Tous les premiers mercredi du mois, FÔM Maison d’Artistes organise ses jams en non-mixité au jazz club le Taquin, à Toulouse. Le but de ces soirées : permettre aux musiciennes de monter sur scène et d’improviser, dans un espace qui ne leur est habituellement pas accessible.

Cette année, le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est tombée un mercredi. Une excellente nouvelle pour FÔM Maison d’Artistes, qui a pu organiser sa jam en non-mixité mensuelle en ce jour si symbolique. L’occasion de revenir sur l’importance des événements en non-mixité, et la place des femmes dans le jazz et la musique actuelle. 

FÔM Maison d’Artistes est une structure d’accompagnement d’artistes, à Toulouse, qui se concentre sur l’émergence, le soutien et la valorisation des femmes et personnes issues de minorités de genre. Créée en avril 2022, elle propose des missions à la carte pour les artistes qui le demandent, et des événements comme cette jam en non-mixité.

Mathilde, co-créatrice de FÔM, explique que ces soirées viennent d’abord d’un constat : il est dur pour les musiciennes de se joindre aux jams mixtes. “On ne les laisse pas monter sur scène si elles ne sont pas chanteuses,” explique-t-elle, “et encore, si elles sont chanteuses, il faut qu’elles soient bonnes”. Le contre-pied, donc, a été de créer un espace qui leur est strictement réservé, pour leur donner confiance en elles. 

Le manque de place dans les jams mixtes, c’est un problème que confirme Ryan, bassiste. Elle visite les jams du Taquin tous les mois, et l’ambiance est, selon elle, incomparable : “quand je suis dans une jam mixte,” raconte-elle, “je suis souvent la seule instrumentiste.” Elle a reçu peu de remarques, elle l’avoue, mais c’est surtout l’environnement qui change. “Il y a toujours un sexisme latent, comme si les gens ne s’attendaient jamais à ce que je joue bien”.

La non-mixité comme un outil à la mixité

La non-mixité, souvent, est un sujet sensible – pourquoi exclure les hommes cisgenres, si l’on cherche l’égalité ?  Pour Mathilde, cela permet “de prendre confiance, de prendre un espace, d’être dans une atmosphère bienveillante”. Si il n’y a pas de places pour elles dans les espaces mixtes, alors elles doivent créer les leurs. Ce qu’elles espèrent, c’est que ces musiciennes pourront, ici, prendre leurs marques, essayer la jam sans peur de se ridiculiser devant un public parfois moins accueillant. Créer leurs propres espaces pour que les musiciennes aient assez confiance en elles pour réussir à prendre de la place là où elles sont moins bien accueillies. 

Ramener la sororité dans la musique

Ryan, de son point de vue de musicienne, vient surtout au Taquin parce qu’y jouer est un plaisir. “C’est une ambiance qu’on ne retrouve vraiment pas ailleurs, de bienveillance et de sororité”. Voilà la grande différence avec les jams mixtes : il y a mois l’impression d’être dans une compétition – ici, c’est l’écoute, le soutien mutuel. “J’ai toujours l’impression d’être à la maison” assure-t-elle, “même avec des gens que je ne connais pas. C’est vraiment unique”.

Crédit photo : Marie Amélie-Morèz pour FÔM Maison d’Artistes