Alors que six cas de coronavirus sont confirmés en France, les autorités sanitaires se préparent à une éventuelle épidémie. Mais surtout, elles aimeraient faire redescendre la tension.

Un recensement des malades et des morts heure par heure, des rapatriés suivis comme des participants à une émission de télé-réalité, une explosion des actes racistes… L’effusion autour du coronavirus ne faiblit pas. L’affolement général a bien failli gagner la ville rose avec l’annonce d’un cas suspect le 28 janvier… mais fausse alerte, sur les six cas confirmés en France, cinq sont hospitalisés à Paris, un à Bordeaux. Et quand bien même, les réactions entourant cette nouvelle maladie sont-elles justifiées ?

Premier point rassurant, les autorités sanitaires sont bien préparées. Si l’Agence régionale de santé Occitanie confie être extrêmement sollicitée en ce moment, elle insiste surtout sur la nécessité de faire redescendre la tension. Au niveau national, un plan a été mis en place par la Direction générale de la santé. Pour les huit départements de l’ancienne région Midi-Pyrénées, c’est le CHU de Purpan qui a été identifié comme centre de référence. Les équipes de l’établissement se déclarent parfaitement préparées à une éventuelle épidémie, mais elles aussi espèrent avant tout une retombée de l’hystérie collective. Même son de cloche au Samu31, où une personne à plein temps a dû être dépêchée au traitement des appels liés au coronavirus.

Dans le pire des cas, une épidémie comparable à celle qui a lieu en Chine, un plan blanc est prévu. Il s’agit d’un dispositif applicable en cas d’épidémie exceptionnelle, de catastrophe écologique ou d’attaque terroriste. Là encore, les acteurs concernés sont bien préparés puisque plusieurs exercices ont lieu chaque année. Mais il s’agit de prendre du recul sur la situation, ce genre de scénario n’est absolument pas envisagée à l’heure actuelle. A ce stade, il n’y a pas même de recommandation particulière pour la population.

Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon a été clair le 3 février : « Il n’y a pas d’épidémie en France, même pas de chaîne de transmission dans notre pays et aucune circulation du virus sur le territoire. » Il a précisé qu’aux dernières informations, le virus ne se transmet que par contact étroit avec le malade. Rien à craindre donc, pour les personnes ayant mangé dans un restaurant chinois ou reçu un colis bon marché en provenance de Chine. Ce sont pourtant les questions les plus récurrentes que reçoivent les centres d’appel.

Une maladie inconnue qui fait peur

Si l’OMS a statué sur une urgence de santé publique le 30 janvier dernier, là encore, il s’agit d’analyser correctement cette décision. Cela signifie simplement que les Etats doivent être particulièrement vigilants et collaborer pour contenir l’épidémie et trouver un traitement.

Car c’est bien la source du problème. Le coronavirus, ou n-CoV 2019 (nouveau coronavirus 2019) pour son nom scientifique, venant de faire son apparition, il n’existe pour l’instant ni traitement ni vaccin. Dans l’attente d’une avancée de la recherche, les symptômes sont traités avec des médicaments utilisés pour des virus similaires.

Si ces symptômes sont comparables à ceux de la grippe saisonnière, il ne faut toutefois pas tout mélanger. Ces deux virus sont de types différents. De même que certains ont pu essayer de dédramatiser la situation en faisant la comparaison avec les milliers morts de la grippe chaque année, qui ne provoquent pas une telle agitation.

Il ne s’agit pourtant pas non plus de tomber dans un excès de modération. Là où la grippe a un taux de mortalité inférieur à 0,1%, car on sait la prévenir et la guérir, celui du coronavirus est estimé autour de 2%. Mais encore une fois, cette information est à prendre avec des pincettes. Ce chiffre se base sur les informations des autorités chinoises qui recensent, à l’heure où est publié cet article, près de 500 morts pour 24 000 malades. Or, ces données ne sont pas vérifiables, d’autant que certains porteurs du virus ne développent pas de symptômes et ne sont donc pas comptabilisés. Enfin, le virus est particulièrement dangereux pour les plus fragiles, les personnes âgées notamment, qui représentent l’immense majorité de ceux ayant succombé à la maladie.

Alors en effet, les chiffres restent relativement préoccupants et il est naturel de vouloir rester informer sur cette question sérieuse. Mais que tous ceux qui brandissent leurs références à la pop culture se rassurent, on est bien loin de l’apocalypse zombie.