Le jeudi 26 janvier 2012, l’Université du Mirail a fêté ses 40 ans avec la projection du film « Mirail Université, 1964-1974, un projet futuriste » de Claire Sarazin. Une exposition permanente consacrée à la reconstruction de l’Université de Toulouse II-Le Mirail est aussi proposée à La Galerie et offre l’occasion de revenir sur la naissance du célèbre campus.

Si l’idée de l’émergence de l’Université du Mirail a germé dès 1964, c’est dans la précipitation que s’est effectuée sa naissance, suite aux mouvements étudiants de mai 1968. C’est à cette date qu’il a été décidé de diviser l’université de Toulouse en trois pôles distincts : la faculté de droit devient l’Université de Toulouse I et reprend les anciens bâtiments de l’université, la faculté de lettres devient l’Université de Toulouse II Le Mirail, et les facultés de médecine et de sciences deviennent l’Université Toulouse III, dite Paul-Sabatier.

Le projet de l’Université du Mirail, entre utopie urbanistique et nouveaux besoins pédagogiques, a été porté par l’équipe de l’architecte Georges Candilis. La faculté se structure autour de cinq composantes de formation et de recherche : Histoire, Arts et Archéologie ; Langues, Littératures et Civilisations étrangères ; Lettres, Philosophie et Musique ; Psychologie; Sciences, Espaces, Sociétés.

Une mauvaise image

Mais le rêve s’effondre bien vite et le Mirail souffre d’une mauvaise image qui lui colle à la peau depuis des décennies. Daniel Filâtre, président de l’Université du Mirail, énumère plusieurs raisons à cela lors d’une interview donnée à La Dépêche du Midi : « sa situation dans un quartier dégradé », « le mauvais sort fait aux études de lettres et sciences humaines en France », « le mauvais état des bâtiments » ou encore « l’irruption répétitive des mouvements sociaux ». Une liste bien longue à laquelle s’ajoute encore l’isolement d’une fac due à l’arrivée tardive du métro en 1993. Et pourtant, Daniel Filâtre rappelle que c’est aussi « une des universités les plus connues et les plus visitées au monde ». De quoi donner envie de se tourner vers le futur avec un projet de reconstruction qui promet une métamorphose d’envergure.

Il est vrai que depuis sa création, le campus de l’université s’est considérablement dégradé. Il a présenté dès le départ des dysfonctionnements majeurs. La maintenance y a toujours été insuffisante et la fréquentation plus élevée que prévue. Le Mirail a accueilli plus de 25 000 étudiants dans des bâtiments conçus pour seulement 10 000. Malgré le plan d’urgence des années 1990, le Plan Université 2000 et l’édification de nouveaux bâtiments, la situation immobilière du campus est restée une difficulté majeure pour l’ensemble de la communauté universitaire. “Le plus gros problème est que la faculté est un labyrinthe. J’ai passé trois ans au Mirail mais je pourrai encore m’y perdre aujourd’hui”, nous confie Fred, étudiant en histoire.

Face à l’urgence de la situation, l’État a donc décidé de reconstruire le site dans son intégralité. Cette renaissance s’inscrit dans le cadre de l’Opération campus qui prévoit, en complément des opérations de Contrats de Projets État-Région déjà engagées, un investissement de l’État de 175 millions d’euros. Ce dernier prévoit également une enveloppe financière à peu près équivalente pour assurer le gros entretien, les réparations et la maintenance du site pendant près de vingt-cinq ans.

Une reconstruction qui se doit d’être un succès

Nicolas Golovtchenko, vice-président délégué au patrimoine universitaire, revient sur les enjeux d’un des plus grands projets nationaux du moment : « Ce campus qui était dans les années 60 un modèle envié d’organisation de l’espace universitaire, doit aujourd’hui, pour atteindre les standards du XXIe siècle, réaffirmer une ambition forte. La réalisation devra ainsi être exemplaire en matière de confort des espaces produits, de qualité des réalisations et des équipements, et capable de produire des espaces économes en coûts de fonctionnement.”

En effet l’une des grandes ambitions du projet est aussi de créer un site universitaire exemplaire en termes de développement durable. L’université s’engage ainsi à construire des bâtiments conformes aux standards de Haute Qualité Environnementale (HQE).

Malgré cette rénovation qui se veut innovante, les acteurs du projet ne souhaitent pas s’éloigner des origines du Mirail pour autant. Anne Péré, urbaniste de l’agence Urbane, le confirme. “Il nous fallait d’abord comprendre le lieu pour continuer à écrire son histoire. Nous avons donc observé le site, son organisation, ses usages, ses circulations mais aussi ses défauts et ses qualités. L’idée était de partir de l’histoire du lieu et de garder tout ce qui fait son intérêt, notamment le parc, les patios et la proximité des bâtiments entre eux.”

Tout semble fin prêt pour que le Mirail obtienne le site universitaire qu’il mérite. Car comme le signale Fred, “finalement l’état des bâtiments est un détail et les étudiants finissent par traiter le problème avec humour. Cela n’empêche heureusement pas l’excellence de l’enseignement.”

Les dates-clés

1964 : Conception du site universitaire du Mirail.

1971 : Livraison d’un site incomplet, capable d’accueillir moins de 10 000 étudiants et présentant des dysfonctionnements majeurs. Très vite, le site se dégrade.

2000 : L’Etat valide le projet de démolition-reconstruction intégrale du site.

2001 : L’explosion de l’usine AZF affecte gravement le fonctionnement de l’université. Mobilisation de la communauté universitaire autour du projet de reconstruction et élaboration du 1er schéma directeur avec la participation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

2007 : Engagement de l’Etat pour encourager une démarche dans la perspective d’un partenariat public- privé (PPP). Mise en place du Contrat de Projet Etat-Région 2007-2013.

2010 : Validation du schéma directeur définitif. Choix des Assistants à Personnes Publiques (APP), c’est-à-dire des conseils qui accompagnent l’université dans sa reconstruction.

2011 : Validation du projet d’établissement 2011-2015.

2012 : Signature du contrat de partenariat avec le groupement d’entreprises choisi pour la reconstruction. Livraison de la seconde tranche de l’UFR de Langues, Littératures et Civilisations Étrangères.

2013 : Livraison du Restaurant universitaire.

2014 : Livraison de l’Université ouverte.

2015 : Livraison de l’UFR de Psychologie, de 6 amphithéâtres, livraison de l’UFR Sciences, Espaces, Sociétés (SES), de l’UFR Histoire, Arts et Archéologie (HAA), du Pavillon de la recherche et du Pôle Archéosciences, de l’UFR Lettres, Philosophie, Musique (LPM), des espaces communs (sports), de la gouvernance et aménagement des espaces extérieurs.

2016 : Le site de l’Université de Toulouse II-Le Mirail est entièrement reconstruit.