Samedi 1er février, des activistes du climat ont organisé une messe parodique au centre-ville de Toulouse pour dénoncer la surconsommation, en ce dernier samedi de soldes.

« Je consomme donc je suis. » Samedi 01 février, dernier jour des soldes, les militants écologistes se sont réunis devant les Galeries Lafayette. Une centaine d’activistes de différents collectifs (ANVCOP21, Youth for Climate, Extinction Rébellion et Désobéissants de Toulouse) ont mis en scène une messe symbolique pour célébrer la « très sainte consommation ». « Planète en solde, tout doit disparaitre », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants.

Un t-shirt en coton, quoi de plus banal ? Combien en avez-vous utilisé depuis votre naissance ? Des dizaines certainement. Ou plutôt des centaines ? Il y a ceux qu’on ne jettera jamais car ils nous rappellent de bons souvenirs. Les utilitaires qu’on achète, use et jette à un rythme plus ou moins rapide. Ceux dans lesquels on se sent bien et qu’on porte avec plaisir. Ceux qui restent au fond de l’armoire, jamais utilisés. Et les vieux, déformés, moches ou trop grands qu’on utilisera pour faire du sport, du ménage ou du bricolage…

Un t-shirt en coton est tout ce qu’il y a de plus ordinaire dans notre garde-robe. Et pourtant… Sa fabrication n’a rien d’anodin. 300 grammes de fil de coton, 2700 litres d’eau, 80 grammes de pesticides et 270 grammes de produits chimiques ; une chaine de fabrication complexe et coûteuse, un transport à travers le monde entier… Voilà ce que demande ce simple vêtement.

Une centaine de militants se sont réunis / Crédit: Margaux Otter

Les Galeries Lafayette, temple de la consommation toulousaine

Les activistes ont donc choisi de se réunir devant les Galeries Lafayette, symbole de la consommation à Toulouse. « C’est un magasin de consommation de luxe, totalement en désaccord et en contradiction avec les problèmes écologiques actuels », explique Marie, militante Extinction Rébellion. Pour elle, choisir de cibler la consommation de luxe a plus de poids que manifester devant d’autres magasins, moins chers, de Toulouse. « Culpabiliser les gens qui n’ont pas d’argent n’a pas de sens. Ceux qui achètent aux Galeries ont de l’argent, et donc un moyen d’accès privilégié à la culture. Ils ont connaissance des effondrements en cours, et pourtant choisissent de garder leurs œillères. »

Les soldes continueront après samedi aux Galeries Lafayette / Crédit: Margaux Otter

« Avons-nous vraiment besoin des vêtements qui encombrent nos placards et coûtent des vies ? La consommation est-elle le seul projet qui anime notre espèce ? » Au milieu de la foule, devant le micro, Bérengère, militante écologiste depuis 20 ans, interpelle les passants. Pour elle, il est temps de réagir et de chercher « du sens à notre vie ».  « Nous sommes très peu à boycotter les soldes », regrette pour sa part Gwarr, d’ANVCOP21. Selon lui, ce moment revient à « brader la planète ». « Le principe même des soldes, c’est d’acheter des vêtements dont on n’a pas besoin, pour la seule raison que c’est moins cher. » Il rejoint l’avis de tous les militants : nous sommes encore loin du compte en termes de prise de conscience.

Des modèles de consommation bien ancrés, dont il est difficile de se défaire. « Beaucoup de gens sont encore dans le déni de l’urgence climatique. C’est ceux-là que nous aimerions toucher », indique Marie. Voilà le constat qui est fait aujourd’hui. Pourtant, les activistes tentent de démontrer l’existence de moyens de consommation alternatifs. « Nous essayons d’alerter les gens sur la qualité de l’achat. Consommer moins, mais mieux », détaille Gwarr. « Et de réveiller les acteurs que sont les consommateurs », enchaine Bérengère.

Des alternatives existent

« Les politiques sont complices du maintien de ce système en décidant des dates des soldes. » Pour Bérengère, comme pour tous les militants, c’est au gouvernement de prendre des mesures concrètes contre la surconsommation. En attendant, ils se mobilisent, « toujours plus nombreux », pour porter leur message et informer les consommateurs.

« Envie de moins de plastique ? L’association Zéro Déchet met à disposition des recettes et conseils pour fabriquer vous-même vos produits. Envie de soutenir l’économie locale ? Nombre de lieux tels que des friperies, l’association Emmaüs et les recycleries se développent partout en ville. Envie de produits frais et non emballés ? Il existe beaucoup de petits producteurs présents pour servir des paniers de fruits et légumes. »

Beaucoup de passants ont salué cette action. « On sait tout cela mais on n’y pense pas en achetant. C’est dommage… »