« Crèches mortes », est une journée de mobilisation organisée ce lundi 3 février. Cette manifestation s’oppose à un projet de décret visant à renforcer l’encadrement des crèches privées à but lucratif. Ce mouvement a été initié par la Fédération Françaises des Entreprises de Crèches (FFEC) et la Fédération des services à la personne de proximité (Fedesap).
Entre protection des enfants et manque de personnel, l’équilibre est difficile à trouver. Dernièrement, de nombreuses polémiques et catastrophes mettent le sujet de la protection et de l’encadrement des enfants sur le devant de la scène. Ce nouveau texte se veut plus protecteur des enfants et nourrissons, et vise alors à améliorer la qualité d’accueil au sein des crèches privées. Héloïse, aide auxiliaire de puériculture depuis 5 ans, dénonce un manque de personnel au sein de la crèche privée People and Baby dans laquelle elle a travaillé pendant deux ans. Elle avoue qu’elle considère son passage dans cette crèche privée comme une mauvaise expérience : « Tu es tout juste payée, tu n’as pas de prime, pas de chèque vacances ni cadeau, aucun avantage. » Maintenant, c’est la mairie de Toulouse son employeur, elle a tiré un trait sur ses expériences passées dans le privé. C’est après l’accident d’un enfant, une dépression et un burn-out qu’elle choisit de changer de structure.
Victor Castanet, a sorti en septembre dernier 2024 son livre Les Ogres, qui dénonce certaines méthodes employées par des crèches privées. Il enquête et révèle plusieurs cas de maltraitances. La raison ? Générer du profit au détriment de la santé des bébés.
Un projet de décret peu conscient de la réalité du terrain
L’opération « crèches mortes » porte bien son nom. Le projet de décret qui en est à l’origine prévoit de remplacer dès l’année prochaine, jusqu’à 40 % des effectifs titulaires d’un CAP petite enfance, par des diplômés d’État (auxiliaire de puériculture ou éducateur jeunes enfants). Ainsi, de nombreux établissements sont menacés de fermeture par manque de personnel. Cette problématique n’est pas toute récente, depuis plusieurs années déjà les directeur.ices de crèche travaillent dans des établissements en tension.
Sandie Cauquil, directrice de la crèche le Nid des Cigogneaux à Toulouse, semble inquiète de la situation de sa crèche, mais elle n’a pas participé pas au mouvement « crèches mortes ». « Depuis le Covid, on a des difficultés pour recruter du personnel. Il y a un poste que l’on n’arrivait pas à pourvoir, on a donc dû baisser nos capacités d’accueil pour ne pas pénaliser les familles déjà accueillies. »
Les crèches toulousaines déjà mortes ?
En réalité, peu de crèches toulousaines se sont mobilisées en ce 3 février, et quelques-unes n’ont pas eu connaissance de cette journée de manifestation. Sur une petite vingtaine d’établissements, seulement deux ont pris la peine de montrer leur soutien à l’opération « crèches mortes ». Brassard noir autour du bras ou panneau affiché dans la cour, ce sont les seuls moyens d’actions entrepris dans la ville rose. Le choix de ne pas fermer la crèche des Vitarelles 1 a été fait : « On soutient les mouvements tout le temps, mais on ne fait grève que très rarement. Nous sommes une structure associative au service des parents ». La Fedesap relaie la pétition : « Je soutiens ma crèche ! », un autre moyen d’action, ou une alternative à la fermeture des établissements.