Toulouse ressemblera-t-elle dans les prochaines années à ses voisines européennes Amsterdam ou Copenhague, paradis des cyclistes? Le 31 janvier dernier, l’association de cyclistes et piétons « 2 Pieds 2 Roues » a remis à Tisséo Collectivités un plan d’aménagements cyclables. Ambitieux avec un budget de 400 millions d’euros, cette étude pose avant tout la redistribution de l’espace public entre véhicules motorisés et cyclistes. 

Les bénévoles de l’association « 2 Pieds 2 Roues » (2P2R) n’ont pas lésiné sur les moyens. 385 kilomètres de Réseau express vélo et 692 kilomètres d’axes structurants traversant toute l’agglomération toulousaine. Voici les propositions inscrites dans le plan d’aménagements cyclables remis le 31 janvier à Tisséo Collectivités.

L’ensemble des axes structurants cyclables imaginés par les bénévoles de 2 Pieds 2 Roues./ Photo: 2p2r.org.

Un plan ambitieux chiffré à 400 millions d’euros sur 10 ans, mais indispensable selon Guillaume Crouau, président de 2P2R. « Aujourd’hui on constate à travers l’opération « Allons-y à vélo » une évolution positive du nombre de cyclistes qui se rendent sur leur lieu de travail. Mais on a aussi beaucoup de retours négatifs car l’agglomération toulousaine ne possède pas suffisamment d’aménagements cyclables ».

Les cyclistes toulousains avaient d’ailleurs exprimé leur insatisfaction quant à la qualité de ces aménagements à travers le baromètre des villes cyclables en 2018 réalisé par la Fédération Française des usagers de la Bicyclette. En queue de peloton, Toulouse se classe 8ème sur les 11 grandes métropoles de l’Hexagone. « Le problème actuellement, c’est la discontinuité cyclable. On peut avoir de très bons aménagements sur 500 mètres, puis cela s’arrête. La cyclabilité est donc imparfaite pour la sécurité des cyclistes », ajoute Guillaume Crouau.

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Aux grands maux, les grands remèdes, le plan d’aménagements cyclables proposé par 2P2R met l’accent sur une redistribution de l’espace public entre véhicules motorisés, cyclistes, piétons et transports en commun. Une initiative qui devra, pour Guillaume Crouau, passer par un changement du plan de circulation. « Cela peut consister à transformer une double voie motorisée en sens unique, supprimer des files entières de stationnement, ou encore passer de 2×2 voies en 2×1 voie ».

Une politique de la voiture encore au premier plan

Les propositions de « 2 Pieds 2 Roues » sont maintenant entre les mains de Tisséo Collectivités. De nature consultative, elles doivent permettre à l’autorité en charge des mobilités dans l’agglomération toulousaine de dessiner un plan d’aménagements urbains (PDU) d’ici fin 2019.

« On va voir ce qu’ils vont faire de nos demandes », confie Guillaume Crouau. « Mais pour l’heure, la diminution du trafic routier ne fait pas partie de la politique actuelle ».

En cause selon le président de 2P2R, le Projet d’aménagement routier métropolitain (PARM) adopté le 14 février dernier par Toulouse Métropole. Il prévoit un plan d’investissement de 1,8 milliard d’euros jusqu’en 2040 afin d’améliorer le trafic et garantir la sécurité des usagers.

«Le temps passé dans les bouchons est un facteur déterminant de changement de mode de transport. Mais si on cherche tout le temps à fluidifier la circulation, le vélo ne peut pas devenir concurrentiel ».

L’association toulousaine a également attaqué en justice le PDU voté en février 2018 qui prévoit, entre autres, la réalisation de la troisième ligne de métro, un téléphérique urbain sud, dix lignes Linéo et la mise en service d’un nouveau mode de transport vers l’aéroport. Les bénévoles de 2P2R attendent maintenant la délibération du tribunal administratif de Toulouse. Pour Guillaume Crouau, ce PDU est illégal et néfaste pour l’environnement.

« Ce plan va participer à accroître le trafic routier, donc augmenter la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre. Au final, la qualité de vie et la santé des Toulousain seront encore affectées ».