Samedi 13 avril, des Gilets jaunes de toute la France se rassemblent dans les rues de la Ville rose, capitale de la mobilisation pour l’occasion. Le grand débat, les élections européennes imminentes… Qu’en pensent les Gilets jaunes interrogés dès 14 heures à Arnaud Bernard, Jeanne d’Arc et rue Alsace Lorraine ?
Sirejols Maïté, origine du Tarn mais « Toulousaine d’adoption », se mobilise à chaque acte et ne compte pas s’arrêter là. La sexagénaire s’exaspère face au grand débat :
« Ce n’était pas un grand débat, c’était un grand blabla. Il a été fait avec des maires bien sélectionnés et triés. Il a pris des gens qui pouvaient parler pendant sept heures, mais même Hanouna il tient 24 heures donc bon. Ça a été organisé à l’arrache. Ils n’ont pas tout épluché sur les doléances.
Je suis là tous les samedis, même quand il pleuvait la semaine dernière et je serai là demain et après-demain s’il le faut. Le problème, ce n’est pas Macron, il n’est que le pion de tous les financiers. La mobilisation va continuer. Ceux qui sont là aujourd’hui iront jusqu’au bout, tant qu’il y aura quelqu’un qui a une conscience, qui veut se battre pour la liberté. En Occitanie, on a la chance d’être une terre de résistance beaucoup plus que dans le reste de la France. Donc à Toulouse, ça va continuer. J’ai 60 ans et j’ai des problèmes de santé mais j’y vais quand même. »
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Eddy, Julien et Véronique, enseignants, se joignent à la mobilisation du samedi. Pour eux, le grand débat n’a pas changé grand chose.
« Le débat nécessite parfois de savoir s’exprimer, d’avoir fait des études. Les gens qu’on y retrouve, ce n’est pas représentatif. Au débat des Gilets jaunes de Muret, on n’avait pas les mêmes personnes qu’en mairie » déplore Eddy. Véronique rétorque : « Ça a permis à des gens qui ne s’expriment jamais de prendre la parole, mais dans ces débats, on parlait de sujets définis. On le savait, on n’allait pas aller se faire confisquer la parole. Je ne voulais pas jouer ce jeu. »
« Ce débat n’est qu’une illusion pour certains Français. C’est juste un gain de temps, alors qu’il n’y a pas vraiment la volonté de changer. Le Référendum d’Initiative Citoyenne ne figure pas dans les sujets retenus. On va justifier la baisse des dépenses publiques par une baisse d’impôts pour les plus riches sûrement, alors que ce n’est pas la revendication des Gilets jaunes » s’agace Julien.
« Les Gilets jaunes est un mouvement de travailleurs pauvres au départ, c’est la misère : ils n’arrivent pas à vivre de ce qu’ils gagnent » explique Véronique. Julien ajoute : « Pour avoir croisé beaucoup de Gilets jaunes désespérés qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, ils m’ont dit qu’ils continueraient à venir tous les samedis, il n’est pas question d’arrêter ».
Avec les élections européennes qui approchent à grand pas, le doute persiste pour les trois enseignants :
« Aucune des revendications des Gilets jaunes ne peut aboutir dans le cadre européen à mon sens. Nous citoyens, on n’a aucun mot à dire sur la politique de la Banque européenne, qui a des politiques néolibérales. Enfin, le problème c’est le déficit démocratique » indique Julien.
« J’irai voter pour la France Insoumise, parce qu’au niveau national c’est le parti qui peut faire quelque chose pour les gens. Le problème est à Bruxelles et si ça ne change pas là bas, ça ne changera pas ici non plus » affirme Véronique.
Joachim a fait le déplacement depuis l’Ariège. Le jeune homme ne se déplacera pas aux urnes le 26 mai prochain pour les échéances européennes.
« Le système de vote actuel n’est pas très humaniste, j’aimerais qu’un parti propose la sortie de l’Europe. Je parle de sortir de l’Europe économique. On ne peut pas négocier les traités. Je ne suis pas contre la libre circulation, au contraire, ça c’est émancipateur. »
À ses côtés, Jean s’interroge sur l’avenir de la mobilisation :
« Ça pourrait s’essouffler mais à la prochaine bombe, à la prochaine réforme, les gens seront là. Je ne pense pas que les gens vont se lasser.»
En attendant, la mobilisation du samedi a regroupé plusieurs milliers de manifestants des quatre coins de l’Hexagone dans les rues toulousaines.
Avec Léane Burtier
Photo Une: Marie Toulgoat