Après notre article sur le vidéaste TPZ, rencontre avec un autre acteur important pour la culture du rap à Toulouse : Lu’K. D’abord rappeur, il est devenu relayeur et organisateur d’événements avec le mouvement “Toulouse est en feu”.  

Lu’K en concert – Crédit photo : Rastagraphe (son Instagram)

« J’AI TOUJOURS EU EN MOI L’ENVIE DE REPRÉSENTER TOULOUSE »

Rappeur de la ville rose depuis plus de 8 ans, Lu’K a aujourd’hui le but de “rassembler et valoriser les acteurs de la culture toulousaine”. Pour ce faire, il crée le collectif Toulouse est en Feu. “Les fondations ont été posées en 2022, et la concrétisation s’est faite en 2023”, explique-t-il. Pour lui, c’est arrivé comme une évidence. Le but du collectif est de mettre en avant la culture et la scène hip-hop toulousaine, dans Toulouse d’abord, mais aussi en dehors. “Le but est de développer un mouvement à partir de l’identité locale”, continue l’artiste.

Alors que le vidéaste toulousain TPZ pointe le fait que “le rap à Toulouse, c’est plus ou moins plein d’essaims d’abeilles qui existent mais qui n’interagissent pas forcément”, le but de Toulouse est en Feu est justement de mettre du lien. Cela passe notamment par la création d’un agenda qui centralise tous les événements rap se déroulant sur Toulouse. Il est disponible sur leur page Instagram, ainsi que sur l’application Billeon.

Le collectif organise aussi ses propres événements. Ce fut le cas le 31 août au Patio Mio situé sur les allées Jean Jaurès, et le 9 décembre, au Connexion qui a affiché complet. D’autres soirées sont prévues par le collectif, qui les annoncera bientôt.

Lu’K le 9 décembre 2023 au Connexion. Crédit photo : CVLPA

« POUR LA CULTURE EN ELLE-MÊME, JE NE M’INQUIÈTE PAS »

Vivre, voir et partager les événements fait de Lu’K un observateur avisé de la culture toulousaine. Alors que pense-t-il de sa santé dans la ville rose ?

Pour la culture en elle-même, je ne m’inquiète pas : il y a énormément d’événements, parfois même trop ! Et il y aura toujours des gens prêts à se ressembler derrière une passion commune”, estime le rappeur. Selon lui, les artistes arrivent également à se développer. 

LA « GENTRIFICATION EN BANDE ORGANISÉE » FACE À LA CULTURE

Ce qui l’inquiète, ce sont les difficultés à trouver des financements, et les “fossoyeurs de culture”. L’annonce, début octobre, de la fermeture de l’Usine à Musique, salle de concerts dans le quartier des Sept-Deniers, pour cause de difficultés financières, a rappelé le manque de pérennité qui plane sur la culture.

Mais selon Lu’K, s’il faut trouver des coupables, il faut plutôt chercher du côté de ceux qui participent à la “gentrification en bande organisée”. Cela fait écho à la fermeture prochaine du Connexion, salle emblématique qui accueillait de nombreux open-mics et scènes ouvertes. Racheté pour être transformé en restaurant de tapas, c’est un lieu en moins où se produire pour les artistes émergents.

En dehors du Bikini, il ne va rester que le Metronum (dans le quartier de Borderouge) et le Rex (à côté de la place Arnaud Bernard). Ce n’est pas le même budget que le Connexion, alors que les associations qui organisent des concerts ont déjà du mal financièrement”, déplore Lu’K, qui a notamment fait ses gammes dans le rap grâce aux open-mics du Connexion.

En clair, si le hip-hop veut continuer de se développer à Toulouse, il va lui falloir trouver de nouveaux lieux d’expression, sous peine de voir les organisateurs d’événements se marcher sur les pieds.