A Toulouse, vendredi 17 février, une centaine d’agriculteurs a manifesté en tracteur et autres véhicules agricoles dans le centre-ville, après une “opération escargot” sur le périphérique. Ils ont notamment déversé du fumier devant le conseil régional, la Maison de l’Environnement et sur la place François Verdier.

Pour protester contre l’interdiction par la Cour de Justice de l’Union Européenne des néonicotinoïdes et les conditions de travail de plus en plus difficiles, la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Haute-Garonne (FDSEA 31) a appelé les agriculteurs de Haute-Garonne, de l’Aude et du Tarn-et-Garonne à se rassembler à Toulouse, vendredi 17 février. Après s’être rassemblés le matin dans plusieurs localités du département, ils ont mené une “opération escargot” sur le périphérique de la ville. “C’est un coup de colère, car si on continue comme ça, dans moins de 2 ans, il n’y a plus d’exploitation agricole en Occitanie”, estime Jean-François Lamassé, vice-président de la FDSEA 31.

Ils se sont d’abord rendus devant le Conseil régional, puis devant la Maison de l’Environnement, près du Grand-Rond. Ils y ont déversé du fumier, et le ton est monté entre les agriculteurs et les défenseurs de l’environnement. “On se doutait qu’on pourrait être pris pour cible”, déclare Jean Olivier, directeur de FNE Midi-Pyrénées, sorti selon lui pour discuter avec les agriculteurs. “On serait un lobby environnementaliste qui les fait crever. Mais selon nous, ce qui les fait crever, c’est l’endettement, le changement climatique qui amène les sécheresses et les gelées tardives, et les pesticides dont ils sont les utilisateurs mais aussi les premières victimes”.

Tracteurs garés sur la place François Verdier

Une profession à bout de souffle, qui ne se sent pas respectée

La liste des difficultés auxquelles font face les agriculteurs est longue, selon Jean-François Lamassé. “On a la pression des écologistes, un gouvernement qui ne nous suit pas, la charge de carburant qui a doublé, on nous enlève des molécules sans nous donner de solutions.” Il pointe également l’inégalité entre les pays de l’UE sur l’application de la loi contre les néonicotinoïdes. Déjà effective en France, elle ne sera appliquée qu’en 2031 en Allemagne. Elle pourrait grandement désavantager les producteurs français, notamment de sucre, face à la concurrence européenne voire internationale.

Autre raison de la manifestation, le manque de considération, envers le monde de l’agriculture. “On nourrit la France et il n’y a aucune reconnaissance”, explique Jean-François Lamassé, estimant qu’il y a un écart entre les décisions prises par le gouvernement et la réalité du terrain. “On nous prend pour des idiots” ajoute-t-il. Chez la présidente de la FDSEA 31, le constat est le même. Laure Serres, citée par Actu Toulouse, explique : “on veut montrer comment l’Etat traite notre profession.”

Quelles solutions pour améliorer la situation ?

Pour Jean-François Lamassé, la réponse est limpide : “Les solutions ? Qu’on nous laisse travailler comme on l’a toujours fait”. C’est justement là qu’est le problème selon Jean Olivier. “Tant qu’ils ne rentrent pas dans une autre logique, leurs problèmes vont s’aggraver”, selon lui. “En tout cas, ce n’est pas en s’en prenant à nous que leurs problèmes vont se régler”. Si l’agriculteur haut-garonnais n’est pas formellement opposé à la suppression de certaines substances, “il nous faut du bon sens. Il ne faut pas d’interdiction sans solution”.

Les crises s’enchaînent pour l’agriculture française, et le dialogue est compliqué avec les associations de défense de l’environnement et les pouvoirs publics. Pour discuter des perspectives de l’agriculture dans le département, une délégation d’agriculteurs avait rendez-vous avec le préfet de Haute-Garonne à 13h vendredi, peu d’informations en sont sorties.

Crédits photos : Emile Sénécal