformes avec un seul objectif, celui de démocratiser l’enseignement supérieur. Un pari pour le moins réussi.

Des réformes parfois controversées

Richard Descoings arrive en 1996 à la tête de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Si ses premières réformes sont plutôt bien perçues dans le milieu universitaire, les suivantes font davantage polémique. Il commence avec l’internationalisation de l’IEP, en ouvrant ses portes aux étudiants étrangers qui viennent de plus de 45 pays. Le programme prévoit aussi une année obligatoire, la troisième, dans une université étrangère.

En 2000, Richard Descoings inaugure l’allongement de la scolarité de trois à cinq ans sur le modèle de la réforme LMD (Licence Master Doctorat), avec un premier cycle en trois ans et un master en deux ans. A partir de 2001, il s’attaque à des réformes autrement plus controversées. Il brise ainsi le tabou de la discrimination positive en créant une filière d’accès pour les élèves issus de zones d’éducation prioritaires (ZEP). Aujourd’hui, le programme concerne plus d’une centaine d’étudiants et a permis d’augmenter la part des enfants d’ouvriers (de 1% à 4,5%) et d’employés (de 2% à 7,5%) au sein de l’école en seulement dix ans. Par la suite, en 2004, le directeur décide d’augmenter les frais de scolarité pour les élèves dont les parents ont les plus hauts revenus. Cette décision est néanmoins tempérée par la mise en place de bourses qui permet aujourd’hui à l’établissement de compter 27% de boursiers dans ses rangs.

L’une de ses dernières réformes en date, qui n’est toutefois pas la moindre, est la suppression, à partir de 2013, de l’épreuve de culture générale au concours d’entrée. Ce système doit permettre aux étudiants d’origines sociales défavorisées d’avoir les mêmes chances de réussite que les autres. Mais cette épreuve étant l’emblème de Sciences Po, sa suppression a initié une polémique quant à la dévalorisation du diplôme sur le marché du travail.

L’image de Richard Descoings avait été ternie en 2009 après une enquête du site Mediapart qui pointait du doigt l’opacité de sa rémunération en tant que directeur. Il avait confirmé quelques jours plus tard un salaire mensuel de 24 000 euros net. Un chiffre important bien vite effacé par l’efficacité de cet homme à la tête de Sciences Po Paris qui n’a eu de cesse d’enchaîner les réformes pour ouvrir son école au plus grand nombre.

Des incursions en politique

Richard Descoings a aussi longtemps été présent dans la sphère politique, que ce soit à gauche ou à droite. Avant d’être nommé à la direction de l’IEP de Paris, il était chargé de mission au cabinet de Jack Lang au ministère de l’Education nationale et de la Culture. Il a participé à la réforme du lycée en collaboration avec Xavier Darcos. Dans un rapport qu’il a rendu après un tour de France des lycées, il proposait quatre axes de travail : améliorer l’orientation, renforcer la voie technologique, rééquilibrer les bacs généraux et développer une meilleure maîtrise des langues vivantes. Ces propositions sont toujours d’actualité.

Cet homme a ainsi su s’imposer comme une personnalité incontournable en matière d’éducation. Il est parvenu à faire bouger les choses, à réformer un système poussiéreux et à ouvrir une école prestigieuse non seulement vers l’international mais aussi vers les banlieues. Une seule question hante désormais les couloirs de Sciences Po Paris : « Qui sera capable de succéder à Richard Descoings ? »