La colère contre le projet de fusion et le plan Vidal est montée d’un cran ce jeudi 1er février, à Toulouse. Personnels et étudiants ont bloqué l’université Jean Jaurès, avant de manifester dans les rues du centre-ville. Le début d’un mouvement étudiant de masse ?
Après avoir interrompu – partiellement – la grève le temps des vacances et des partiels, les manifestants ont décidé de relancer le mouvement depuis un semaine. Il faut dire qu’au projet de fusion vient désormais s’ajouter à la contestation le plan étudiant présenté par la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un projet de loi qui, en demandant certains « prérequis » à l’entrée en licence, instaurerait, selon de nombreux syndicats, une forme de sélection à l’entrée à l’université.
Appelée par plusieurs syndicats, une journée d’action nationale a donc été organisée, ce jeudi, pour protester contre cette réforme, jugée contraire à l’idée d’une université « à la française », c’est-à-dire ouverte à tous. A cette occasion, le 1er février, plusieurs actions ont été menées à Toulouse et plus particulièrement sur le campus du Mirail. Dès six heures le matin, 200 étudiants et personnels ont bloqué la Fac dans l’objectif de se faire entendre, mais également d’informer le plus grand nombre. Un blocage qui reste loin de faire l’unanimité auprès des étudiants, certains reprochant aux manifestants leurs modes d’action. L’Assemblée générale organisée en fin de matinée a ainsi été la plus importante depuis le début du mouvement, avec plus de 1.000 personnes présentes.
Dans la foulée, entre 1.200 et 2.500 grévistes ont manifesté en centre-ville afin de protester à la fois contre le projet de fusion et contre la réforme de l’université. Partis de Jean Jaurès, ils ont rejoint l’Université fédérale, située au Grand-rond, où ils sont resté près d’une heure, au son des slogans et de la batucada étudiante, venue pour l’occasion. Un cortège festif qui s’est poursuivi le long d’un itinéraire imprévu jusqu’aux abords du canal du midi, avant de se disperser sans incidents.
Le mouvement est lancé
Margot, étudiante en philosophie, syndiquée à Solidaires Etudiant.e.s est très enthousiaste quant au bilan du jour. « Cette journée de blocage et de manifestation a été une vraie réussite au niveau du Mirail. […] C’est vraiment énorme ce qu’il est en train de se passer au Mirail. Si on est dans une telle dynamique, avec une solidarité très forte entre étudiants et personnels qui ont été à l’avant garde du mouvement, c’est aussi parce qu’aujourd’hui, et depuis maintenant un an, on mène aussi une lutte contre la fusion des universités toulousaines. Avec les forces qu’on a, on peut être confiant dans notre capacité à battre en brèche Lacroix et son projet. »
Un mouvement qui semble vouloir devenir national au vu des multiples rassemblements et blocages conduits en ce 1er février, comme sur le campus de Rennes II ou encore dans plusieurs universités et lycées parisiens. A Toulouse, étudiants et personnels sont déterminés à poursuivre leur action jusqu’à obtenir satisfaction.
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Margot poursuit : « Pour ce qui est du plan étudiant, c’est une lutte plus dure qui s’annonce puisque Macron et son gouvernement sont depuis la rentrée déterminés à casser nos acquis, à précariser encore davantage les plus précaires au profit des classes dominantes, et globalement à mettre en place leur programme néo-libéral. Mais là, ils sont en train de jouer avec le feu. On est à cinquante ans pile de l’énorme révolte étudiante et ouvrière de mai 68 ! En tout cas, si le Mirail est une des universités les plus mobilisées pour le moment, la fusion et le plan étudiant sont les facettes d’une même pièce, et pour contrer les attaques du gouvernement, c’est une solidarité et une dynamique nationale qui doivent se créer. A Toulouse il faut qu’on réussisse à entraîner avec nous, avec une alliance entre étudiants et travailleurs de l’université, mais aussi du secondaire.. et pourquoi pas d’autres secteurs ! Il va aussi falloir penser à un plan de bataille sérieux, car ce n’est pas en multipliant les dates pour chaque partie de l’éducation, qu’elle soit du secondaire ou du supérieur, qu’on va pouvoir gagner. On lutte contre les mêmes attaques, alors c’est ensemble qu’il faudra se mettre en grève et aller dans la rue. »
L’Assemblée générale de jeudi a décidé de suivre la journée d’action de l’éducation nationale, mardi 6 février. Le blocage de l’université Jean Jaurès a de nouveau été acté pour la journée. Une université qui semble vouée à jouer un rôle précurseur dans le mouvement qui s’engage.
Avec Florian Cauquil