Dans le cadre du projet UT (Université de Toulouse), le montant demandé par les universités de Toulouse laisse rêveur: 1,35 milliard d’euros pourraient être débloqués d’ici les prochains mois, suite à l’obtention le 5 février dernier du label Idex, comprenez « initiatives d’excellences ». Mais ne nous emballons pas, car comme nous l’explique le directeur de l’IEP, Philippe Raimbault, le projet n’en est encore qu’à ses débuts.

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« Univers-Cités » : Qu’est ce que l’IDEX va apporter à l’IEP ?

Philippe Raimbault: Il faut savoir que nous ne sommes pas parmi les fondateurs du projet mais « classé » dans les associés, donc le statut de l’IEP est assez peu clair. Qui plus est, aucun chiffre n’est encore déterminé, Toulouse a demandé 1,3 milliard mais le montant va être négocié dans les six prochains mois. Pour vous donner un ordre d’idée, Bordeaux qui a été lauréat dans Idex 1 en juin 2011, a appris seulement en décembre le montant qui lui a été attribué. De plus, c’est une dotation et donc on ne peut pas la dépenser. Cette somme sera placée et ce sera l’argent produit qui sera utilisé. Si on a par exemple 1 milliard, que l’on arrive à placer à 5%, on arrive au final à 50 millions d’euros réellement débloqués pour les universités. La somme de départ ne pourra donc pas être utilisée directement et l’Etat aura son mot à dire dans le placement de cet argent…

Y aura t il quand même des répercussions sur l’IEP ?

Je pense que c’est quand même une bonne nouvelle que d’avoir l’Idex, parce que cela place Toulouse dans le bon wagon. C’est effectivement l’un des gros pôles universitaires français qui aura vocation à être reconnu à l’international. Après, en l’état actuel du projet, puisque l’on ne sait rien de ce que devient l’IEP, il est difficile de se positionner. Une réunion des différents associés est en train de se mettre en place pour fin février, pour que l’on essaie d’en savoir un peu plus. C’est le début, il y a des choses qui sont encore très ouvertes sur la manière de procéder à cette reconfiguration, à cette fusion des universités, parce c’est quand même cela qui est prévu dans le cadre du projet Idex. Il est question d’une fusion à dix ans, donc il faudra entrer dans la danse de la négociation pour voir si l’IEP participe de manière complète à cette fusion et s’intègre dans la nouvelle entité, ou reste un établissement associé à celle-ci. Pour l’instant, on n’a pas beaucoup d’éléments là-dessus, ne serait-ce que pour y réfléchir.

Est-ce que vous aimeriez que l’IEP fasse partie de cette entité ?

Je pense que ce que l’on a fait jusqu’à maintenant, c’est grâce à une certaine autonomie par rapport à notre université de rattachement. Sur les quinze dernières années, si l’IEP a beaucoup bougé, c’est en partie grâce à l’autonomie qu’il a acquis. Et donc nous sommes beaucoup ici à être attachés à notre autonomie. Après, cela ne veut pas dire que l’on ne doive pas évoluer, mais il faut trouver une formule qui nous permette de conserver des marges de manœuvre aussi bien au plan pédagogique qu’au plan des recrutements. Si c’est le cas, personne n’est fermé à une évolution.

Faites vous partie de ceux qui critiquent ce projet ?

Pour moi, le projet me parait quand même complexe, car au nom de la compétition internationale du classement de Shanghai, on veut nous faire faire de grosses entités. Là, pour le coup, on va vers une énorme entité, puisque c’est 94 000 étudiants concernés, dans le périmètre actuel. Là où les meilleurs dans ce même classement sont des structures de 15 000 étudiants. Donc on va largement au delà de cela. Est-ce que derrière on va avoir la capacité à gérer des institutions pareilles ? Car cela ne va pas de soi, ce n’est pas évident. Est-ce qu’on va pas y perdre en terme de démocratie universitaire ?

En fonction de cette nouvelle donne en terme de gouvernance, pensez vous que ce projet soit réalisable ?

Concernant la gouvernance, tout n’est pas encore « calé ». Un schéma a été présenté ; est-ce que ce sera un schéma qui arrivera au bout, ce n’est pas sûr. Les élections qui vont avoir lieu dans les universités auront sûrement une influence, sachant notamment qu’au Mirail ça a l’air un peu compliqué, qu’à Paul-Sabatier ça pourrait l’être également. Encore une fois, il y a le schéma prévisionnel et il y a ce qu’on va faire. Je pense qu’il y aura des distances entre ce qui est prévu et ce que l’on va faire. C’est vrai que j’ai quand même des craintes au regard du risque de mettre en place une grosse machine qui peut avoir des lourdeurs de gestion et surtout au regard de la démocratie universitaire…