Les Jeunes Populaires, le Mouvement des Jeunes Socialistes, le Front National de la Jeunesse, les Jeunes Démocrates, les Jeunes avec le Front de Gauche… À moins de 45 jours de l’élection présidentielle, toutes les organisations jeunes des principaux partis politiques sont en ordre de bataille. Leur objectif : changer le système… à l’intérieur du système. Tour d’horizon en Haute-Garonne.

420090_10151296857035599_890155598_23297674_44040594_n.jpg
droits réservés à la page Facebook des Jeunes Populaires 31)

Maxime Verner, 21 ans, est candidat putatif à l’élection présidentielle en 2012. S’il n’est pas garanti que le plus jeune postulant à la fonction suprême parvienne à soulever les foules, sa présence bat en brèche l’idée reçue que les jeunes et la politique ne font pas bon ménage. C’est même tout l’inverse. Car en dépit d’une méfiance de plus en plus grande envers le personnel politique, d’un sentiment de délaissement croissant, et d’un désintérêt pour les chicanes de partis comme l’illustre le sondage Ipsos de 2006, la génération Y fait corps avec la politique. Différemment. Autrement. Mobilisation transpartisane, action associative, courants de pensée alternatifs, sont autant de nouvelles pistes d’engagement pour les jeunes. Iront-ils jusqu’à reléguer aux oubliettes de l’histoire la démocratie partisane dont les partis politiques ont constitué le terreau nourricier ?

En crise, les organes partisans restent pourtant les référents de la vie politique et continuent d’attirer les jeunes adhérents. L’ambition : « Les jeunes s’engagent dans un parti car ils ont envie de changer les choses  », explique Maxime Lecourt, animateur régional Midi-Pyrénées Génération Bayrou. Tout changer, donc, au risque que rien ne change pour reprendre la célèbre expression ? Loin de l’image d’Épinal du militantisme triomphant et transpartisan de 68 influencé par les lignes manuscrites de L’Homme unidimensionnel de Marcuse, l’engagement des jeunes se traduit aujourd’hui par une volonté de changer le système… de l’intérieur. À cet égard, si comme leurs aînés, avoir la carte d’un parti constitue le stade ultime de l’engagement politique, les organisations partisanes sont travaillées par des logiques nouvelles. Le militantisme perdure, sa forme évolue.

La course aux jeunes

Premiers touchés par l’abstention, les jeunes sont pourtant chouchoutés par les politiques. Drôle d’attitude quand on sait que Nicolas Sarkozy n’aurait pas été élu en 2007 sans le concours des plus de 70 ans. Reste que la raison de cette affection du personnel politique envers cette population électorale pourtant peu adepte du jeu partisan est toute simple : « Avoir la jeunesse de son côté, c’est aussi renvoyer une image d’avenir, de dynamisme… [ Une façon] d’emporter la décision auprès des autres classes d’âge  », analyse Yves-Marie Cann, directeur d’études au département Opinion de l’institut de sondages CSA dans les pages du Nouvel Observateur. Et pour attirer cette catégorie d’électeurs, les mouvements de jeunesse constituent la voie royale.

« Les jeunes s’engagent toujours autant en politique, mais c’est vrai qu’un mouvement comme les Jeunes Populaires permet d’intéresser ceux qui hésitent à franchir le pas  » explique Guillaume Brouquieres, responsable départemental des Jeunes Populaires de Haute-Garonne. La recette du succès ? « Le militantisme est l’une de nos activités principales car les jeunes vont plus facilement dans l’espace public, mais nous essayons également de nous constituer en tant que force de proposition d’où la rédaction de projets ou la mise en place de rencontres » reprend le chef de file des jeunes de l’UMP 31.

Un pied dans l’activisme de terrain, un autre dans le débat public, les organisations jeunes deviennent de véritables touche-à-tout. Et ça marche. En tout cas, de droite comme de gauche, les animateurs de ces mouvements font le même constat : dans la lutte contre la dépolitisation partisane de la jeunesse, les organisations jeunes sont à l’avant-garde. Avec plus ou moins de succès suivant les tendances politiques.

Un succès qui ne se dément pas

Historiquement, la gauche a toujours regroupé le gros des bataillons de l’électorat jeune face à une droite plutôt tournée vers une clientèle politique grisonnante. 2012 n’échappe pas à la règle même si les jeunes militants des partis de droite sont de plus en plus nombreux. « Alors qu’il était en construction deux ans durant, le Front National de la Jeunesse connaît un succès certain, au point que l’on recrute sans cesse de nouveaux adhérents», se félicite Fabien Bourel, responsable du FNJ Haute-Garonne sans pourtant vouloir communiquer sur les chiffres.

En progression donc, mais toujours en retard sur leur alter ego de gauche. Pour Guillaume Brouquières, l’explication est simple: « C’est encore un tabou d’être de droite quand on est jeune, en tout cas socialement, c’est assez mal perçu. Alors imaginez ce qu’il faut affronter lorsque l’on prend sa carte de parti et décide de s’impliquer en profondeur dans le débat public» avant de concéder du bout des lèvres : « Peut-être que la plus faible attractivité des partis de droite est aussi due à une tendance moins affirmée à la manifestation, à la mobilisation dans l’espace public. L’extériorisation n’est pas dans notre ADN. Nous lui préférons le débat d’idée».

Une réflexion qui vise juste. Puisqu’au-delà de l’aspect politique, s’engager dans un mouvement jeune, c’est aussi vivre une expérience. S’insérer dans un collectif pour défendre des idéaux. Bref, rendre concrète la politique trop souvent perçue comme abstraite. Pour ce faire, multiplier les actions d’envergure semble la voie choisie par beaucoup à l’image de ce que dit Laura D., trésorière du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) 31: « Avec la présidentielle qui approche, le mouvement est en pleine ébullition : nous multiplions les tractages, collages, opérations réseaux sociaux, les mobilisations, les journées passées à promouvoir les idées du candidat, les réunions de travail. Le mouvement est une vraie ruche. » Une implication politique souvent difficile à cumuler avec la vie estudiantine.

Des revendications spécifiques

À l’approche de la présidentielle, les dirigeants des différents mouvements le disent tous : de plus en plus de jeunes s’engagent, n’hésitant pas à franchir le Rubicon du militantisme pur et dur après avoir été simple sympathisant. D’apparence opportuniste, ce phénomène traduit une lame de fond, celle de la centralité de l’élection suprême sous la Ve République. Un succès le 6 mai prochain, et c’est l’assurance qu’une partie des revendications seront prises en compte. Du moins, c’est le discours que tiennent les état-majors des différents partis. De droite comme de gauche, tous garantissent l’application des propositions faites par les mouvements jeunes issus de leur rang. Promis, juré !

Maxime Lecourt y croit lui: « François Bayrou est très à l’écoute des jeunes du Modem, il reprendra une majorité de nos propositions. » Même son de cloche côté UMP où Guillaume Brouquières parle de « Nicolas Sarkozy [comme] le candidat de la jeunesse. Son bilan parle pour lui. » Toujours est-il qu’à la lecture de chacun des programmes, la réalité est un peu plus contrastée. Les propositions des mouvements jeunes y sont présentes, mais en proportion réduite. Une mauvaise nouvelle ? Pas forcément si l’on écoute Laura D. : « Certes, lorsque nous sommes engagés dans une organisation jeune, nous nous devons de défendre les intérêts de cette classe d’âge, mais je ne vois pas au nom de quoi ils devraient primer sur ceux des aînés, des femmes, ou des classes populaires…» Un mot d’ordre en avril prochain: Votez jeunesse!