La grogne monte dans les lycées. Les réformes du gouvernement font grincer des dents chez les enseignants, qui s’inquiètent des conditions dans lesquelles ils pourront accompagner les élèves à l’avenir. Aux Arènes, plusieurs professeurs principaux ont démissionné début février de leur fonction afin d’exprimer leur colère.

« Certains élèves me parlent de césure, de prendre une année sabbatique pour réfléchir. Ça commence à devenir grave si on a besoin de s’arrêter pour faire un point à 17 ans. C’est inquiétant. » Professeur d’arts plastiques au lycée des Arènes, Bernard Rousseau est désemparé devant les réformes engagées par le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. Terminées les habituelles séries S, ES et L, place à des spécialités ! Les élèves devront en choisir trois en première, puis deux en terminale. Parmi ces spécialités : arts, biologie-écologie, mathématiques, physique-chimie ou encore sciences de la vie et de la Terre.

« Sous prétexte d’offrir une palette de choix très ouverte, on isole structurellement l’élève dans son apprentissage. On individualise encore plus, on isole les élèves. Forcément ça stresse, c’est anxiogène », déplore l’enseignant.

Cette révision des filières est donc loin de faire l’unanimité. Les enseignants toulousains ont multiplié les actions ces dernières semaines : pétitions, mouvements de grève, occupations des lycées… Plusieurs professeurs principaux ont également démissionné de leur fonction, aux Arènes mais aussi aux lycées Berthelot ou Déodat de Séverac. Ce n’est pas le cas de Bernard Rousseau, mais il partage le désarroi de ses collègues : « On envisage 54 heures par an pour accompagner les élèves dans leur orientation. Simplement, ces 54 heures ne sont nullement fléchées en termes de besoins et on ne les voit pas dans la dotation globale horaire. Comment fait-on ? C’est tout un ensemble de mesures qui n’ont pas été suffisamment structurées en amont pour pouvoir être mises en place dès la rentrée prochaine avec les moyens alloués ».

 

« J’ai toujours eu le sentiment que nous étions sur la sellette »

Dans ce contexte, la question des classes surchargées revient inlassablement. Il n’est pas rare de voir aujourd’hui des classes de 35 élèves, voire plus… Un problème majeur pour le suivi des lycéens et la qualité de l’enseignement dispensé.

« On commence à mesurer aujourd’hui les impacts probables de cette réforme, et pas seulement sur la rentrée prochaine. Si on se projette sur les deux ou trois prochaines années, on va rencontrer des difficultés majeures avec la réduction du nombre de postes », explique Bernard Rousseau.

Professeur au lycée des Arènes depuis 20 ans, ce dernier ne cache pas ses doutes quant à son avenir : « Je commence à prévoir d’autres missions dans d’autres domaines. Je me rends compte qu’il y a des chances que d’ici deux ou trois ans, avec les effets mécaniques de la réforme, je perde mon poste au lycée. Donc je ne vais pas attendre de me trouver face au mur pour commencer à envisager des portes de sortie. Depuis que je suis enseignant, j’ai toujours eu le sentiment que nous étions sur la sellette, que nous étions toujours en danger d’une manière ou d’une autre, que ce soit sur nos heures, nos conditions d’enseignement ou notre statut ».

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