Le 14 octobre dernier, une petite révolution linguistique commençait. Pour la première fois, l’Université Paul-Sabatier, dans le cadre de la Semaine de l’Étudiant 2011, organisait des rencontres-éclair entre étudiants français et étrangers.

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Au cœur du bâtiment du Centre des Relations Internationales et de Langues (CRIL) de l’IUT Paul-Sabatier, une cinquantaine d’étudiants sont assis, face à face. L’heure est au « speak dating », cousin du « speed dating », une méthode de dialogue intracommunautaire créée dans les années 1990 par un rabbin américain pour susciter des coups de cœur express. Des Français, des Allemands, mais aussi des Suédois, Chinois et Taïwanais étaient présents pour cet événement, alliant cours de langue, découverte de l’autre et partage de connaissances. Rythmées par la sonnerie stridente du chronomètre indiquant un changement de partenaire, les discussions s’enchaînent dans un brouhaha multilingue.

Entre questions en anglais et réponses en français, lorsque Anna, étudiante allemande en Lettres modernes rencontre Camille, Française inscrite en Génie chimique, l’échange est vif :

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A une autre table, Thibault, Français étudiant en Gestion des entreprises et administrations, et Po-Han, arrivé à l’Université Paul-Sabatier depuis Taïwan par le programme Erasmus Mundus, se sont à peine présentés qu’ils embrayent sur les mérites respectifs des accents britannique et américain… en anglais :

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Au-delà de la rencontre ponctuelle, l’objectif est d’organiser sur le long terme des « aventures interculturelles et linguistiques » selon Fabienne Vo Van, professeur d’anglais à l’IUT et organisatrice de l’événement.

« Univers-Cités »: D’où est venue l’idée d’un « speak dating »?

Fabienne Vo Van : Nous cherchions à mettre en contact des étudiants étrangers et français qui se côtoient sur le campus mais ne se parlent pas forcément. Un inconvénient dans les activités organisées pour les étudiants étrangers est qu’ils restent entre eux. Ce système, qui permet un maximum d’échanges en un minimum de temps, est aussi une introduction au principe de tandem linguistique interculturel.

Comment les universités toulousaines organisent-elles ces tandems?

Le Pôle Régional d’Enseignement Supérieur (PRES) a mis en place sur son site un service de mise en relation d’étudiants toulousains, français comme étrangers. Au terme de ces échanges, ils peuvent demander une attestation d’échange interculturel au PRES, qui permet de valoriser un CV. Ces tandems peuvent aussi rentrer dans l’évaluation à l’IUT.

Ce système pourrait-il devenir obligatoire, comme dans certaines universités anglaises?

Notre but est que les étudiants aillent naturellement les uns vers les autres. Si ils sont contraints, cela perd de son charme. Par ailleurs, il est difficile d’assurer aux étudiants qu’ils trouveront un partenaire dans la langue qu’ils souhaitent. Aujourd’hui, si nous avions déclarée la présence obligatoire, je ne crois pas que l’ambiance serait la même…