Cet été, la mairie de Toulouse a refusé le déménagement de Sciences Po Toulouse dans le nouveau bâtiment prévu quai Saint-Pierre. Indignés par la situation de leur établissement, des élèves de l’IEP s’expriment aujourd’hui au travers d’une pétition photo placardée sur les murs de Sciences Po. L’association Art&Fact est à l’origine de l’initiative. « Univers-Cités » a rencontré son président, Mathurin Laurin.

« Univers-Cités » : D’où vient l’idée de la pétition photo ?
Mathurin : On suit depuis longtemps les travaux du photographe JR et cela faisait un an qu’on cherchait un moyen d’adapter, entre guillemets, son mode d’expression pour l’un de nos projets. On n’a pas trop entendu les IEPiens sur le non-déménagement de l’IEP et c’est à la rentrée des associations qu’Art&Fact s’est proposée pour porter certaines voix des étudiants.

Quelle est l’origine des slogans qui apparaissent sur les photos ?
Les slogans sont ceux des étudiants. Lors des deux séances photos de septembre, on leur avait mis à disposition de quoi exprimer leur créativité. Certains étudiants ont repris les bonnes blagues, ce qui explique la récurrence de certains slogans. Après, il faut plus y voir un bon mot, une manière détournée d’attirer un sourire, plutôt que d’interpréter ces phrases comme des slogans vindicatifs. De Kaamelott à Trierweiler, l’imagination IEPienne ratisse large.
Mathurin Laurin président d'Art&Fact

Peut-on s’attendre, selon toi, à d’autres mobilisations de la part des élèves ? Et est-ce que la direction aurait envie de plus impliquer les élèves ?
Depuis quelques années, les restrictions de salles, d’emploi du temps, de gestion des locaux gênent la bonne marche des associations, de certains cours etc. Petit à petit, à force de buter sur la contingence, ou les esprits s’échaufferont, ou bien la vie en viendra à s’essouffler. Nous avons peu de contacts avec l’administration, si ce n’est pour des autorisations d’affichage etc. Ce sont les premiers gênés par des conditions de travail qui s’affaiblissent. Mais toute implication des étudiants requiert des explications claires et détaillées des événements et des perspectives de relogements de la part de la direction.

La Manufacture des Tabacs, destination finale pour l’IEP ?

La décision de la nouvelle municipalité et du maire Jean-Luc Moudenc de refuser le projet d’aménagement de nouveaux locaux quai Saint-Pierre a abouti à annuler le déménagement de l’IEP prévu à la rentrée 2016. Une décision en partie « incompréhensible » selon Philippe Raimbault, directeur de Sciences Po Toulouse. La mairie et l’université ont en fait conclu un arrangement au détriment de l’IEP. Le bâtiment quai Saint Pierre détenu par Toulouse Métropole sera revendu. La moitié du prix de vente reviendra à l’UT1 qui devrait utiliser les fonds pour s’agrandir sur le parking de la cité administrative.
A la suite de ces péripéties, Sciences Po devrait trouver refuge à la Manufacture des Tabacs. « Au regard de ce qui est arrivé, c’est une solution qui devrait permettre le développement de l’IEP dans des lieux qui sont plutôt agréables » explique Philippe Raimbault. Trois bâtiments seront alloués pour mille mètres carrés de plus que le « projet Saint Pierre ». « L’idée est maintenant de préciser le projet, et d’obtenir des garanties écrites en janvier 2015 » détaille Philippe Raimbault.
Ce plan devrait aboutir à la rentrée 2017 en fonction des travaux de construction des nouveaux locaux de la TSE qui occupe actuellement la Manufacture des Tabacs. « Si les travaux reprennent au moment prévu le calendrier est réaliste. Après on n’est jamais sûr que tout se passe bien à 100% » note le directeur de l’IEP, bien placé pour savoir que rien n’est acquis. « Je serais serein une fois qu’on aura des garanties écrites, juridiques et financières. J’espère quand même qu’il n’est pas possible de connaître ce qu’on a vécu une deuxième fois » conclut-il.