Une lampe médicale dans un asile désaffecté. Un lierre envahissant une véranda. Un château esseulé dans une plaine. Voilà l’univers d’Ilan Benattar, photographe originaire de Pau qui fait partager ses nombreux voyages dans l’espace et le temps. Nous l’avons rencontré à la galerie Yellow Korner à Toulouse.
Univers-Cité : Vous êtes photographe et vous pratiquez l’urbex, comment définiriez vous cette activité ?
Ilan Benattar : Simplement la contraction d’Urban exploration. C’est assez vague, ça comprend l’exploration de lieux abandonnés ou les personnes qui visitent les catacombes, les égouts, les toits d’immeubles. En fait il y a beaucoup de catégories, la mienne est l’architecture abandonnée.
U.-C. : Quel a été votre parcours ?
IB : J’ai commencé très jeune, j’ai fait beaucoup de photo avec des appareils jetables, ce qui est resté longtemps ma passion. Avec l’arrivé du numérique j’ai voulu perfectionner mon travail. Enfin les réseaux sociaux m’ont donné envie de partager ce travail.
U.-C. : Justement par rapport au numérique, quelle est votre philosophie sur les retouches par logiciel ? Et pendant les explorations, est-ce que vous mettez en scène les lieux ?
IB : Ça dépend des positions. Je préfère montrer au maximum le lieu tel qu’il m’apparait, donc je fais peu de mise en scène, à titre personnel. Si je trouve un sac poubelle, je l’enlève du cadre parce que ce n’est pas très photogénique, mais je laisse les objets dans les pièces où je les trouve.
Pour les retouches, avec l’ordinateur, chacun son parti pris. Il y a des grands photographes que j’adore qui retouchent beaucoup, ce n’est pas une critique. Mais j’ai peur de montrer autre chose que ce que j’ai vu. J’aime la lumière de ces lieux, j’essaye de la modifier le moins possible.
U.-C. : Qu’est-ce qui permet de faire des photographies habitées lorsque que les sujets sont des ruines, sans personne dedans ?
IB : Les lieux parlent d’eux-mêmes. Ils ont une histoire, ils ont une vocation : cinéma, théâtre, hôpital. Leur deuxième vie est l’abandon. On essaye de montrer une atmosphère par la technique photographique, mais on ressent aussi une force par les objets présents, comme le fauteuil roulant d’un hôpital abandonné.
U.-C. : Comment s’organise une expédition ?
IB : Il y a beaucoup d’explorateurs, de photographe différents. Pour moi la préparation se fait à l’avance, avec énormément de recherches sur le terrain. C’est difficile d’entrer dans les lieux, c’est peut être encore plus difficile de les trouver. J’ai aussi une éthique de travail : ne rien déranger, ne rien dégrader. Laisser la nature reprendre ses droits. Voilà pourquoi les lieux de l’urbex sont peu partagés : plus il y a de monde, plus le risque d’endommagement est fort.
>> À ÉCOUTER : la description de la photographie (ci-dessus) par Ilan Benattar
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crédit photo : Ilan Benattar