Le 8 novembre 2016, Donald Trump est élu président des Etats-Unis d’Amérique avec un programme qui pourrait effrayer plus d’un·e écologiste. Dans sa liste de réformes, des mesures environnementales pouvant remettre en cause l’avenir de notre planète. Deux ans plus tard, alors que l’homme multiplie les tweets fracassants sur l’environnement, qu’en est-il réellement ?
Le 22 septembre 2018, les militant·e·s de GreenPeace Toulouse organisent une action dans la fontaine de la Place Wilson. Leur objectif est de dénoncer la volonté de la multinationale Total de forer au large du Brésil et de la Guyane française au détriment de la faune et la flore locale. Ce projet n’est pas sans rappeler celui du Dakota Access Pipeline, situé à proximité de la réserve amérindienne de Standing Rock aux Etats-Unis. L’oléoduc, en partie financé par quatre banques françaises, recensées par BankTrack (BNP Paribas, Natixis, Crédit Agricole et Société Générale), menace la qualité des eaux de la région. Pourtant, quelques semaines après sa prise de fonction, Donald Trump autorise la reprise de sa construction, privilégiant les intérêts économiques de grands industriels du pétrole comme Energy Transfer Parterns, à l’origine du projet, au détriment de la protection de l’environnement. Le Président américain voit dans la protection de l’environnement un frein à la croissance économique des Etats-Unis. Selon l’homme d’affaires, « le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les chinois, dans le but de rendre l’industrie américaine non compétitive. ».
The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 novembre 2012
Pendant sa campagne, le candidat républicain surprend une part de l’opinion publique internationale avec un programme climato-sceptique. Mesure phare de sa politique environnementale : favoriser l’exploitation du gaz de schiste et du charbon, ralentie sous la présidence Obama. Sources de revenus pour les Etats-Unis, les énergies fossiles sont les plus polluantes. Pourtant, l’administration Trump n’a eu de cesse de privilégier les industriels de l’or noir. Construction d’oléoduc, autorisation de forages offshore et assouplissement de la réglementation d’émission de méthane sont autant de mesures aux conséquences dévastatrices pour l’environnement que Donald Trump valorisait déjà avant son accès à la Maison blanche.
The shale boom is saving our economy http://t.co/dnZXz1RyIU Good for jobs, national security & trade balance. Frack Now & Frack Fast!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 25 septembre 2013
Lire aussi dans notre dossier : L’environnement au service de l’économie américaine.
Une diminution des financements de la recherche et le retraits d’accords internationaux sont à noter sous la présidence Trump. Contrairement à ce que le candidat démocrate annonçait dans son programme, l’Environmental Protection Agency (EPA), agence fédérale pour l’environnement, n’a pas été supprimée. Néanmoins, l’administration Trump en a sérieusement réduit le budget. En deux ans, l’agence a perdu plus d’un demi milliards de dollars de financement, soit une réduction de 9.2% de son budget destiné, entre autres, à la recherche en matière d’environnement. De même, la NASA s’est vu retirer une part de financements destinés à appréhender le changement climatique à l’échelle mondiale.
En plus de délaisser la recherche environnementale, dont le bénéfice serait global, Donald Trump a tenu sa promesse concernant le retrait de son pays de l’Accord de Paris sur le climat visant à limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Le 1er juin 2017, il a annoncé le retrait du deuxième plus gros émetteur de gaz à effets de serre de cet accord :
Donald Trump : « J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris. »
Les réactions internationales comme locales n’ont pas tardé, dont celle du maire de Pittsburgh lui-même.
As the Mayor of Pittsburgh, I can assure you that we will follow the guidelines of the Paris Agreement for our people, our economy & future. https://t.co/3znXGTcd8C
— bill peduto (@billpeduto) 1 juin 2017
David Cutler et Francesca Dominici, scientifiques de l’université d’Harvard ont fait les comptes dans une enquête publiée par Jama Forum en juin 2018. Ils estiment que les politiques de l’EPA sous la résidence Trump causeront 80 000 morts par décennies à venir aux Etats-Unis.
Augmentation du nombre de séismes, épuisement des nappes phréatiques et réchauffement climatique sont les conséquences prévisibles de l’exploitation du gaz de schiste américain. Conséquences planétaires puisque dérèglement climatique et hausse du niveau de la mer sont étroitement liés. Sur le littoral français notamment, les retombées écologiques des politiques Trump pourraient aggraver la situation de villes comme Arcachon, Lacanau ou La Rochelle.
Lire aussi dans notre dossier : La faune et la flore, victimes collatérales de la politique de Donald Trump.
Donald Trump fait face à des oppositions non négligeables. Le 6 novembre dernier, à l’occasion des élections de mi-mandat, Donald Trump a perdu sa majorité républicaine à la chambre des représentant·e·s. Pendant les deux années à venir, une négociation entre les partis risque de ralentir son calendrier législatif et donc ses mesures environnementales. Les états et villes américain·e·s et la société civile mondiale représentent d’autres barrières de taille pour le Président climato-sceptique. Aurore, militante GreenPeace Toulouse affirme :
« Il s’est instauré une sorte de dynamique pour venir contrer ce courant-là. »
Depuis la sortie des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, les citoyen·ne·s du monde entier se mobilisent afin d’agir indépendamment de la politique environnementale de Trump qui, depuis son arrivée à la Maison Blanche, a annulé ou engagé l’annulation de 76 lois et réglementations environnementales.