« Je suis entrée à la poste en 1983. En tant que fonctionnaire, j’ai prêté serment et j’ai commencé à travailler à Paris comme conseiller financier. Et puis en 1993, j’ai été nommé dans le Comminges. En 19 ans de fonction, mes conditions de travail ont beaucoup évolué. Dans les années 2000, on a commencé à parler de rentabilité. Moi je suis fonctionnaire pour assumer un service et donner à la minorité la possibilité d’exister.
Cet état d’esprit, il a changé. En 2008, on m’a mis au placard parce que je ne remplissais pas les objectifs de rentabilité de ma fonction. J’ai été rétrogradé et sur les primes que je pouvais percevoir, j’ai perdu à peu près 500€ par mois. On m’a placé en tant que guichetier remplaçant dans l’équipe des agents roulants pour répondre aux besoins de personnel dans les bureaux en fonction de leur potentiel de rentabilité.
Depuis janvier, je suis guichetier à Montréjeau mais j’ai gardé mon salaire de conseiller financier, c’est-à- dire que je gagne entre 2000 et 2500 € par mois pour un 35 heures. Le problème, c’est qu’il s’agit d’horaires collectifs qui correspondent au temps passé à faire chaque opération. Selon la Poste, le passage d’un usager au guichet prend 15 secondes par exemple. Mais vous voyez bien qu’en pratique, ça ne se passe jamais comme ça. »