Les places étaient prises depuis plus d’un mois déjà, la salle est bondée, l’ambiance bon-enfant et le public chauffé à bloc. Pour son premier concert à Toulouse depuis la séparation du groupe il y a sept ans, Zebda, le désormais presque mythique groupe toulousain, a tenu toutes ses promesses.

C’est l’humoriste et amateur de chansons courtes Wally qui ouvre le bal avec son lot de bons mots et de blagues : « Dans certaines régions on a réintroduit les ours, on ferait mieux d’y réintroduire les femmes ». Il cède rapidement sa place à Frédo, le chanteur des Ogres de Barback, pour une fois en solo, qui reprend des vieux tubes de Renaud et propose quelques unes de ses compositions comme Mon papa, mon père, « qui ne [lui] parle plus depuis que j’ai écrit cette chanson ».

La salle est déjà pleine et pourtant le public ne cesse d’affluer alors qu’entre enfin en plateau le trio Magyd Cherfi, Mouss et Hakim pour le grand retour du groupe sur la scène toulousaine, après un premier concert il y a un mois à Cahors. Et c’est parti pour près de deux heures et demie de concert survolté en ouvrant avec des inédites comme Le dimanche autour de l’église, qui promet déjà d’être un succès vu la réaction très positive du public. On aurait pu croire que leur retour sur scène rimerait avec une confiance illimitée en leurs anciens succès. Au contraire, une dizaine de nouvelles chansons ont pu être jouées devant le public : plus calmes, plus mûres peut-être, toutes reliées à l’actualité sociale des deux dernières années : immigration, voile, racisme, et toujours entrecoupés d’humour : « La France, aimez-la ou quittez-la, mais ça s’adresse aux Picards ou aux Lorrains ? ». Pas de doute, les nouveautés Zebda n’ont rien à envier à leurs aînées.

« On est à la maison »

Le groupe n’a pas non plus perdu de son jeu de scène et d’un lien toujours très fort avec le public : entre le « on est à la maison ! » leitmotiv du concert, le Oulalaradime « qui ne fait toujours pas partie du dictionnaire » mais qui n’a pas laissé un spectateur immobile, sans oublier le saut des deux frères jumeaux dans la foule avant de conclure en apothéose avec Tomber la chemise, le tube qui avait fait connaître le groupe au delà du canal du Midi dans toute la France. La colère, la lutte sociale se mêlent encore et toujours à la joie et au plaisir de la musique : « On sait que c’est pas facile en ce moment, mais on est là pour recharger les batteries, alors on profite ! » lance Mouss au public au milieu de l’hymne des Motivés (et de la Résistance) Le chant des partisans. « C’est le groupe Zebda, … de Toulouse », hurlent-ils encore en chœur après deux heures de concert auquel s’ajoute un rappel d’une demi heure, donnant d’ores et déjà rendez-vous au public « l’année prochaine, même endroit, même heure ».

Pas de doute, Zebda a retrouvé son public toulousain. Et ce tour de chauffe sur scène jusqu’à la fin de l’année laissera d’ici là place à un second tour, leur nouvel album, prévu pour février 2012. Et on peut être sûr qu’il y en aura pour les suivre sur la route.