A l’heure de l’instrumentalisation politique très controversée des test génétiques en France, le support biochimique de l’hérédité est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Les découvertes scientifiques relatives relatives à l’ADN trouvent leurs applications dans notre quotidien.
_ Petit tour explicatif pour mieux comprendre l’ADN.
Ancestral et astucieux
_ L’acide désoxyribonucléique est une macromolécule support de l’hérédité. Il constitue le patrimoine génétique des êtres vivants et se transmet, tout ou partie, lors des processus de reproduction. L’information génétique, qui détermine le développement comme le fonctionnement des organismes, est contenue dans l’enchainement non aléatoire des éléments constitutifs de l’ ADN, les nucléotides. La transmission héréditaire de cette information génétique obéit à la plus grande fidélité possible. Mais elle peut se modifier au fil du temps, par des erreurs liées aux divisions cellulaires. Ainsi les mutations, combinées à la sélection naturelle, sont-elles un des moteurs de l’évolution biologique des espèces.
_ La modélisation de l’ ADN par James Watson et Francis Crick , le 25 avril 1953, au laboratoire Cavendish de Cambridge fut récompensée par le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1962. La double hélice alpha des nucléotides (adénine, thymine, cytosine et guanine) n’aurait pu être conceptualisée sans les travaux préalables de diffraction aux rayons X menés par Rosalind Franklin, injustement négligée par l’Histoire.
Détective privé
_ Propre à chaque individu, vrais jumeaux exceptés, l’ ADN se ventile en 46 chromosomes dans chaque cellule du corps, soient au total plus de 3 milliards d’éléments constitutifs (nucléotides). La singularité des individus ne réside que dans 0,1% (3 millions de nucléotides) de cet ADN. Cette distinction génétique est d’une fiabilité imparable dans l’identification des personnes. La fiction qui fait la gloire des séries télévisées américaines est une réalité tangible : l’ ADN est une pièce à conviction incontournable des polices techniques et scientifiques, les tests génétiques sont régulièrement impliqués dans des enquêtes judiciaires. La récente affaire de l’identification du fils de l’otage colombienne Clara Rojas en est une triste application.
_ Depuis la fin des années 90, 2500 affaires sont élucidées chaque année par les cinq laboratoires français de police scientifique grâce aux traceurs génétiques. Mués en Sherlock Holmes, les historiens ne sauraient se passer désormais de leur ADN-Dr Watson: de Hatchepsout, la reine-pharaon, à Louis XVII, les tests génétiques permettent de résoudre nombre d’énigmes de l’Histoire.
Novateur
_ Les premiers essais de thérapie génique datent de 1990. Une décennie plus tard, la guérison de deux enfants bulles à Paris demeure la réussite la plus significative. De formidables espoirs reposent sur la thérapie génique pour la gestion du cancer du côlon, du choléra et du Sida (à l’heure actuelle, ces nouveaux traitements prennent le relais des multithérapies classiques). Depuis juin 2006, on sait que certaines régulations des cellules souches musculaires permettent de protéger leur patrimoine génétique. Ces mécanismes encore imparfaitement élucidés préservent un ADN « immortel » des mutations et donc des dérégulations cancérigènes. Ces procédures de sauvegarde du génôme de telles cellules ont des implications médicales multiples. Leur compréhension autoriserait des avancées majeures en terme de viabilité des cellules souches destinées aux thérapies cellulaires (cancérologie en particulier).
_ Les Organismes Génétiquement Modifiés sont source de grandes divergences d’opinion à travers le monde. Ces organismes vivants voient leur patrimoine génétique modifié artificiellement pour accentuer certaines caractéristiques favorables, soit en revanche afin d’atténuer voire éliminer certaines propriétés indésirables. Les OGM peuvent apporter d’importantes opportunités, qu’il s’agisse d’économie ou de développement humain. Pour exemple, certaines plantes génétiquement modifiées résistent aux épidémies phytosanitaires ainsi qu’aux invasions de parasites et permettent des récoltes inespérées en zones tropicales. Une majeure partie de ces végétaux est rendue artificiellement stérile. Toutefois, les détracteurs des OGM soulignent les risques sanitaires possibles ainsi que l’atteinte potentielle à la biodiversité.
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