Vous a-t-on indiqué pourquoi vous avez été expulsé de cet hébergement provisoire ?

A.M: Non, depuis 2003 on était hébergé dans des hôtels du centre-ville. Nous, on croyait qu’on serait traité comme des êtres humains et qu’on serait régularisé. On pensait que monsieur le préfet nous donnerait un logement comme tout le monde. Quand on a reçu la lettre d’expulsion, tout le monde a pleuré, on a été traumatisé, les petits ne voulaient pas aller à l’école. C’était vraiment un jour noir.

Vous avez reçu des aides ou du soutien d’association ?

A.M: Oui, une dame du Secours Catholique nous a aidé et des gens de la Cimade aussi. On respecte les gens qui nous ont fait du bien. On n’a pas beaucoup de famille et on espère que monsieur le préfet nous fera du bien.

Pourquoi êtes-vous venu en France ?

A.M: J’avais des problèmes de santé, des problèmes de reins. Et la vue qui était mauvaise, aussi. Les soins au laser, ça coûte très cher en Algérie. On a fui au moment de la guerre. J’étais ambulancier en Algérie, je travaillais avec les sapeurs pompiers. J’ai été réquisitionné à la caserne pendant six mois et menacé par les terroristes. Je suis tombé malade en 2000 et j’ai du abandonner mon travail. Je suis venu avec ma femme avec un visa français de Schengen. Elle a de la famille et des amis ici. Si je retourne en Algérie, je serai menacé pour abandon de poste.

Vous avez déposé un dossier de régularisation ?

A.M: Oui, mais ça a été refusé. Ma fille, elle passe son Bac cette année et mon fils est au lycée, il n’a que 16 ans. Ma fille a déposé un dossier à la préfecture et elle a eu un titre de séjour provisoire. Moi, je suis venu pour un problème de santé. J’ai de très mauvais yeux et je ne sais pas ce que je pourrai faire en Algérie. Mes enfants ne connaissent rien à ce pays. Ils sont français.

Mais, vous, tout de suite, sans réfléchir, vous vous sentez français ou algérien ?

A.M: Heu…(Moment d’hésitation…) Je me sens franco-algérien. Non, je suis français. Mes enfants ne savent pas parler leur langue natale. Donc ils sont français.
Sa femme : Moi, je me sens française. J’ai un bout de sang français parce que mon grand-père était français, il venait de Montpellier. Je suis française. Vive la France ! Vive le général De Gaulle et vive Chirac ! Sarkozy, c’est un raciste, on ne le connaît pas.