Un tableau de Francis Picabia datant de 1928 a été vendu 525 000 euros lors d’une vente aux enchères à Toulouse ce jeudi 14 mars 2024. Appartenant à une famille toulousaine depuis 94 ans, le tableau du peintre français n’avait pas été vu depuis une exposition en 1930.
« Il n’y a pas souvent de ventes à plus de 500 000 euros à Toulouse, ça c’est clair ! ». Rémy Fournié, commissaire-priseur de la maison de ventes Fournié & Cortès est ravi par l’enchère à peine terminée. « On a largement dépassé nos espérances. On est quand même presque au double de l’estimation basse à 300 000, donc c’est une très belle enchère ».
La salle de l’Hôtel des Ventes Vitry, située rue Urbain Vitry dans le centre-ville de Toulouse, s’est remplie petit à petit à partir de 14h00. Des lots de cuillères et de services en argent se sont enchaînés avant de laisser place au lot 100 aux alentours de 15h45, celui que tout le monde attendait. Au bout du fil, deux acheteurs se tirent la bourre afin d’obtenir ce sublime tableau de Francis Picabia.
Démarrées à 300 000 euros, les enchères montent vite pour atteindre finalement la somme de 525 000 euros sous les applaudissements des spectateurs et amateurs d’art. « On est venu pour voir l’ambiance dans la salle de ventes, on n’a pas été déçu. C’est toujours intéressant de voir une œuvre comme celle-ci », sourit Jeanne, venue pour la première fois dans une salle des ventes pour contempler le tableau. Un certificat de Pierre Calté, pour le comité Picabia en date du 18 mars 2015, sera remis à l’acquéreur.
Francis Picabia est l’un des peintres français majeurs du 20e siècle. Il se disait proche du mouvement dada et surréaliste. La plupart de ses tableaux sont exposés au Centre Pompidou à Paris.
Une œuvre exceptionnelle
Picabia peint Harmas en 1928, au début de sa série de transparences, une période au cours de laquelle il superpose des références puisées dans l’histoire de l’Art à ses propres créations. Sur son fond bleu, ce sont ici deux figures de Botticelli qui se mêlent à des signes abstraits et même à un chat, dissimulé dans les cheveux du premier personnage.
Ce qui donne sa rareté à cette œuvre, c’est son aspect inédit. Après sa création en 1928, Harmas n’est exposée que deux fois dans des salons parisiens, en 1928 et 1930, avant de rejoindre la collection d’une famille toulousaine, où elle restera durant 3 générations. On n’en saura cependant pas plus sur ces anciens propriétaires, Rémy Fournié ne voulant rien révéler sur l’identité de ses clients.
Par Louis Breton et Mattéo Bardiaux
Photos : Mattéo Bardiaux