5 novembre 2017, Saint-Etienne, stade Geoffroy-Guichard. La rencontre oppose l’Olympique Lyonnais à l’AS Saint-Etienne. Au bout de quelques minutes de ce derby, une fumigène lancée des tribunes fait interrompre le match. D’autres altercations terniront l’image du match.

L’OL s’imposera 5 buts à 0, mais toute la presse et le monde du football décriront ce match comme le « pire depuis longtemps ». Peu de matchs de football dégénèrent autant que le dernier derby AS Saint-Etienne-OL. La plupart du temps, ces échauffourées sont dues à la rivalité presque ancestrale que se vouent les supporters des deux clubs.

Parmi eux, les ultras. Ils suivent leur équipe à travers la France entière quitte à partir pendant plusieurs jours. A côté, d’autres clubs de supporters existent, dans une ambiance plus relâchée. Lorsque deux équipes se rencontrent, les ultras redoublent d’énergie pour gagner le « match de l’ambiance » : ils déploient des banderoles, chantent, font du bruit… dans une ambiance bon enfant.

Des débordements violents mais rares

Le risque zéro n’existe pas : sans le geste discutable du joueur de l’OL Fékir exhibant son maillot face aux ultras stéphanois après le 5ème but, la pelouse n’aurait peut-être pas été envahie. Jusqu’où peuvent aller les supporters pendant un match ? « Assez loin » juge Christophe, le vice-président du Visca Tolosa, un groupe de supporters du Toulouse Football Club. « Les supporters lambdas ne vont pas toujours envahir le terrain – à part parfois pour manifester leur joie à la fin d’un match » précise-t-il.

« Un ultra soutient son équipe jusqu’au bout. Notre comportement dans les tribunes doit pousser les joueurs à se dépasser » dit de son côté Louis*, un ultra d’un club français joint par téléphone.

L’irruption des supporters lors du match ASSE-OL sur le terrain a entraîné le déploiement des CRS, ajoutant au vacarme. « Il y a des définitions différentes de la ferveur en fonction des groupes » précise le vice-président du Visca Tolosa, avant d’ajouter « ce genre de débordement est totalement incompréhensible pour nous, groupe tranquille de supporters ». Peu de matchs sont pourtant interrompus par des débordements : on en compte moins d’une dizaine en Ligue 1 et Ligue 2 pour l’année 2017. Pour Christophe, c’est une différence d’éducation qui est responsable : « la culture ultra a une certaine tendance à envahir la pelouse. Pour moi, la pelouse est un endroit qui se respecte pendant le match ».

Une attitude surmédiatisée ?

Pour autant, ces problèmes détruisent-ils l’ambiance dans les matchs ? Non, selon le vice-président du Visca Tolosa. « J’y vais toujours avec mes enfants. Il n’y a pas de gros débordements au TFC à Toulouse. Ces actions sont surmédiatisées, car elles sont impressionnantes, mais on reste tous des supporters qui viennent pour le football ». Les derbys restent les matchs les plus virulents, autant sur les terrains que dans les tribunes, mais la discipline des supporters et la volonté de faire corps avec leur équipe contiennent la plupart des débordements. Des faits qui dérapent parfois, mais toujours condamnés par tous.

*Le prénom a été changé.