Le 3 février, le Premier ministre, François Fillon, rendait publique la deuxième liste liste des lauréats des Initiatives d’Excellence (IDEX). Aix-Marseille, Toulouse, Paris-Saclay, Sorbonne-Université, Sorbonne-Paris-Cité… Cinq nouvelles universités retenues pour une métamorphose totale, dans le but de rivaliser avec les meilleures du classement de Shangaï. Retour sur un projet de très grande ampleur, aux ambitions géantes.
Tout a commencé en juillet 2011. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Laurent Wauquiez, annonce, dans le cadre du projet IDEX, l’allocation de plusieurs millions à trois universités : Bordeaux, Paris-Sciences et Lettres, Strasbourg-Mulhouse.
L’université française est à la traîne, si l’on en croit les classements internationaux largement occupés par les États-Unis et le Royaume-Uni ; l’enseignement supérieur français n’arrive qu’en quarantième position dans le classement de Shanghaï (le classement de référence des universités dans le monde). En réaction à cette situation, le gouvernement ne fera pas dans la dentelle : des budgets records pour les projets les plus innovants, avec regroupement des universités et création de mégacampus pluridisciplinaires.
En ce mois de février, la liste est enfin complète : huit universités subiront un changement total.
Fusion des campus : dans bien des villes, les universités sont séparées selon les disciplines (lettres, droit, médecine). Avec le projet IDEX, les campus devront progressivement fusionner, afin de permettre la pluri (et l’inter) disciplinarité.
Un point intéressant : les grandes écoles feront également partie du mouvement, les IDEX sonnant ainsi le glas d’une étanchéité entre facultés et grandes écoles.
La création de super pôles universitaires
Avec en moyenne 40 000 étudiants, les facultés françaises sont bien loin des mégacampus américains, avoisinant les 100 000 étudiants. Un regroupement des campus permettra l’augmentation de la population étudiante.
Un autre point du projet va favoriser une recherche axée sur l’innovation. Des laboratoires de recherche associant enseignants et étudiants devraient ainsi s’implanter au sein même de ces méga-universités. Pour le projet Paris-Saclay, on en imagine 200 ! L’objectif est clair: donner jour à une recherche rajeunie et plus dynamique, alliant public et privé et rapprochant la France de la prospère Sillicon Valley.
Enfin, le projet a pour mission d’amener les universités à se tourner vers l’extérieur. Le gouvernement souhaite que celle-ci nouent plus de liens avec les universités étrangères, encourageant ainsi des échanges intellectuels propices à l’innovation. En tout, 7,7 milliards d’euros seront consacrés à la rénovation de ces universités.
À l’horizon 2020, la communauté universitaire devrait, selon le gouvernement, en sentir les premiers effets.
Le « try again » de Toulouse récompensé
Il ne faut pas oublier que Toulouse avait été recalée l’été dernier et n’avait donc pas pu accéder au graal de l’excellence. A cette époque, l’annonce avait eu l’effet d’une bombe au sein des élus et universitaires porteurs du projet. Le président du Conseil régional, Martin Malvy, annonçant « une déception et une incompréhension énormes ». Cependant, le dossier toulousain a été modifié et dévoilé le 16 décembre par le président du PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) Université de Toulouse, Gilbert Casamatta.
La principale raison de l’échec lors de la première tentative – la gouvernance résultant de la fusion des universités de Toulouse – a été remaniée et a su convaincre le jury ayant examiné le dossier. Cependant, même si elle a passé le premier stade décisionnel, l’épineuse question de la gouvernance reste entière et devra être résolue avant l’attribution des fonds, dans quelques mois.
Toulouse compte 94 000 étudiants, 7 100 chercheurs et enseignants, et regroupe 4 universités, 11 écoles d’ingénieurs, 6 instituts et écoles. Parvenir à fédérer ce gigantesque ensemble ne va pas de soi et constituera très probablement le défi majeur du projet « Université de Toulouse » (UT).