L’université du Mirail est actuellement en lutte contre un projet de fusion concernant plusieurs universités toulousaines. A cela est venu s’ajouter, cette semaine, le plan étudiant présenté par Mme Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Cela fait maintenant un an que personnels et étudiants de l’université Jean Jaurès de Toulouse sont mobilisés contre le projet de fusion qui plane au-dessus de leur tête. Un projet qui consisterait à rassembler les universités Jean Jaurès et Paul Sabatier ainsi que deux écoles d’ingénieurs (l’Insa et l’Institut national de polytechniques) en un seul et même établissement d’une taille impressionnante d’environ 70.000 étudiants.
Si de son côté, l’Université fédérale déclare, dans La Dépêche, que « ça ne changera les choses que de façon marginale pour les étudiants », la plupart des syndicats étudiants s’opposent à ce projet. Dans un communiqué diffusé le 4 décembre dernier, ces derniers dénoncent « une perte de l’autonomie décisionnelle » de l’université, voire l’instauration d’une « hausse des frais de scolarité » pour les étudiants toulousains ainsi qu’une « sélection à l’entrée de toutes les filières ».
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Cette « Université de Toulouse » serait dotée d’un Conseil d’administration de 30 membres, dont treize personnalités extérieures. Les opposants y voient la possibilité de voir des intérêts privés prendre en charge la destinée de leur université, qui cesserait d’être un service public. Une possible privatisation du savoir et de la recherche universitaire dont s’offusquent les opposants au projet. Au-delà de cela, l’objectif de cette fusion serait de reconquérir le label « d’initiative d’excellence » (Idex), perdu en 2016 par les universités toulousaines. Un label censé ouvrir la voie à d’importantes subventions (de l’ordre de 25 millions d’euros par an) afin de construire des universités compétitives à l’échelle européenne ou mondiale.
« Une fusion entre deux luttes »
C’est ainsi qu’Yvan Chaubet, membre du syndicat SUD Education, a qualifié la mobilisation lancée depuis le mois de décembre 2017. Une fusion qui concerne la convergence des étudiants et des personnels, qui luttent côte à côte depuis que le président de l’université Jean Jaurès, M. Daniel Lacroix, a décidé de revenir sur sa promesse de campagne de ne pas engager son université dans le processus de fusion.
Les 6 et 7 décembre derniers, personnels et étudiants ont ainsi été appelés à se prononcer sur le projet. Résultat : 63% de rejet pour les premiers et… 94% chez les seconds ! Malgré cela, M. Lacroix lance le projet cinq jours plus tard. Lors du Conseil d’administration du 12 décembre, avec 17 voix pour et 17 contre, le président, qui a voté « oui », engage le projet car sa voix est prépondérante. Un Conseil d’administration qui fait aujourd’hui l’objet d’un recours en annulation du fait de la présence de personnes extérieures et d’un vote qui ne s’est pas tenu à bulletin secret.
Une décision qui ne passe pas, de la part de celui qui a été élu au sein d’une liste opposée à la fusion. Un sentiment de trahison gagne personnels et enseignants qui votent dès le lendemain la grève et demandent le retrait pur et simple du projet ainsi que la démission de M. Lacroix. Aujourd’hui, cette démission est devenue un préalable à la fin du mouvement pour les syndicats, qui l’accusent d’être le premier responsable du blocage. « S’il veut partir avec sa dignité, il faut qu’il parte maintenant », déclare Hervé Petit, de FSU. Une situation qui a abouti à une grève des personnels et étudiants, ainsi qu’à une journée d’action, ce jeudi 1er février.
Avec Florian Cauquil